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La Chine a annoncé vendredi qu'elle allait "reprendre graduellement" les importations de produits de la mer du Japon, suspendues en 2023 après le rejet dans l'océan Pacifique d'eaux traitées provenant de la centrale nucléaire accidentée de Fukushima.
Selon le ministère chinois des Affaires étrangères, le Japon s'est engagé à "respecter ses obligations selon la loi internationale, faire tout son possible pour éviter d'avoir un impact négatif sur la santé humaine et l'environnement, et mener des évaluations continues de l'impact sur l'environnement et les écosystèmes marins".
Fin août 2023, le Japon avait commencé à rejeter dans l'océan Pacifique les eaux usées de la centrale de Fukushima, une décision qualifiée d'"égoïste" par Pékin qui avait immédiatement suspendu toute importation de produits de la mer en provenance du Japon.
Peu après, la Russie avait appliqué la même suspension comme "mesure de précaution". Vendredi, un de ses hauts responsables sanitaires, cité par l'agence Tass, a indiqué que la mesure était maintenue.
La Chine avait importé en 2022 pour plus de 460 millions d'euros de fruits de mer de son voisin japonais, selon les chiffres des Douanes.
- "Dispositif de surveillance" -
Vendredi, malgré son revirement concernant les importations, la Chine a rappelé qu'elle reste "fermement opposée" au rejet "arbitraire" par le Japon de ces eaux usées.
"Cette position n'a pas changé", a martelé face à la presse Mao Ning, porte-parole du ministère des Affaires étrangères.
Et "le fait que la Chine et le Japon aient atteint ce consensus ne veut pas dire que la Chine va immédiatement reprendre entièrement les importations de produits de la mer japonais".
Selon le communiqué du ministère chinois, le Japon a salué la mise en place d'un "dispositif de surveillance internationale à long terme, dans le cadre de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), couvrant les étapes-clés du déversement de l'eau contaminée par le nucléaire".
De son côté, l'AIEA a précisé qu'elle allait se coordonner avec le Japon et la Chine, notamment, pour s'assurer que les niveaux de rejet d'eau restent "strictement conformes et cohérents avec les normes de sécurité internationales".
Ces eaux usées proviennent d'eau de pluie, de nappes souterraines et des injections nécessaires pour refroidir les coeurs des réacteurs entrés en fusion après le tremblement de terre puis le tsunami de mars 2011 qui avaient dévasté la côte nord-est du pays et fait 18.000 morts.
"Les deux parties se sont mises d'accord pour avoir un dialogue constructif et fondé sur la science, avec un grand sens des responsabilités pour l'écosystème, l'environnement, la vie et la santé humaines", a indiqué le ministère chinois.
- "Première étape" -
A peu près à la même heure que cette annonce à Pékin, le Premier ministre japonais Fumio Kishida a confirmé l'information.
Tokyo "a informé la Chine de sa volonté d'effectuer un contrôle supplémentaire de l'eau traitée", a-t-il relevé.
"La position du Japon reste inchangée: les sanctions doivent être abolies immédiatement, et nous utiliserons cette annonce pour ouvrir la voie à l'abolition des sanctions", a-t-il aussi indiqué.
Le président de l'Association japonaise de pêche a estimé que la reprise prochaine des importations ne devait être "qu'une première étape" avant un retour à la normale.
"Le gouvernement japonais doit rester pleinement conscient de la situation critique des pêcheurs de tout le pays qui sont touchés par les mesures de suspension totale des importations et continuer à faire tout son possible pour lever la suspension dès que possible", a déclaré dans un communiqué Masanobu Sakamoto.
Les relations entre la Chine et le Japon connaissent régulièrement des périodes de tension, alimentées par des ambitions géopolitiques rivales, des querelles territoriales en mer de Chine orientale et de vives rancoeurs historiques.
Un porte-avions et deux navires de guerre chinois ont navigué il y a quelques jours entre deux îles nipponnes, près de Taïwan, un acte jugé "totalement inacceptable" par Tokyo.
Et cette semaine, le Premier ministre Kishida a exigé une "explication" de la Chine après le meurtre dans le sud du pays d'un enfant japonais, Pékin évoquant pour sa part un "cas isolé".
K.Ibarra--TFWP