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Ursula von der Leyen a été reconduite jeudi par les eurodéputés pour un second mandat de cinq ans à la tête de la Commission européenne, promettant de faire de l'industrie, de la Défense ou encore du logement ses priorités.
A l'issue d'un vote à bulletins secrets, la dirigeante allemande de 65 ans a obtenu 401 votes de soutien (284 contre, 15 abstentions, 7 nuls), nettement au-delà de la majorité absolue dont elle avait besoin. Elle avait décroché fin juin le feu vert des Vingt-Sept.
Devenue en 2019 la première femme à prendre la tête de l'exécutif européen, l'ancienne ministre allemande s'est imposée à travers les crises.
Face au choc du Covid-19, elle a piloté un gigantesque plan de relance européen financé par un endettement commun inédit. Après l'invasion de l'Ukraine, elle affiche son soutien à Kiev et définit une stratégie pour sortir de la dépendance énergétique vis-à-vis de Moscou.
Prônant de longue date une "Commission géopolitique", elle se veut gage de stabilité face aux tensions géopolitiques: conflit à Gaza, contentieux avec Pékin, retour possible de Donald Trump...
Elle s'est engagée jeudi à muscler massivement les investissements dans l'industrie de défense, avec un commissaire dédié.
Il faut "une Europe forte" dans une "période de grande anxiété et d'incertitude", a-t-elle plaidé dans un discours mêlant anglais, français et allemand, où elle s'est efforcée de répondre avant le vote aux attentes contradictoires des divers groupes.
- "Pragmatique" sur le Pacte vert -
Autre actif de son premier mandat: le paquet tentaculaire (et inachevé) du Pacte vert pour décarboner l'industrie et les transports, mais accusé d'imposer aux entreprises et agriculteurs un "fardeau" réglementaire.
Tout en préconisant son application "pragmatique", elle a affiché jeudi d'ambitieux priorités socio-environnementales: objectif climatique 2040 (-90% d'émissions), "plan logement abordable" avec commissaire chargé de cette question, plan de protection des ressources d'eau...
Avec pour mot d'ordre "la compétitivité", elle a promis un renforcement des investissements dans les industries critiques pour la transition et un souci de "neutralité technologique" pour ne pas disqualifier le nucléaire.
Mme von der Leyen a aussi réaffirmé sa défense de l'usage de carburants automobiles synthétiques après 2035 et insisté sur les intérêts des agriculteurs, revendications-clés des élus conservateurs.
Suite aux élections de juin, le Parti populaire européen (PPE, droite), dont elle est issue, reste la première force du Parlement avec 188 eurodéputés, contre 136 sociaux-démocrates (S&D) et 77 libéraux (Renew).
La grande coalition réunissant ces trois partis était suffisante pour la reconduire, mais pour parer aux défections attendues dans leurs rangs, Ursula von der Leyen lorgnait aussi le soutien des écologistes (53 sièges).
Elle a ainsi promis des plans pour l'adaptation climatique et le "Pacte pour l'océan" qu'ils réclamaient.
"Notre soutien n'est pas un chèque en blanc (...) notre souci des questions sociales devra s'incarner dans toutes les politiques des 5 prochaines années", a prévenu la cheffe des socialistes, l'Espagnole Iratxe Garcia Perez.
- "Bouclier de la démocratie" -
Enfin, après le Pacte asile et migration adopté mi-mai, qui prévoit un mécanisme de solidarité obligatoire envers les Etats confrontés à une pression migratoire, Mme von der Leyen s'est engagée jeudi à renforcer Frontex, l'agence de l'UE chargée des frontières, et de tripler le nombre de garde-frontières et garde-côtes.
Des gages donnés au PPE, mais aussi au groupe d'extrême droite ECR associé à la dirigeante italienne Giorgia Meloni.
De fait, Ursula von der Leyen, qui a proposé un commissaire chargé du "voisinage méditerranéen" susceptible de plaire à Rome, ne négligeait pas l'éventuel soutien d'une partie des 78 élus ECR, même si toute coopération assumée reste une ligne rouge pour les libéraux, socialistes et Verts.
A l'inverse, l'autre groupe d'extrême droite, Patriotes pour l'Europe, réunissant Rassemblement national (France) et Fidesz (Hongrie) avec des positions réticentes au soutien à l'Ukraine, demeure exclu de toute majorité.
Ursula von der Leyen a accusé jeudi le Premier ministre hongrois Viktor Orban de "jouer le jeu" de Vladimir Poutine et proposé un "bouclier européen de la démocratie" afin de "contrer les manipulations de l'information et ingérences étrangères".
Mère de sept enfants, un temps considérée comme dauphine d'Angela Merkel en Allemagne, Ursula von der Leyen s'est finalement imposée à Bruxelles, ville qui l'a vue naître et grandir jusqu'à l'adolescence.
Du 13e étage de l'imposant siège de la Commission, elle s'appuie sur un cercle très restreint, mode de fonctionnement peu collégial qui lui a valu des critiques sur son opacité et de vives tensions avec le président du Conseil européen Charles Michel, qui représente les Vingt-Sept.
Les membres de sa future Commission, choisis par les Etats membres, seront auditionnés par les eurodéputés à l'automne.
L.Holland--TFWP