AEX
-3.3700
Bols chauds de goulash, offres d'hébergement ou tout simplement un mot de réconfort: les Hongrois ont accouru ce week-end à la frontière avec l'Ukraine pour apporter leur soutien aux réfugiés poussés sur la route par l'invasion russe.
Même le Premier ministre souverainiste Viktor Orban, connu pour sa politique anti-migrants, a fait le déplacement et assoupli les strictes règles d'asile du pays.
C'est "un devoir moral", souffle Janos Molnar, qui attend au poste-frontière de Tiszabecs avec une pancarte écrite en ukrainien pour proposer le gîte à "ces gens qui ont vécu l'enfer".
"J'ai trois chambres vides à la maison", explique le quinquagénaire à l'AFP.
Son attente sera de courte durée. Il hébergera un groupe d'Ukrainiens originaires des régions meurtries de l'est, reconnaissants de cette main tendue après un long et éprouvant périple en train.
"Le voyage a été terrible", confie dans une autre localité frontalière Jacob Sonter Shirgba, qui vient de Kharkiv, deuxième ville d'Ukraine où les combats ont fait rage. "Nous irons dans n'importe quel pays prêt à nous accepter", ajoute ce Nigérian de 39 ans, aux côtés de sa femme ukrainienne et de leur fille d'un an.
- "Humanité" -
Selon les chiffres de la police, plus de 70.000 personnes sont entrées en Hongrie depuis le lancement de l'offensive russe jeudi.
Très vite, les citoyens se sont mobilisés, tout comme les organisations caritatives et les maires des villes concernées.
Zoltan Havasi, un coursier à vélo qui a fondé l'association "Budapest Bike Maffia", n'en revient toujours pas.
"Nous avons lancé un appel aux dons", raconte ce bénévole de 46 ans. En l'espace de quelques heures, des milliers de Hongrois ont apporté des conserves, matelas, produits de première nécessité. "Ils voulaient vraiment aider, et pas se contenter d'envoyer de l'argent".
Avec un confrère, ils ont chargé les marchandises dans une fourgonnette et pris la direction de Zahony, un des principaux points d'entrée dans le pays pour les réfugiés.
Au volant du véhicule, Attila Aszodi, homme d'affaires de 44 ans, a immédiatement proposé ses services quand il a vu l'annonce sur internet.
"Il s'agit de faire preuve d'humanité, cette guerre nous rappelle qu'on peut tous se retrouver réfugié du jour au lendemain", souligne-t-il. Avant de repartir vers la capitale avec des Ukrainiens à bord. "Je reviendrai demain s'il le faut", assure-t-il.
Le maire de la ville participe lui aussi à l'effort collectif: il a converti le centre culturel en un camp de fortune, installant 300 couchages dans des salles abritant habituellement des concerts et expositions.
- "Un ami en Hongrie" -
Cet élan rappelle la mobilisation des Hongrois quand avaient afflué en 2015 des migrants du Moyen-Orient et d'Afrique.
Certains étaient restés bloqués des semaines dans une gare de Budapest, subsistant uniquement grâce à l'aide des organisations humanitaires.
Viktor Orban, qui se présente comme le rempart numéro un en Europe contre "l'invasion musulmane", avait alors fait ériger des clôtures barbelées aux frontières avec la Serbie et la Croatie.
Cette fois, il a ouvert grand les portes de son pays, affichant son "unité" avec Bruxelles avec qui il ferraille souvent sur ce sujet de l'immigration.
Le gouvernement a ainsi décidé d'accorder une protection temporaire aux nouveaux arrivants, loin du sort réservé aux autres migrants qui doivent déposer leurs demandes dans des "zones de transit".
"Tous ceux qui fuient l'Ukraine trouveront un ami en Hongrie", a promis dimanche le Premier ministre.
W.Matthews--TFWP