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Les Etats-Unis ont mis en application lundi une sanction d'une sévérité inédite contre la banque centrale russe, qu'ils entendent réduire à l'impuissance en réponse à l'invasion de l'Ukraine.
Washington a interdit avec effet immédiat toute transaction avec l'institution monétaire russe, a annoncé le département du Trésor avant l'ouverture des marchés américains.
"Cette décision a pour effet d'immobiliser tous les actifs que la banque centrale de Russie détient aux Etats-Unis, ou qui seraient détenus où que ce soit par des personnes américaines", est-il précisé dans un communiqué du Trésor américain.
Dans les faits, cette décision, en lien avec des sanctions similaires prises par de nombreux alliés des Etats-Unis, va limiter très fortement la capacité de Moscou à utiliser ses abondantes réserves de devises pour acheter du rouble.
Le Canada a emboîté le pas des Etats-Unis en prenant une décision similaire.
"Dorénavant, il est interdit à toute institution financière canadienne de transiger avec la banque centrale russe. Cela l’empêche de déployer les réserves monétaires internationales de la Russie et limite davantage la capacité de Poutine à financer la guerre qu’il a choisie", a annoncé le Premier ministre canadien Justin Trudeau.
La Russie disposait de 643 milliards de dollars de réserves de changes à la fin de la semaine dernière, selon des données officielles, un niveau élevé obtenu en détournant en partie les revenus pétroliers et gaziers.
On ignore en revanche quelle est la part de réserves de change de la Russie détenue en dollars américains, l'administration Biden n'ayant pas donné d'estimation.
Les nouvelles restrictions imposées par les Etats-Unis et leurs alliés contre la vente de roubles à la Russie visent à saper la capacité du pays à soutenir sa monnaie face aux nouvelles sanctions imposées à son secteur financier.
- Une "forteresse Russie" sans défense -
Ces opérations de défense de la devise russe, qui s'effondre déjà, "ne seront plus possibles et la +forteresse Russie+ se retrouve sans défense", a commenté un haut responsable de l'administration américaine lors d'une conférence téléphonique.
Il a estimé que ces sanctions coordonnées allaient enclencher un "cercle vicieux" pour l'économie russe, et prédit: "L'inflation va très certainement flamber, le pouvoir d'achat va s'effondrer, les investissements vont s'effondrer".
"Notre objectif est d'assurer que l'économie russe reculera tant que le président Poutine décidera d'avancer dans l'invasion de l'Ukraine", selon le haut responsable.
Les Etats-Unis ont également mis en œuvre lundi des sanctions contre le Russian Direct Investment Fund, une institution financière publique utilisée par la Russie en particulier pour lever des fonds à l'étranger, et dirigée par un proche du président russe, Kirill Dmitriev.
"Ce fonds et sa direction sont des symboles de la profonde corruption en Russie et de ses trafics d'influence" à l'étranger, a estimé la source citée plus haut.
"C'est une sanction sans précédent", a réagi sur Twitter Eddie Fishman, expert au Atlantic Council, un centre de réflexion américain, puisque la Banque centrale de Russie ne peut plus vendre de réserves de change.
Il souligne néanmoins que les grandes entreprises d'Etat russes disposent également de réserves de change. "S'il est nécessaire d'intensifier les sanctions, c'est un élément à surveiller", a-t-il ajouté.
Face aux mesures occidentales, le rouble s'est effondré. Lundi, il a battu des records historiques de faiblesse face au dollar et à l'euro.
Pour défendre l'économie et la monnaie nationale touchées par les sanctions, la Banque centrale de Russie a porté son taux directeur de 9,5 à 20% lundi matin.
La Bourse russe est par ailleurs également restée fermée de peur de voir les titres russes s'effondrer comme c'est le cas ailleurs dans le monde.
K.Ibarra--TFWP