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Ils ont jusqu'à minuit pour se mettre d'accord sur le prix des légumes en conserve, du fromage râpé et du steak haché: les négociations entre les supermarchés et leurs fournisseurs s'achèvent mardi, après des semaines de tensions exacerbées par l'inflation.
"Cela va se jouer une fois de plus dans les dernières heures", estime auprès de l'AFP Jean-Philippe André, président de l'Ania, principale organisation professionnelle de l'agroalimentaire.
"Le compte n'y sera pas", anticipe M. André.
Compte tenu du renchérissement des matières premières agricoles, des emballages et de l'énergie, les industriels qu'il représente voulaient vendre leurs produits de l'ordre de 6% plus cher que l'an dernier.
Au final, les tractations devraient aboutir à une "hausse significative des prix autour de 3%", indique le général de la Fédération du commerce et de la distribution (FCD), Jacques Creyssel.
"Comparé à zéro l'année dernière, c'est un changement très notable", ajoute le porte-parole des enseignes.
Les négociations commerciales entre la distribution et ses fournisseurs déterminent le prix des produits mis en rayon pendant l'année. Au bout du compte, elles conditionnent aussi une partie du revenu des agriculteurs, alliés de circonstance des industriels pour répercuter sur les consommateurs l'inflation qu'ils subissent - le prix des aliments du bétail a particulièrement augmenté.
Au Salon de l'agriculture, l'éleveur vendéen Mathieu Rousseau déplore des dépenses "au plus haut" et un prix de vente des bêtes "au plus bas".
"On est plombés par un contexte auquel on ne peut rien du tout, c'est hyper frustrant", ajoute le jeune producteur de porcs Label rouge.
Depuis des semaines, des agriculteurs en tracteur bloquent régulièrement des accès de supermarchés ou investissent des centres-villes pour faire pression sur les supermarchés. Des oeufs ont été jetés sur le siège de Carrefour.
- "Nous ne lâcherons rien" -
Même si les négociations annuelles portent aussi sur le papier toilette ou le shampooing, l'attention se concentre sur les prix des produits alimentaires.
L'équilibre est délicat: permettre aux agriculteurs de vivre de leur travail, aux industriels de continuer à produire et investir, sans gréver le budget des ménages.
Or, avant même l'invasion de l'Ukraine par la Russie, l'accélération de l'inflation avait mis le pouvoir d'achat au premier rang des préoccupations des Français dans la campagne présidentielle.
L'exécutif - qui a érigé en "mère des batailles" l'amélioration du revenu des agriculteurs - a tenu à manifester sa fermeté : sanctions contre Intermarché au titre de précédents cycles de négociations, contrôles des services de l'Etat et avertissement d'Emmanuel Macron dans la dernière ligne droite.
"La pression continuera à être mise sur les transformateurs et les distributeurs, et jusqu'à la dernière minute nous ne lâcherons rien", a affirmé le président lors de sa visite du Salon de l'agriculture, samedi.
Pendant le quinquennat, le gouvernement s'est efforcé de rééquilibrer le rapport de forces entre les acteurs de la chaîne alimentaire via les lois Egalim puis Egalim 2, récemment promulguée.
A l'Ania, Jean-Philippe André reproche à Egalim 2 d'avoir "saucissonné le problème" en sanctuarisant la part revenant aux agriculteurs via la prise en compte de leurs coûts de production, laissant de côté ceux des industriels (emballages, énergie, transport).
Dans les enseignes, on indique que l'inflation des matières premières agricoles a été "prise en compte" conformément à Egalim 2. Pour le reste, "il est normal que dans des situations difficiles, les industriels fassent un effort comme tout le monde", dit Jacques Creyssel.
D'autant que "les grands industriels ont réalisé une année extrêmement favorable en 2021 avec des marges très élevées", estime-t-il. En soulignant que les produits doivent rester abordables : "On voit bien dans nos magasins combien la situation des Français est difficile et qu'on a un intérêt commun à ce que les volumes de ventes soient préservés."
N.Patterson--TFWP