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TotalEnergies se prépare à une nouvelle assemblée générale sous tension, que les manifestants de la cause climatique se verraient bien bousculer vendredi au moment où les actionnaires doivent se prononcer sur les sujets du climat et la reconduction du PDG Patrick Pouyanné.
Pour la première fois depuis deux décennies, la quatrième major mondiale du pétrole et plus grosse entreprise française par le bénéfice, qui célèbre cette année son centenaire, tiendra sa grand-messe annuelle à domicile, dans sa tour de 48 étages à La Défense, plutôt que dans une salle en plein Paris.
Objectif: éviter "d'immobiliser un quartier de Paris", explique le groupe, comme cela s'était produit lors d'une édition 2023 tumultueuse, marquée par des échauffourées entre manifestants et policiers aux abords de la salle accueillant l'événement.
Un an plus tard, la pression n'est pas retombée. Dans la rue ou devant les tribunaux, le groupe reste sous le feu des critiques des défenseurs du climat, qui lui reprochent d'aggraver le réchauffement de la planète et de nuire à la biodiversité et aux droits humains, du fait de ses activités dans le gaz et le pétrole.
"Un gros dispositif" est prévu, a précisé la source, qui s'attend comme l'an dernier à des confrontations entre écologistes et actionnaires.
Face au "risque" de troubles à l'ordre public, le préfet de police de Paris a pris un arrêté d'interdiction des manifestations non déclarées dans un périmètre autour de la Tour Coupole.
A l'ordre du jour, les actionnaires, présents ou en ligne, seront appelés à voter sur la stratégie climat de TotalEnergies, certains investisseurs réclamant aussi une transition énergétique plus ambitieuse. Mardi, 22% des actionnaires de Shell ont ainsi rejeté son plan climatique, une proportion relativement élevée.
- Pouyanné regarde vers New York -
L'an dernier, chez TotalEnergies une résolution purement consultative émanant d'actionnaires militants avait même recueilli 30,4% des votes. Elle demandait à l'entreprise d'aligner ses objectifs de réduction d'émissions de gaz à effet de serre sur l'accord de Paris de 2015, pour limiter le réchauffement planétaire à +1,5°C par rapport à l'ère pré-industrielle (le monde en étant déjà à environ 1,2°C).
Cette fois, aucune résolution consultative ne s'annonce.
Une coalition d'actionnaires revendiquant 0,9% du capital a réclamé en vain, jusque devant la justice, une résolution non contraignante visant "à mettre fin au cumul des fonctions de président et directeur général" occupées par Patrick Pouyanné, pour le maintenir au seul poste de directeur général.
Un choix impensable pour le conseil d'administration, attaché à la "stabilité stratégique" de la compagnie qui a engrangé 21,4 milliards de dollars de bénéfices en 2023, après 20,5 milliards en 2022, et proposera aux actionnaires de reconduire le PDG pour un quatrième mandat.
Le bouillant dirigeant aux manettes de l'entreprise depuis 10 ans présidera cette assemblée sur fond de polémique après ses déclarations sur une éventuelle délocalisation de la cotation principale du groupe de Paris à la Bourse de New York. Des propos qui ont déclenché les foudres de la classe politique, de Bruno Le Maire à Emmanuel Macron.
Comme pour apaiser les critiques, il a évoqué jeudi dans Le Figaro une "erreur de traduction": il ne voulait pas parler d'une cotation principale à Wall Street mais d'une transformation en actions classiques des titres déjà échangés sous une forme réservée aux entreprises étrangères.
M. Pouyanné met en avant le fait que les Américains achètent plus d'actions que les Européens, davantage contraints par des règles d'investissement durable.
Le PDG le répète, TotalEnergies est "le groupe pétrolier le plus impliqué dans la transition énergétique". Un tiers de ses investissements est consacré aux énergies bas carbone, dont 95% d'électricité renouvelable.
Mais en septembre, le think tank Carbon Tracker estimait que "seule" la compagnie pétrolière italienne Eni avait des objectifs de réduction d'émissions "potentiellement" alignés sur l'accord de Paris. TotalEnergies arrivait deuxième avant Repsol et BP, loin devant le Saoudien Aramco ou l'Américain ExxonMobil.
J.Ayala--TFWP