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Des renforts militaires ont été déployés vendredi matin dans le sud-est de l'Espagne pour faire face à la situation dramatique et au chaos total provoqués par les inondations meurtrières du début de semaine.
Trois jours après ces inondations, qui ont fait au moins 205 morts et des dizaines de disparus, selon un nouveau bilan, des appels à l'aide poignants de la part d'habitants désespérés de petits villages livrés à eux-mêmes se multipliaient sur les radios et télévisions.
"Nous continuons à demander de l'eau, à demander des vivres", a déclaré Amparo Fort, la maire de Chiva, une ville de 16.000 habitants située à l'ouest de Valence.
"Il faut savoir qu'il y a des enfants, que nous avons des personnes âgées", a-t-elle poursuivi, des sanglots dans la voix, dans une interview à la radio nationale RNE.
Dans le même temps, des scènes de pillage ont eu lieu, le gouvernement annonçant l'arrestation de 39 personnes et promettant que les forces de sécurité feraient preuve d'une "fermeté absolue".
Pour faire face à cette situation humaine dramatique, 500 soldats supplémentaires ont été déployés vendredi matin dans la région.
- "Des montagnes de voitures" -
L'envoi de ces soldats, annoncé jeudi soir par le gouvernement central, fait suite à une demande pressante du président de la région de Valence, Carlos Mazón, dont le gouvernement est débordé par cette crise sans précédent
Ces renforts portent à 1.700 le nombre de militaires déployés dans la région de Valence, de loin la plus endeuillée par les inondations, avec 202 des 205 décès enregistrés.
Ces militaires appartiennent à l'Unité militaire d'Urgence (UME), une unité spéciale intervenant lors des catastrophes naturelles, mais aussi à l'armée de Terre et à la Marine.
Signe de l'inquiétude des autorités, la ministre de la Défense, Margarita Robles, a assuré vendredi que le gouvernement enverrait autant de renforts qu'il faudrait et qu'ils resteraient aussi longtemps que nécessaire.
L'armée a pour priorité de rouvrir les routes pour permettre l'acheminement de l'aide, notamment alimentaire, mais aussi d'aider à la recherche des personnes portées disparues, dont le nombre exact n'est pas connu, mais est très élevé.
Pour la première fois, le gouvernement central avait reconnu jeudi qu'il y avait "des dizaines et des dizaines" de disparus, laissant présager un bilan humain plus lourd.
Un officier de l'unité des plongeurs de la Garde civile (équivalent de la Gendarmerie), le commandant Pizarro, a d'ailleurs déclaré à la radio publique que la découverte de cadavres était "permanente".
"Il y a des montagnes de voitures" entassées dans la boue, témoignait encore Amparo Fort, la maire de Chiva. "Beaucoup sont vides, mais pour d'autres, il est clair qu'elles ont des occupants".
Alertées trop tard de la gravité de la situation, de très nombreuses personnes ont été surprises dans leur voiture.
A Valence, une morgue a été installée dans la "Cité de la Justice" afin de permettre l'identification des corps, amenés à intervalles réguliers par des ambulances d'où des employés en blouse sortent des brancards recouverts d'un drap blanc.
Les survivants, qui manquent de tout, doivent, en outre, faire face à une insécurité croissante, selon de multiples témoignages.
"Les gens entraient pour prendre des pantalons, ils volaient", racontait jeudi à l'AFP Fernando Lozano, un résident d'Aldaia, à l'ouest de Valence, qui s'était rendu dans le centre commercial de la ville.
- Solidarité -
Les rescapés pouvaient toutefois compter sur des manifestations spontanées de solidarité.
En ce jour férié, des centaines de personnes - portant des balais, des pelles, de la nourriture ou encore des couches - quittaient à pied Valence, ville qui n'a pas été affectée par les inondations, pour se rendre dans les localités voisines dévastées, ont constaté les journalistes de l'AFP.
Certains disaient répondre à l'appel d'amis, d'autres voulaient simplement se rendre utile.
Si le soleil brillait vendredi sur Valence, la vigilance restait toutefois de mise dans certaines zones du sud de l'Espagne.
L'Agence nationale de météorologie (Aemet) a averti que de fortes précipitations auraient encore lieu en cette fin de semaine, et a décrété une "alerte rouge" (niveau de risque maximal) dans la province de Huelva, en Andalousie (sud-ouest du pays, limitrophe du Portugal).
Pour leur part, les provinces de Valence et de Castellón, dans la région de Valence, restent sous alerte orange.
Le pape François a aussi exprimé vendredi "sa solidarité avec le peuple de Valence". "Que Dieu soutienne ceux qui souffrent et les secouristes", a-t-il déclaré à l'issue de la prière de l'Angélus.
T.Mason--TFWP