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Les forces kurdes soutenues par les Etats-Unis en Syrie ont repris mercredi le contrôle total d'une grande prison attaquée par le groupe Etat islamique (EI), mettant fin au plus important assaut jihadiste dans le pays en trois ans.
Les combats qui ont suivi l'assaut lancé le 20 janvier pour libérer des jihadistes de la prison à Hassaké (nord-est) contrôlée par les forces kurdes, ont fait 181 morts -124 jihadistes, 50 combattants kurdes et sept civils-, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Ils ont également poussé à la fuite par un temps glacial environ 45.000 personnes qui vivaient dans les secteurs proches de la prison de Ghwayran, d'après l'ONU.
La reprise du "contrôle total" de la prison a eu lieu après la reddition de tous les jihadistes qui y étaient retranchés, a indiqué Farhad Shami, porte-parole des Forces démocratiques syriennes (FDS) dominées par les Kurdes et fer de lance de la lutte anti-EI en Syrie, pays en guerre depuis 2011.
L'OSDH a confirmé la prise de la prison par les forces kurdes mais souligné que celles-ci continuaient de la ratisser.
Plus d'une centaine de jihadistes dans et hors de la prison ont participé à l'assaut coordonné lancé le 20 janvier contre le centre de détention.
Des prisonniers, qui se sont mutinés contre les gardiens et servis dans une armurerie, ont participé aux combats au côté d'assaillants qui ont réussi à s'infiltrer dans la prison.
Il s'agit de la plus importante attaque lancée par l'EI depuis sa défaite territoriale en Syrie en 2019 face aux forces kurdes. Camions piégés et des armes lourdes ont été utilisés dans l'assaut.
- "Problème international" -
Les FDS ont été aidées par des soldats américains de la coalition internationale antijihadistes dirigée par Washington dans leur opération pour reprendre le contrôle de la prison.
Selon l'OSDH, un nombre indéterminé de jihadistes sont parvenus à s'échapper depuis jeudi.
Et plus de 1.000 jihadistes, qui étaient détenus ou qui s'étaient infiltrés pendant l'assaut dans la prison, se sont rendus aux forces kurdes depuis le 20 janvier, d'après les FDS et l'OSDH.
La prison abritait au moins 3.500 jihadistes de différentes nationalités, avait indiqué l'OSDH.
L'ONU et des organisations de défense des droits humains ont fait également état de centaines de mineurs enfermés dans cette ancienne école reconvertie en centre de détention. On ignorait dans l'immédiat le sort de ces mineurs.
Les forces kurdes avaient dû "reporter (leur attaque contre la prison) en raison de la présence de mineurs et pour éviter un maximum de pertes humaines", avait assuré un haut responsable kurde.
Mercredi, l'administration autonome kurde qui contrôle de vastes régions du nord et nord-est syrien a renouvelé auprès de la communauté internationale son appel à l'aide, craignant que l'EI ne se renforce en recrutant de nouveaux combattants.
"C'est un problème international que nous ne pouvons régler seuls", a dit à l'AFP Abdel Karim Omar, haut responsable local.
- Appels à l'aide -
Malgré les appels répétés des Kurdes, la plupart des pays occidentaux refusent de rapatrier leurs citoyens qui se trouvent dans les prisons et camps, se contentant de rapatriements au compte-goutte.
"Nous avons vaincu l'EI territorialement, sans éliminer l'idéologie terroriste", a estimé M. Omar.
Des experts voient dans cette attaque contre la prison une nouvelle étape vers la résurgence de l'EI, qui s'est repliée dans le désert syrien après sa défaite territoriale en Syrie en 2019 et en Irak, pays voisin, en 2017.
"A moins que la communauté internationale ne fournisse une aide suffisante, y compris économique un nouveau contrôle de l'EI sur cette zone n'est pas à exclure", a averti M. Omar.
Déclenchée en mars 2011 par la répression de manifestations prodémocratie, la guerre en Syrie s'est complexifiée au fil des ans avec l'implication de puissances régionales et internationales et la montée en puissance des jihadistes.
Le conflit a fait environ 500.000 morts, dévasté les infrastructures du pays et déplacé des millions de personnes.
S.Rocha--TFWP