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Des heurts sporadiques entre gendarmes et manifestants ont émaillé, samedi après-midi à La Rochénard (Deux-Sèvres), une mobilisation qui a rassemblé des milliers de personne en opposition aux "méga-bassines", ces réserves d'eau géantes dédiées à l'irrigation agricole.
Cette manifestation dénommée "Printemps maraîchin", prévu pour durer jusqu'à dimanche, a rassemblé samedi quelque 4.200 personnes, selon la préfecture, 7.000 selon les organisateurs.
En marge du cortège, des heurts ont opposé dans l'après-midi certains manifestants avec les forces de l'ordre pendant une heure, avec échanges de jets de pierre, de mortiers d'artifice, et de gaz lacrymogènes et grenades de désencerclement.
Les premiers heurts se sont produits lorsque des groupes de manifestants se sont dirigés vers une zone interdite par les autorités. Peu avant, certains venaient de déterrer à coups de pelles et de pioches des éléments de canalisation, "destinés à être raccordés au réseau de futures bassines", selon les Soulèvements de la Terre, co-organisateur de la mobilisation.
Vers 18h00, le cortège regagnait dans le calme le point de départ de la manifestation à La Rochénard, a constaté l'AFP.
Réunis à l'appel du collectif Bassines Non Merci, fer de lance de l'opposition aux projets de ces retenues d'eau, et de la Confédération paysanne, les manifestants réclament "l'arrêt de tous les projets de méga-bassines", qu'ils considèrent comme "une privatisation de l'eau".
Egalement soutenus par la LPO, EELV, Attac, ou encore La France Insoumise, ils dénoncent "l'accaparement de l'eau par l'agro-industrie", "exigent l’arrêt des travaux" et "la mise en place d’un moratoire sur les projets de méga-bassines".
"L'eau est bien commun, partageons là" , "Rechargez les nappes phréatiques avant de stocker l'eau", pouvait-on lire sur les banderoles brandies dans une foule composée de jeunes adultes et de retraités, de familles, de militants associatifs et syndicaux, ainsi que de personnes venues en bleu de travail ou encagoulées.
Un très important dispositif de gendarmerie avait été mis en place, les autorités craignant des débordements déjà survenus lors de précédentes manifestations.
Deux hélicoptères survolaient le rassemblement à basse altitude et de nombreux fourgons et escadrons de gendarmerie avaient été disposés dans les champs alentour.
Plusieurs armes blanches, dont de gros couteaux et des mortiers d'artifice, ont été saisis lors de fouilles préventives dans la matinée, selon la préfecture qui, comme celle de Charente-Maritime, avait interdit de manifestation un périmètre d'une dizaine de km dans les communes avoisinantes.
Pour répondre aux "anti-bassines", environ 200 agriculteurs se sont également réunis à Cramchaban (Charente-Maritime), quelques km plus loin, à l'appel de la Coordination rurale, pour un "rassemblement de défense" près d'une retenue dégradée lors d'une précédente manifestation en novembre.
Les "bassines", des excavations recouvertes d'une membrane plastifiée, doivent être alimentées par les cours d'eau et nappes phréatiques en hiver pour servir l'été à des agriculteurs irrigants quand la ressource manque.
Mais ces dernières années, l'opposition à ces projets s'est cristallisée dans les Deux-Sèvres, notamment à Mauzé-sur-le-Mignon où a été creusée la première des seize retenues prévues sur le bassin de la Sèvre niortaise, crucial pour l'alimentation du Marais poitevin.
M.Cunningham--TFWP