AEX
-0.2700
L'année 2025 va être cruciale pour le développement du marché des voitures électriques en Europe, entre des normes d'émissions de CO2 plus sévères et une rafale de nouveaux modèles électriques.
Au niveau mondial, les ventes de voitures électriques ont progressé de 25% en 2024, mais cette nette progression est surtout due au marché chinois, selon les chiffres publiés mardi par le cabinet Rho Motion.
En Europe, après quatre ans de forte croissance, les ventes de modèles électriques ont légèrement baissé pour la première fois, à 3 millions d'unités (-3%).
Sur un marché automobile très ralenti dans cette zone de l'Europe élargie, les modèles hybrides, plus sobres que les modèles à essence, moins chers que les électriques, ont pris 20% de parts de marché en 2024, contre 12% pour les modèles électriques, selon les estimations du cabinet AlixPartners, qui portent sur l'Union européenne et treize pays voisins.
A part les Scandinaves, les automobilistes européens hésitent encore à s'électrifier, freinés par le tarif des modèles à batterie mais aussi par la peur de la panne, faute de bornes de recharge en nombre suffisant au bord des routes.
- Convaincre les classes moyennes -
Il va pourtant falloir accélérer: les normes européennes d'émissions de CO2 ont été renforcées le 1er janvier et les constructeurs automobiles risquent de lourdes amendes s'ils ne vendent pas plus de 20% de modèles électriques.
2025 est "une année charnière", a souligné mardi l'analyste Alexandre Marian de AlixPartners. Il faudra notamment observer les ventes des nouveaux modèles électriques compacts, souligne-t-il.
Depuis vendredi, la Renault 5, la Citroën C3, la Hyundai Inster, la Ford Puma ou encore la Toyota Urban Cruiser se contestent les faveurs des visiteurs du salon de l'automobile de Bruxelles, qui ouvre l'année.
Affichés entre 20.000 et 30.000 euros, avec des autonomies moyennes, entre 300 et 400 kilomètres, ces petits modèles polyvalents doivent convaincre les classes moyennes de passer à l'électrique, en ville comme à la campagne.
Le N°2 européen Stellantis a indiqué qu'il avait changé de politique commerciale pour pousser ses concessionnaires à atteindre un certain niveau de ventes électriques et augmenté un peu les prix des voitures à essence pour compenser des baisses sur les modèles électriques.
- "Carotte et bâton" -
Mais s'ils peuvent jouer sur leurs tarifs, les constructeurs n'ont pas la main sur les dispositifs incitatifs et avantages fiscaux propres à chaque pays d'Europe.
Ces primes à la casse, bonus à l'achat et avantages pour les flottes d'entreprises restent essentiels alors que les modèles électriques demeurent globalement plus chers que leurs équivalents hybrides ou à essence.
En 2024, les ventes de modèles électriques ont notamment été pénalisées en Allemagne par la suppression des aides à l'achat, tandis qu'elles ont progressé au Royaume-Uni (+21,4%), devenu le premier marché électrique de la zone, notamment grâce à la mise en place d'objectifs de ventes ambitieux pour les constructeurs.
"La carotte et le bâton fonctionnent", a déclaré à l'AFP un analyste de Rho Motion, Charles Lester. Mais les gouvernements européens n'ont pas placé de dispositifs incitatifs "en haut de leur liste" et, parallèlement, les nouveaux modèles électriques des constructeurs gardent des tarifs élevés, a souligné son collègue William Roberts.
Les taxes européennes censées freiner les importations des constructeurs chinois comme BYD ou MG pourraient commencer à avoir des effets au premier semestre 2025 mais l'arrivée de la marque chinoise de Stellantis, Leapmotor, pourrait changer la donne avec une part de production réalisée en Europe, ont ajouté les analystes de Rho Motion.
C.Dean--TFWP