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L'Assemblée générale de l'ONU est appelée à voter mercredi, après deux jours de discours de ses membres, sur un projet de résolution destiné à condamner la Russie pour l'invasion de l'Ukraine et lui demander un retrait "immédiat" de ses troupes.
L'Occident et l'ONU accusent Moscou de violer l'article 2 de la Charte des Nations unies intimant à ses membres de s'abstenir de menace et de recours à la force pour régler une crise. La Russie affirme de son côté exercer son droit à l'auto-défense, prévu par l'article 51 de la Charte.
Pour être adoptée, la résolution pilotée par l'Union européenne en coordination avec Kiev devra obtenir les deux tiers des votes pour et contre exprimés.
Au cours d'une rare "session extraordinaire d'urgence" lundi et mardi, l'Assemblée générale de l'ONU a montré une majorité écrasante de pays dénonçant le comportement de la Russie et réclamant "l'arrêt des combats".
La résolution proposée au vote, inspirée d'un texte rejeté la semaine dernière au Conseil de sécurité de l'ONU en raison d'un veto posé par la Russie qui a scandalisé les Occidentaux, "déplore dans les termes les plus vifs l'agression de la Russie contre l'Ukraine" et affirme "son attachement à la souveraineté, l'indépendance, l'unité et l'intégrité territoriale de l'Ukraine", y compris de "ses eaux territoriales".
Le texte "exige que la Russie cesse immédiatement de recourir à la force contre l'Ukraine" et qu'elle "retire immédiatement, complètement et sans conditions toutes ses forces militaires" du territoire ukrainien.
Il "condamne la décision de la Russie d'accentuer la mise en alerte de ses forces nucléaires", une mention absente du texte présenté au Conseil de sécurité.
Tout au long de la session de l'Assemblée générale, de nombreux pays d'Afrique et d'Amérique latine ont fait corps avec les Etats-Unis et l'Europe pour dénoncer l'invasion russe.
- "Tous Ukrainiens" -
La Colombie a rejeté "tout retour en arrière" aux "grands empires". "Nous sommes tous des Ukrainiens, nous sommes tous l'Ukraine", a clamé pour sa part la Jamaïque, alors que l'inquiétude croît sur un effet domino si la Russie parvenait à s'emparer de l'Ukraine. Dans un tel cas, "qui sera le prochain?", a demandé l'Albanie.
Le monde arabe est resté en retrait, le Koweït, victime d'une invasion de l'Irak en 1990, sortant du lot pour dénoncer explicitement Moscou.
Pour le continent asiatique et la région pacifique, le Japon et la Nouvelle-Zélande ont dénoncé les violations russes du droit international. Proche militairement de Moscou, l'Inde est restée précautionneuse, tandis que la Chine soulignait que le monde n'avait "rien à gagner" d'une nouvelle Guerre froide.
Du côté de la Russie, sans surprise, la Syrie, le Nicaragua, Cuba et la Corée du Nord ont fustigé les Occidentaux qui ont -a affirmé Pyongyang- "détruit la Libye, l'Irak et l'Afghanistan".
Toujours représenté à l'ONU par un diplomate nommé par l'ancien régime, l'Afghanistan, comme la Birmanie où les militaires n'ont pas été reconnus comme légitimes après leur coup d'Etat de 2021, votera en faveur de la résolution après avoir rejoint une cohorte d'une centaine de pays ayant décidé de co-parrainer le texte.
En 2014, une condamnation similaire de la Russie pour l'annexion de la Crimée, qui s'était faite sans effusion de sang à la différence de l'invasion actuelle, avait obtenu 100 voix pour, 11 contre, tandis que 58 pays s'étaient abstenus et que le reste des 193 membres n'avait pas participé au scrutin.
Au sein de l'Assemblée générale, le droit de veto, privilège des cinq membres permanents du Conseil de sécurité (Etats-Unis, Russie, Chine, France et Royaume-Uni), n'existe pas. Ses résolutions ne sont pas contraignantes légalement comme celles du Conseil, mais elles revêtent une forte valeur politique selon le nombre de pays qui l'approuvent.
Pour tenter de sortir de l'impasse au Conseil de sécurité, la France projette avec le Mexique une résolution visant à protéger l'aide humanitaire. Attendue initialement mardi, sa mise au vote est désormais prévue en fin de semaine en raison de négociations ardues, y compris entre Paris et Washington, selon des diplomates.
La position de Moscou, qui pourrait y apposer un nouveau veto, reste inconnue.
M.T.Smith--TFWP