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Le PDG de TotalEnergies, Patrick Pouyanné, a vu son mandat renouvelé de trois ans vendredi lors de l'assemblée générale annuelle du groupe centenaire, mais plus d'un actionnaire sur cinq a voté contre le bilan et la stratégie climatique du groupe, une proportion en hausse.
Celui qui dirige la plus grande entreprise française par le chiffre d'affaires depuis dix ans a promis vendredi de garder "le cap" lors de cette AG qui a finalement eu lieu sans heurts, à distance de militants écologistes qui dénoncent les énergies fossiles. Plus de 75% des actionnaires ont approuvé sa reconduction, proche du score d'il y a trois ans (77%).
Sur le climat, Patrick Pouyanné, 60 ans, veut en tout cas se démarquer de ses concurrentes BP et Shell, qui ont annoncé un ralentissement du rythme de leur transition énergétique, alors qu'il se vante de diriger "le groupe pétrolier le plus impliqué dans la transition énergétique", ce que le think-tank Carbon Tracker conteste au profit de la compagnie italienne Eni.
"Je vous confirme, nul besoin de le dire, mais si certains en doutent que nous garderons le cap de cette stratégie équilibrée", entre pétrole et gaz d'une part, et énergies bas carbone d'autres part, a déclaré le PDG, dont l'entreprise se targue d'être plus rentable, moins endettée et de plus en plus généreuse pour ses actionnaires.
"TotalEnergies démontre chaque jour qu'il est possible encore une fois, d'être une compagnie rentable, même la plus rentable, tout en se transformant" et "en investissant dans les énergies de demain" , a-t-il ajouté. Tout en rappelant qu'il était "nécessaire" de mettre en production "de nouveaux champs" pétroliers pour répondre à la demande mondiale, à rebours de l'Agence internationale de l'énergie qui préconise l'abandon de tout nouveau projet pétrogazier. Des préconisations semblables à une "nouvelle Bible", avait-il ironisé au Sénat.
Mais les actionnaires ont moins plébiscité le rapport climatique annuel du groupe, dans lequel il décrit comment il entend stabiliser sa production de pétrole et accroître celle de gaz en misant sur le gaz naturel liquéfié, en même temps que les renouvelables, pour une empreinte carbone liée à la combustion de ses produits finalement stable d'ici 2030. Alors que 89% l'avaient approuvé l'an dernier, ils n'étaient plus que 79,7% cette année.
- Une centaine d'interpellations devant Amundi -
Contrairement à l'an dernier, les militants écologistes n'ont pas réussi à perturber l'assemblée générale, qui n'a pas eu lieu à Paris mais au siège à La Défense, plus facile à protéger.
Dès 9H00, des militants de Greenpeace avaient déployé sur un bâtiment proche une gigantesque banderole "Wanted" avec le visage de Patrick Pouyanné, avant que la police ne la décroche.
Outre 200 policiers, de très nombreux agents de sécurité privés protégeaient la tour encerclée de grilles. Des précautions si lourdes que deux actionnaires ont interpellé le PDG en séance à cause des délais pour entrer ou de la mise sous scellé des téléphones pendant toute la durée de l'AG.
TotalEnergies dit avoir choisi sa tour de 48 étages pour éviter "d'immobiliser un quartier de Paris" comme en 2023. Patrick Pouyanné a néanmoins promis de mieux faire l'an prochain.
Semblant d'abord crispé, au vu des troubles redoutés, comme le risque de jets de projectiles sur la tour en verre, le PDG s'est peu à peu détendu.
Plusieurs dizaines de personnes sont entrées par la force dans les locaux, avant d'en ressortir. Des dégradations ont été commises et neuf agents de sécurité ont été transportés à l'hôpital, a indiqué une source à la préfecture de police.
Plus de 100 d'entre elles ont finalement été interpellées, un volume exceptionnel autour d'une AG.
- Ouganda -
Pendant les questions-réponses traditionnelles au PDG, le défenseur des droits humains ougandais Maxwell Atuhura l'a interpellé sur le mégaprojet devenu un symbole de la lutte anti-pétrole (puits Tilanga/oléoduc EACOP), pour lequel des milliers de foyers ont dû céder leurs terrains.
"Notre volonté, c'est de régler ces questions-là par le dialogue", a répondu Patrick Pouyanné, évoquant une quarantaine de cas restant en litige, avant d'admettre: "nous ne disons pas que ce que nous faisons est toujours parfait".
Les militants de multiples organisations, dont Extinction Rébellion, exigent "l'abandon" des projets en Ouganda/Tanzanie mais aussi au Mozambique et en Papouasie-Nouvelle-Guinée.
Le bouillant dirigeant a par ailleurs redit solennellement devant ses actionnaires qu'il n'envisageait pas de quitter la France, après la polémique déclenchée sur ses déclarations sur une éventuelle délocalisation de la cotation principale du groupe de Paris à la Bourse de New York, qui avait fait réagir Emmanuel Macron.
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L.Davila--TFWP