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La campagne présidentielle chamboulée par la guerre en Ukraine: Emmanuel Macron, qui va officialiser sa candidature dans les prochains jours, a multiplié lundi les rendez-vous diplomatiques tandis que son Premier ministre a reçu des candidats contraints de se positionner, non sans quelques contorsions.
Entre la gestion de la guerre russo-ukrainienne et la date limite, vendredi, pour déposer sa candidature, le président sortant est pris en tenaille, à seulement 41 jours du premier tour. Situation inédite sous la Vème république: après une pré-campagne marquée par la pandémie du Covid, la présidentielle d'avril est impactée de plein fouet par un conflit international en Europe.
Le choix du timing et de la forme de la déclaration de candidature - peut-être lors d'un journal télévisé - d'Emmanuel Macron, donné depuis des mois largement favori dans les sondages, est délicat au vu de la volatilité de la situation internationale.
Même si le conflit en Ukraine écrase la campagne et pourrait finalement se transformer en un atout pour un chef d'Etat en exercice dans une période d'extrême instabilité. Deux sondages réalisés après l'invasion russe l'ont d'ailleurs donné lundi en hausse de 2 à 3 points au premier tour, à 27/28% d'intentions de vote.
- Nouvel entretien Macron-Poutine -
Après avoir présidé un Conseil de défense en matinée, le chef de l'Etat a échangé lundi pendant 1H30 avec Vladimir Poutine, en lui demandant notamment l'arrêt des frappes contre les civils et la sécurisation des axes routiers. Le président russe "a confirmé sa volonté de s’engager" sur ces points, selon l'Elysée.
Cet entretien entre les deux dirigeants, le deuxième depuis le début jeudi de l'invasion de l'Ukraine, intervient alors que la campagne militaire menée par la Russie "devient de plus en plus brutale", a estimé le chef de la diplomatie de l'UE, Josep Borrell, faisant état de "nombreuses" victimes civiles.
Signe supplémentaire que cette campagne ne ressemblera à aucune autre, il n'y a, "à ce stade, pas de meeting prévu ce week-end à Marseille" pour Emmanuel Macron, comme initialement prévu, a indiqué son équipe de campagne. Selon une source interne au parti présidentiel, "personne n'imagine une expression de ferveur samedi en raison du contexte international".
- Les candidats à Matignon -
De son côté, le Premier ministre Jean Castex a organisé une "réunion d'information" à destination des principaux candidats autour du conflit en Ukraine et des sanctions infligées à la Russie.
Tous les candidats concernés ont accepté, sauf Nathalie Arthaud (LO). En déplacement à la Réunion, le leader Insoumis Jean-Luc Mélenchon doit, selon son entourage, être reçu à Matignon à son retour. Certainement dès mercredi.
"La réunion a été de bonne tenue (et) s'est faite dans un esprit de grande responsabilité", a relevé le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal.
A la sortie, les candidats se sont félicités d'une discussion "utile et importante", en affichant pour la plupart leur soutien aux sanctions contre la Russie. Plusieurs d'entre eux ont insisté sur l'importance de maintenir le dialogue démocratique malgré la crise actuelle en précisant que le Premier ministre avait donné des "garanties" à ce sujet.
La guerre en Ukraine oblige aussi les candidats à chambouler leurs programmes et à se positionner sur le conflit et ses conséquences.
Le candidat d'extrême droite Eric Zemmour, qui a condamné Moscou mais dont les positions prorusses font débat, a estimé lundi sur RTL que l'arrivée de réfugiés ukrainiens risque de "déstabiliser la France", et "préfère qu'ils soient en Pologne", qu'il "faut aider" à faire face.
La candidate LR, Valérie Pécresse, a pour sa part lancé des piques à ses adversaires d'extrême droite estimant "que tous ceux qui prônent une admiration ou ont une fascination pour Vladimir Poutine sont discrédités aujourd'hui pour présider la France".
A gauche, la socialiste Anne Hidalgo ou encore l'écologiste Yannick Jadot s'en sont eux pris ces derniers jours à M. Mélenchon, accusé lui aussi de sympathies avec Moscou avant la guerre. Lors d'un déplacement à la Réunion ce weekend, M. Mélenchon a admis avoir "commis une erreur".
Pendant ce temps, au Salon de l'Agriculture, passage obligé pour tout candidat, la crainte d'une flambée des prix était dans tous les esprits.
La question de "souveraineté agricole va se poser dans les mois qui viennent de manière aiguë", a affirmé Mme Pécresse, souhaitant la mise en place d'un "bouclier" pour protéger les agriculteurs français.
Quant au communiste Fabien Roussel, il a plaidé pour "une sécurité des prix", dénonçant "le scandale" des "matières premières agricoles comme le blé ou le maïs (qui) deviennent des actifs financiers sur lequel des banques, des fonds d'investissement font le choix de spéculer".
J.Ayala--TFWP