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L'ONU a "besoin de couloirs sûrs pour fournir de l'aide humanitaire dans les zones d'hostilités" en Ukraine, a déclaré lundi au Conseil de sécurité le secrétaire général adjoint des Nations unies pour les Affaires humanitaires, Martin Griffiths.
"Les civils dans des endroits comme Marioupol, Kharkiv, Melitopol et ailleurs ont désespérément besoin d'aide, en particulier de fournitures médicales vitales", a-t-il ajouté lors d'une réunion publique d'urgence du Conseil sur la crise humanitaire en Ukraine, qui a duré deux heures trente et a été parfois marquée par des échanges très tendus, voire des insultes, entre ambassadeurs russe et ukrainien.
Une session à huis clos a suivi pendant une heure, réclamée par la France et le Mexique qui ont indiqué continuer à préparer un projet de résolution pour réclamer une "cessation des hostilités". Mais lors de ces discussions, Moscou, soutenu par Pékin (les deux possédant un droit de veto), a refusé catégoriquement toute mention "politique" non liée à l'aide humanitaire, ont dit à l'AFP des diplomates.
Pour un accès humanitaire sécurisé, "de nombreuses modalités sont possibles, mais cela doit se faire dans le respect des obligations des parties en vertu des lois de la guerre", a précisé Martin Griffiths, sans autre précision. "Les parties doivent veiller en permanence à épargner les civils, les habitations et infrastructures civiles dans leurs opérations militaires", a-t-il aussi déclaré.
"Cela comprend l'autorisation d'un passage sûr pour les civils quittant les zones d'hostilités actives sur une base volontaire, dans la direction de leur choix", a insisté le responsable onusien, alors que quatre des six couloirs humanitaires prévus par Moscou conduisent à la Russie ou au Bélarus.
A ce jour, l'ONU n'a aucune implication dans les "couloirs humanitaires" négociés entre Russie et Ukraine, pour que les civils puissent fuir en sécurité les combats, selon son porte-parole, Stéphane Dujarric.
- "Des enfants meurent" -
L'ONU a aussi "un besoin urgent d'un système de communication constante avec les parties au conflit et d'assurances pour permettre l'acheminement de l'aide humanitaire", a relevé Martin Griffiths. "Un système de notification humanitaire permettra une livraison de l'aide à l'échelle nécessaire", a-t-il estimé.
L'ambassadrice américaine Linda Thomas-Greenfield a quant à elle vivement dénoncé le fait que "des enfants meurent" dans le conflit.
"De jeunes enfants ont également été gravement traumatisés par la violence et la destruction dont ils ont été témoins, au point qu'ils ont cessé de parler. Les blessures physiques et psychologiques de cette guerre seront durables", a prédit la diplomate, jugeant qu'il était "clair que (Vladimir) Poutine (avait) un plan pour brutaliser l'Ukraine".
Répondant à son homologue albanais, Ferit Hoxha, qui a affirmé que "les Russes méritaient mieux que la propagande" développée par Moscou, l'ambassadeur russe à l'ONU Vassily Nebenzia a acquiescé quant au fait qu'il existe actuellement "une guerre de l'information". La liberté d'information n'existe pas vraiment en Occident, où des médias russes "ont été interdits", a-t-il lancé.
L'ambassadeur ukrainien à l'ONU, Sergiy Kyslytsya, a évoqué la présence sur le sol ukrainien "de dizaines de milliers de corps en décomposition dans les champs". "Je parle des corps de soldats russes", a-t-il ajouté, en appelant le Comité international de la Croix-Rouge à établir une "base de données" des militaires russes morts ou prisonniers de guerre.
Pour développer son action, l'ONU a déployé une petite mission à Moscou, qui a eu un "premier entretien technique" au ministère russe de la Défense. L'objectif est de "travailler sur une meilleure coordination civilo-militaire humanitaire qui peut nous permettre d'intensifier" les opérations de l'ONU, a indiqué Martin Griffiths.
Selon un haut responsable des Nations unies, s'exprimant sous couvert d'anonymat, il s'agit aussi d'éviter toute "bavure" et que des convois humanitaires ne soient pas pris pour cible par des attaques russes.
P.Navarro--TFWP