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Les pompiers en Algérie ont annoncé vendredi avoir maîtrisé la plupart des incendies ayant fait au moins 38 morts dans le nord-est, malgré de nouveaux départs de feux près de la frontière tunisienne, dans la région d'El Tarf, la plus touchée ces derniers jours.
"Sept incendies étaient en cours à 13H00 (12H00 GMT) dans deux wilayas (départements): quatre à El Tarf et trois à Skikda" (est), a annoncé la Protection civile dans un tweet.
Auparavant, un de ses responsables avait annoncé l'extinction de "la totalité" des feux qui ont ravagé pendant deux jours le nord-est du pays, faisant aussi environ 200 blessés, dont des grands brûlés.
Le bilan officiel reste de 37 morts parmi, lesquels 30 dans la zone d'El Tarf, dont 11 enfants et six femmes.
Cinq autres décès ont été enregistrés à Souk Ahras (est) et deux à Sétif (est). Et les médias font état d'une 38e victime, un homme de 72 ans mort à Guelma (est).
- Plus de 1.700 pompiers -
Chaque été, le nord algérien est touché par des feux de forêt mais ce phénomène s'accentue d'année en année sous l'effet du changement climatique qui se traduit par des sécheresses et des canicules.
Des experts ont aussi pointé du doigt des lacunes dans le dispositif anti-incendie: un manque d'avions bombardiers d'eau et des forêts mal entretenues.
Plus de 1.700 pompiers ont dû être mobilisés pour venir à bout de plus de 70 foyers.
Plusieurs médias parlent de disparus, sans confirmation officielle pour le moment. Des tests ADN doivent être effectués sur certains corps non identifiés.
La prière du vendredi dans les mosquées a été consacrée aux incendies, avec un appel "à la préservation de la vie".
Des familles entières ont péri, en particulier une douzaine de personnes prises au piège d'"une tornade de feu", dans un car devant le parc animalier d'El Kala, près d'El Tarf.
Une équipe AFP a vu la carcasse carbonisée du car et rencontré des paysans qui ont tout perdu, comme Hamdi Gemidi, 40 ans, encore sous le choc de voir son cheptel brûlé vif.
"C'est notre gagne-pain, nous sommes agriculteurs, nous élevons du bétail comme des moutons, des vaches, des poulets et des bovins. Nous n'avons nulle part où aller et rien pour gagner notre vie", a-t-il dit à l'AFP.
- Solidarité -
Ghazala, une agricultrice de 81 ans, a vu sa maison, son chien et son chat engloutis par le feu.
"Des gens sont venus me dire d'évacuer la maison car je risquais de brûler, mais je m'en fichais à cause de mon chagrin. J'avais accepté mon sort, mais les sauveteurs m'ont fait sortir avec quelques animaux qui ont été épargnés. Je ne sais pas où aller maintenant, dois-je rester dans les champs, les forêts ou les montagnes?"
Le ministère de la Solidarité nationale a annoncé "une prise en charge psychologique et sociale" des victimes.
Des collectes de vêtements, de médicaments et de nourriture ont démarré.
Des particuliers en Algérie ou à l'étranger ont relayé des appels sur les réseaux sociaux et orienté vers des sites où déposer ces dons.
Jeudi, des dizaines de camions chargés de plusieurs tonnes d'aide humanitaire sont arrivés à El Tarf, selon un communiqué de cette préfecture.
Par solidarité également, toutes les activités artistiques du pays ont été reportées.
Le ministère de la Justice a ouvert une enquête sur l'origine des incendies suspectant des causes criminelles.
Quatre arrestations ont été annoncées: "un pyromane" à Souk Ahras où plus de 350 familles ont fui leurs logements et un hôpital a été évacué, et trois autres hommes à El Tarf, à 200 km de là. Ils sont accusés d'avoir incendié les récoltes d'un voisin, sans lien établi pour le moment avec les feux dans la zone.
Selon le code pénal algérien, un pyromane risque entre 10 ans de prison et la perpétuité.
Depuis début août, plus de 200 incendies ont détruit des centaines d'hectares de forêts et taillis, selon une compilation de l'AFP.
Jusqu'ici, l'été 2021 a été le plus meurtrier depuis des décennies: plus de 90 personnes avaient alors péri dans des feux de forêt ayant dévasté le nord, en particulier la Kabylie.
F.Carrillo--TFWP