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Le militant indépendantiste corse Yvan Colonna, condamné à la réclusion criminelle à perpétuité pour l'assassinat du préfet Claude Erignac en 1998, se trouvait mercredi entre la vie et la mort après son agression, dans la prison d'Arles, par un codétenu condamné pour terrorisme.
Les faits se sont déroulés dans la matinée au cours d'un "atelier sportif" organisé dans l'établissement, lorsqu'un détenu, pour des raisons encore inconnues, a violemment agressé à mains nues Yvan Colonna, a indiqué à l'AFP une source policière, confirmant une information de BFMTV.
L'agresseur est un "jihadiste" camerounais de 36 ans, Franck Elong Abé qui, interpellé en Afghanistan en 2012 par les Américains avant d'être remis à la France en 2014, purge une peine de neuf ans de prison pour association de malfaiteurs terroriste, ont précisé à l'AFP deux sources proches du dossier.
Ce détenu était libérable en 2023, selon une source syndicale pénitentiaire.
La même source a précisé à l'AFP qu'il s'occupait du ménage de la salle de sport. Yvan Colonna était seul dans la salle, selon cette source, quand le surveillant a ouvert la porte à Franck Elong Abé.
Le militant indépendantiste a été transféré dans l'après-midi de l'hôpital d'Arles vers un hôpital de Marseille.
Selon un de ses avocats, Me Emmanuel Mercinier Pantalacci, il se trouve dans un état de "coma post-anoxique", consécutif à une privation d'oxygène dans le cerveau.
L'état d'Yvan Colonna "est très grave, son pronostic vital est engagé. Pour l'instant, il est en réanimation, il n'est pas mort", a rapporté à l'AFP une source proche de l’enquête.
- "Protection élémentaire" -
Un autre de ses conseils, Me Sylvain Cormier, a jugé "particulièrement ahurissant qu'alors qu’Yvan Colonna est l'un des détenus les plus surveillés de France de par son statut (...) qui l'empêche d'être rapproché de ses proches en Corse, l'administration pénitentiaire se soit révélée incapable d'assurer sa protection élémentaire".
Le ministère de la Justice a annoncé dans un communiqué la saisie de l'inspection générale de la justice "pour faire toute la lumière sur les conditions de cette agression d'une particulière gravité".
Dans un tweet, l'association de défense des prisonniers corses Sulidarita, qui réclame le rapprochement en Corse des détenus originaires de l'île, a interpellé le gouvernement: "la seule question que nous posons à la justice française est celle-ci: +est-ce que leur mort en détention est réellement votre objectif ?+".
Emprisonné à Arles, Yvan Colonna avait présenté plusieurs demandes de rapprochement en Corse, toutes refusées.
La police judiciaire a été saisie de l'enquête pour tentative d'assassinat, selon une source proche de l'enquête.
Aujourd'hui âgé de 61 ans, le berger et militant indépendantiste avait été interpellé en juillet 2003 pour l'assassinat du préfet Claude Erignac en février 1998 à Ajaccio, après quatre ans de cavale dans le maquis corse.
Il a toujours nié les faits.
Le soir du 6 février 1998, Claude Erignac meurt sous les balles d'un tueur dans une rue d'Ajaccio, alors qu'il se rendait à pied au théâtre. Il est atteint de trois projectiles de calibre 9 mm, dont l'un tiré dans la nuque à bout portant.
- Saga judiciaire -
L'assassinat du préfet provoque une onde de choc. Les jours suivants, des dizaines de milliers de Corses expriment leur effroi et leur tristesse lors des plus grandes manifestations jamais organisées à Ajaccio et Bastia.
Un groupe anonyme revendique l'assassinat du préfet le 9 février.
Deux militants nationalistes sont alors interpellés et passeront de longs mois de prison, avant d'être relâchés.
Le 21 mai 1999, quatre hommes sont interpellés et passent aux aveux. Un mandat d'arrêt est lancé contre un cinquième, Yvan Colonna, qui devient l'homme le plus recherché de France après avoir été accusé durant les gardes à vue d'être le tireur.
Huit nationalistes comparaissent en juin et juillet 2003 devant la cour d'assises spéciale de Paris. Quatre d'entre eux mettent Yvan Colonna hors de cause.
Il est toutefois arrêté le 4 juillet 2003 dans une bergerie près du village d'Olmeto (Corse-du-Sud).
Huit ans plus tard et après trois procès, celui qui affirme n'avoir "jamais tué" personne, est condamné le 20 juin 2011 à la réclusion criminelle à perpétuité. La cour motive notamment sa décision par les mises en cause des autres membres du commando et de leurs épouses.
Son pourvoi en cassation est rejeté le 11 juillet 2012, ce qui rend sa condamnation définitive. Il saisit ensuite la Cour européenne des droits de l'Homme qui juge le 8 décembre 2016 irrecevable sa requête pour violation de sa présomption d’innocence.
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F.Carrillo--TFWP