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Comment se déclarer candidat à sa succession en pleine guerre en Ukraine?
Emmanuel Macron cherche toujours une fenêtre d'opportunité pour officialiser sa candidature avant la date butoir de vendredi, ses adversaires craignant pour leur part que la situation internationale n'escamote les nécessaires débats nationaux de la présidentielle.
De l'Ukraine, il en sera question dans l'après-midi avec un débat à l'Assemblée nationale et un autre au Sénat, précédés d'une déclaration du gouvernement.
Jamais sous la Vème république une crise internationale n'a autant impacté une campagne présidentielle au risque d'éclipser les autres sujets de préoccupation des Français comme le pouvoir d'achat, la santé ou la sécurité.
Début février, le président Macron, donné grand favori dans les sondages, avait indiqué attendre que "la phase aiguë de l'épidémie (de Covid) et le pic de la crise géopolitique" en Ukraine soient dépassés pour se déclarer candidat. C'est chose faite pour la situation sanitaire.
Pour le chef de l'Etat, le temps est compté. Le quasi candidat doit comme les autres prétendants fournir au Conseil constitutionnel avant vendredi 18h00, en plus des plus des 500 parrainages d'élus validés, une déclaration de patrimoine et une lettre indiquant son consentement à être candidat.
Et en attendant, ses adversaires sont quasiment contraints de "boxer dans le vide".
- "Omission de débat démocratique" -
"Il faut qu'on soit attentif, nous sommes maintenant à cinq semaines et demi de l'échéance du 1er tour, s'il n'y a pas de débat, s'il n'y a pas de bilan, de projet, imaginons le président de la République réélu, alors ce sera dans une forme d'omission de débat démocratique, avec un risque" sur la "légitimité au cours du mandat", a averti le président LR du Sénat Gérard Larcher sur Europe 1.
"Je réclame réellement qu'il y ait débat, tous les esprits sont dans cette guerre, mais il nous faut aussi prévoir l'avenir du pays pour les cinq ans qui viennent", a-t-il insisté.
Pour M. Larcher, la candidate LR Valérie Pécresse "est la seule qui peut challenger Emmanuel Macron" car, selon lui, Eric Zemmour et Marine Le Pen, "candidats pro-Poutine, ne peuvent aujourd'hui espérer être au second tour".
Dans plusieurs récents sondages, la candidate de droite a pourtant sensiblement baissé, passant derrière ses rivaux d'extrême droite, voire derrière Jean-Luc Mélenchon (LFI).
A gauche aussi, on s'inquiète d'une campagne gelée par la crise ukrainienne. Il ne faut pas que le débat de la présidentielle soit "anesthésié" car "c'est le moment où il faut parler politique" et "le moment où jamais de dire: un autre monde est possible, une autre vision du monde, d'autres relations internationales", a insisté sur RFI Alexis Corbière, porte-parole du candidat LFI Jean-Luc Mélenchon.
Selon lui, Macron "va se déclarer candidat sans doute de manière assez sobre, il en est quasiment obligé". Le premier meeting de campagne du candidat Macron, initialement prévu samedi à Marseille, a d'ailleurs été annulé.
Le chef de l'Etat pourrait officialiser sa candidature à l'occasion d'une intervention dans un journal télévisé, comme François Mitterrand en 1988 à 33 jours du premier tour ou Nicolas Sarkozy en 2012 à 67 jours du scrutin.
- Campagne "la plus normalement possible" -
Face à ces inquiétudes, l'exécutif se veut rassurant. "Je mettrai tout en œuvre pour que la campagne se déroule le plus normalement possible", a insisté lundi le Premier ministre Jean Castex.
Dans l'entourage du chef du gouvernement, on souligne que "la situation actuelle n’empêche pas que l’on parle de tous les thèmes qui intéressent les Français, qu’il s’agisse de pouvoir d’achat, d’Europe, d’énergie, de souveraineté".
Et mardi matin, quatre candidats - Valérie Pécresse, la socialiste Anne Hidalgo, l'écologiste Yannick Jadot et le communiste Fabien Roussel - ont participé à un "grand oral" consacré à la santé et organisé par la Mutualité française.
Du côté des parrainages, le Conseil constitutionnel publiera vers 17h00 une nouvelle liste actualisée des candidats qualifiés pour la course à l'Elysée.
Eric Zemmour et Marine Le Pen restaient pour l'instant en deçà de la barre fatidique des 500 signatures, mais ils s'en rapprochaient: l'ex-polémiste d'extrême droite en avait au dernier pointage de jeudi 415. Et la candidate RN en disposait de 414. Le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan était aussi proche du but avec 457 signatures au compteur.
Mais d'autres en sont encore très loin comme François Asselineau (247), le NPA Philippe Poutou (243), le syndicaliste Annasse Kazib (130), l'ex-Garde des Sceaux Christiane Taubira (128) et l'animaliste Hélène Thouy (97).
T.Harrison--TFWP