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Toutes les manches étaient retroussées vendredi dans le Centre-Est pour nettoyer les zones sinistrées et évaluer les dégâts, au lendemain d'une journée de pluies d'une violence "inédite".
"Le travail qu'il y a à faire: c'est une montagne", constatait en début de matinée Aurélie Baïba, employée à Annonay, la sous-préfecture d'Ardèche, dont le centre a été submergé jeudi.
Depuis, l'eau s'est retirée et les commerçants, balais à la main, ont essayé toute la journée de se débarrasser de la boue et des branches d'arbre charriées par les eaux, tandis qu'un tractopelle nettoyait la chaussée.
La vigilance rouge a été levée dans les six départements touchés (Rhône, Loire, Haute-Loire, Ardèche, Lozère et Alpes-Maritimes), mais cinq dans le Sud restent concernés par une vigilance orange aux crues, selon Météo-France.
Trois blessés légers ont été recensés. A Paris, un arbre est tombé sur une famille, dont le père n'a pas survécu, sans que le lien avec les intempéries ne soit formellement établi.
"En Ardèche, l'épisode d'hier est bien le plus intense jamais enregistré sur deux jours depuis le début du XXe siècle", a confirmé Météo-France, qui a relevé un niveau "inédit" de près de 700 mm sur le village de Meyres.
- "Il faudra vider la boue" -
Un millier de personnes ont été évacuées et une partie a passé la nuit dans des centres d'hébergement ouverts par les autorités.
Achille, un Congolais âgé de 57 ans, a été hébergé dans le gymnase d'une école à Grigny, au sud de Lyon. "Ils se sont organisés pour nous donner des petits lits, des couvertures thermiques, de l'eau, des chips, tout ce qui peut amuser la bouche", a-t-il dit à l'AFP.
Près de 3.000 pompiers et forces de l'ordre sont restés mobilisés vendredi. Un hélicoptère de la gendarmerie a fait des vols de reconnaissance au-dessus des zones sinistrées pour évaluer les dégâts.
A Annonay, Pierre-Laurent Barbe, assureur, est venu "faire le point" avec les commerçants du centre sur les dommages subis, mais aussi "les réconforter". "Ils essaient d'être positifs, de se dire +on a eu de la chance il n'y a pas de mort pas de blessé+", rapporte-t-il.
Dans les boutiques, tous s'affairent pour trier ce qui peut être sauvé. Des affaires et objets boueux sont sortis des locaux et posés sur les trottoirs, comme un bric-à-brac.
Jérôme Odouard a "tout perdu" dans son atelier de bijoux. "Les caves sont sous l'eau, on attend la pompe, après il faudra vider la boue..."
Le nettoyage s'annonce particulièrement lourd à Limony, parmi les communes les plus touchées d'Ardèche, où des troncs d'arbre ont percuté un pont en pierre déviant le cours d'une rivière vers le village.
En visite sur place, la ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher a assuré que le gouvernement allait passer rapidement à la déclaration de catastrophe naturelle, qui déclenche les assurances, mais aussi à "la mobilisation de fonds pour les biens qui ne sont pas assurés".
A plus long terme, "il faut que collectivement, on ajuste notre niveau de jeu" pour répondre au dérèglement climatique, a-t-elle poursuivi.
- A47 rouverte samedi -
Quelque 300 foyers sont encore privés d'électricité, selon un bilan d'Enedis en fin de journée.
A la veille des vacances de la Toussaint, les établissements scolaires n'ont pas ouvert en Ardèche, dans 52 communes du Rhône et 39 dans la Loire.
La circulation des trains a repris le long du littoral dans les Alpes-Maritimes et en Occitanie, mais reste suspendu entre Lyon et Saint-Etienne à cause de dégâts importants sur les infrastructures, selon la SNCF.
L'autoroute A47, fermée au niveau de Givors, au sud de Lyon, rouvrira samedi à 06H00, à temps pour les départs en vacances, a déclaré le ministre délégué aux Transports, François Durovray, en visite dans le Rhône.
Le reste du pays, où les sols sont gorgés d'eau après un mois de septembre particulièrement pluvieux, a également souffert. Dans le sud des Yvelines, une cinquantaine de personnes ont ainsi dû être évacuées en pleine nuit.
En Eure-et-Loir, touché par la dépression Kirk la semaine dernière, certaines communes se sont à nouveau retrouvées les pieds dans l'eau. "Sur Epernon, on a trois rivières qui se rejoignent, au moins deux sont sorties de leur lit", explique Mathieu Ana, responsable communication de la mairie. "C'est moins fort que la semaine dernière mais comme tout est déjà attaqué…"
F.Carrillo--TFWP