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Le puissant ouragan Milton se rapproche mercredi de la Floride, où il doit toucher terre dans la nuit et pourrait causer des inondations "catastrophiques" et "potentiellement mortelles", deux semaines seulement après le passage déjà destructeur et meurtrier de l'ouragan Hélène.
"Cet ouragan va avoir un impact considérable et faire beaucoup de dégâts", a de nouveau prévenu mercredi le gouverneur républicain de l'Etat Ron DeSantis.
Le président Joe Biden a averti que Milton pourrait être "la pire tempête" à frapper la péninsule floridienne, pourtant habituée à ces phénomènes météorologiques, "en un siècle". "Vous devez évacuer maintenant, c'est une question de vie ou de mort", a-t-il exhorté mardi.
Une quinzaine de comtés de Floride, principalement situés sur la côte ouest de la péninsule, dans la région de Tampa, sont sous ordre d'évacuation.
Randy Prior, 36 ans, n'est pas sous mandat d'évacuation mais a envoyé sa famille se mettre à l'abri. Cet entrepreneur va rester dans la ville côtière de Sarasota pour veiller sur son commerce. "Je suis nerveux, c'est sûr que c'est une grosse tempête", confie-t-il. "On se remet à peine" d'Hélène et "les sols sont saturés" d'eau.
Habitant de Tampa, Luis Santiago a lui décidé de "tout fermer" et partir. "On verra le résultat à mon retour", dit cet homme de 43 ans.
Les autorités du troisième Etat le plus peuplé du pays alertent notamment sur le danger potentiel représenté par les nombreux débris -encore visibles- laissés par Helène,qui a fait au moins 235 morts à travers le sud-est des Etats-Unis et provoqué des dégâts considérables.
Milton devrait s'abattre sur la Floride en tant qu'"ouragan majeur" (catégorie 3 ou plus, sur 5) et la traverser d'ouest en est, selon le Centre national des ouragans américain (NHC).
- Tornades -
Le risque de tornades est également très élevé, selon les services météorologiques.
"Les vents des ouragans captent l'attention des gens, mais les inondations sont probablement la plus grande source d'inquiétude avec Milton", pointe Hannah Cloke, professeure en hydrologie de l'université britannique de Reading.
Les pluies abondantes annoncées font courir le "risque d'inondations urbaines soudaines catastrophiques et potentiellement mortelles", indique le NHC. Ce fut le cas avec l'ouragan Hélène.
"De nombreux aspects d'Hélène et de Milton correspondent tout à fait à ce que nous anticipons en matière de changement climatique", relève le professeur John Marsham, spécialiste des sciences de l'atmosphère.
"Les ouragans ont besoin d'océans chauds pour se former, et les températures record des océans alimentent ces tempêtes dévastatrices. L'air chaud retient davantage d'eau, donnant des pluies plus abondantes et davantage d'inondations", explique-t-il.
Dans le même temps, "l'augmentation du niveau de la mer due au changement climatique entraîne une aggravation des inondations côtières", ajoute-t-il.
Depuis plus d'un an, les températures de l'Atlantique nord évoluent sans discontinuer à des niveaux de chaleur record, selon des données de l'observatoire météorologique américain (NOAA).
- Embouteillages -
"La dernière fois (avec l'ouragan Hélène, qui a fait 15 morts en Floride), j'avais de l'eau jusqu'à la hanche", a raconté à l'AFP Emmanuel Parks, 36 ans, dans la ville de Tampa.
"Donc cette fois (...) je vais récupérer ma famille et aller à l'intérieur des terres", a expliqué cet homme, père de six enfants.
Mardi, des files interminables de voitures étaient visibles sur les grands axes de l'Etat et de nombreuses stations-services étaient à sec. Des compagnies aériennes ont toutefois ajouté de nouveaux vols en partance de plusieurs villes de Floride.
Pour autant, certains, comme John Gomez, ont décidé au contraire de braver l'interdit. Le septuagénaire a fait le voyage depuis Chicago pour tenter de sauver sa maison secondaire. "Je pense qu'il vaut mieux être ici au cas où quelque chose arriverait", dit-il.
En pleine campagne présidentielle, ces ouragans ont pris un tournant politique.
Après le passage d'Hélène, le candidat républicain Donald Trump n'avait pas tardé à accuser l'Etat fédéral, dirigé par les démocrates, d'avoir fait trop peu, trop tard, pour porter assistance aux sinistrés.
Des accusations vivement démenties par Joe Biden et sa vice-présidente et candidate démocrate à l'élection Kamala Harris. Cette dernière l'a accusé mardi soir de n'avoir "aucune empathie pour la souffrance des gens".
F.Carrillo--TFWP