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Au moins trente personnes ont été tuées et 80 blessées lors de la prière du vendredi dans un attentat suicide dans une mosquée chiite de Peshawar, dans le Nord-Ouest du Pakistan, a-t-on appris de sources officielles.
L'explosion est survenue quelques minutes avant le début de la grande prière hebdomadaire dans une mosquée chiite située dans une rue étroite du quartier de Kocha Risaldar, près de l'historique bazar Qissa Khwani.
"Plus de 30 personnes ont été tuées et environ 80 sont blessées. Il s'agissait d'une attaque suicide", a déclaré à l'AFP Muhammad Ali Saif, porte-parole du gouvernement de la province du Khyber Pakhtunkhwa, dont Peshawar est la capitale.
Le chef de la police de Peshawar, Muhammad Ijaz Khan, a indiqué à l'AFP que le bilan pourrait encore s'élever. "Deux assaillants ont tiré sur les policiers à l'entrée principale de la mosquée. Un policier est mort sur le coup et l'autre a été grièvement blessé", a-t-il expliqué.
"J'étais juste en dehors de la mosquée, quand j'ai vu un homme tirer sur deux policiers avant d'entrer dans la mosquée. Quelques secondes plus tard, j'ai entendu un grand bang", a raconté un habitant, Zahid Khan.
Un autre témoin, Ali Asghar, a dit avoir vu un homme "ouvrir le feu avec un pistolet" à l'intérieur de la mosquée, et "tuer les gens un par un et ensuite se faire exploser".
Un journaliste de l'AFP a vu des corps démembrés sur les lieux, pendant que les services de secours et des habitants s'activaient pour venir en aide aux victimes en les transportant sur leurs épaules.
A l'hôpital Lady Reading, ce journaliste a vu des dizaines de blessés être amenés par les secouristes. A l'intérieur de l'hôpital, les brancards étaient ensanglantés et un grand nombre de femmes se précipitaient en pleurs dans les diverses salles à la recherche de proches.
Muhammad Asim Khan, porte-parole de l'hôpital Lady Reading, a confirmé le bilan de 30 morts. "Nous avons déclaré l'urgence dans les hôpitaux et plus de blessés sont amenés", a-t-il décrit.
Le Premier ministre Imran Khan a "fermement condamné" l'attentat, selon l'un de ces porte-parole.
- Le retour en force du TTP -
Peshawar, située à une cinquantaine de kilomètres de la frontière avec l'Afghanistan, avait été ravagée par des attentats quasi quotidiens pendant la première moitié des années 2010, mais la sécurité s'y était grandement améliorée ces dernières années.
La dernière attaque d'une telle ampleur y avait eu lieu en novembre 2018, quand au moins 31 personnes avaient été tuées dans une attaque suicide sur un marché de la ville.
Ces derniers mois, Peshawar avait surtout connu des attaques ciblées visant surtout les forces de sécurité.
Le Pakistan est confronté depuis quelque temps au retour en force du Tehreek-e-Taliban Pakistan (TTP), les talibans pakistanais, galvanisés par l'arrivée au pouvoir des talibans en août en Afghanistan.
Le TTP, un mouvement distinct de celui des nouveaux dirigeants afghans mais qui partage avec lui des racines communes, a revendiqué plusieurs attaques depuis le début de l'année.
L'une des pires atrocités commises par le TTP, qui a durablement marqué la conscience nationale pakistanaise, fut le massacre d'environ 150 personnes, essentiellement des élèves, à Peshawar en décembre 2014.
Une opération militaire lancée par l'armée pakistanaise en 2014 avait permis de chasser le TTP des zones tribales, situées à la frontière avec l'Afghanistan. Mais il s'est redressé à partir de l'été 2020 et a depuis multiplié les attaques au Pakistan, cependant moins meurtrières que par le passé et principalement contre les forces de sécurité.
Les chiites au Pakistan ont aussi par le passé été visés par le groupe Etat islamique. Sa branche régionale, l'État islamique-Khorasan (EI-K), a revendiqué de nombreuses attaques dans le pays ces dernières années, comme l'assassinat au début 2021 de dix mineurs hazaras, ethnie de confession chiite, dans la province du Baloutchistan (Sud-Ouest).
Les chiites Hazaras, minoritaires dans un pays majoritairement sunnite, sont régulièrement victimes d'attentats commis par des islamistes sunnites, qui les considèrent comme hérétiques.
S.Weaver--TFWP