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Le sud du Pakistan, particulièrement touché par les inondations, se préparait dimanche à un nouveau déluge provoqué par les crues des rivières, le bilan humain s'élevant à plus de 1.000 morts dans l'ensemble du pays.
Alimenté par des dizaines de rivières et de ruisseaux de montagne sortis de leur lit à la suite de pluies record et de la fonte des glaciers, l'Indus, fleuve qui traverse la province du Sindh dans le sud du pays, ne cesse de grossir.
Les vannes ont été ouvertes pour faire face à un débit de plus de 600.000 m3 par seconde, a indiqué le responsable de l'important barrage qui régule le débit du fleuve, près de la ville de Sukkur, dans la province du Sindh, où vivent quelque 500.000 habitants.
Les autorités ont prévenu que des torrents d'eau devraient atteindre cette province du sud dans les prochains jours, aggravant les difficultés de millions de personnes déjà touchées par les inondations.
Les responsables pakistanais attribuent ces intempéries dévastatrices au changement climatique, affirmant que le Pakistan subit injustement les conséquences de pratiques environnementales irresponsables ailleurs dans le monde.
Selon le dernier bilan de l'Autorité nationale de gestion des catastrophes (NDMA) publié dimanche, 1.033 personnes ont été tuées par les pluies torrentielles, dont 119 ces dernières 24 heures.
- Un Pakistanais sur sept touché -
Plus de 33 millions de personnes - un Pakistanais sur sept - ont été touchées par ces intempéries et près d'un million de maisons ont été détruites ou gravement endommagées, selon le gouvernement.
Dans la province du Sindh, des dizaines de milliers d'habitants des zones rurales ont trouvé refuge sur les routes surélevées et les lignes de chemin de fer. Près de Sukkur, des tentes ont été dressées sur deux kilomètres pour accueillir les sinistrés qui continuaient d'arriver en bateau, chargés de lits en bois et de vaisselle, seuls bien qu'ils ont pu sauver.
"L'eau a commencé à monter dans la rivière depuis hier, inondant tous les villages et nous forçant à fuir", a déclaré à l'AFP Wakeel Ahmed, un ouvrier de 22 ans.
Dans le nord du Pakistan, des milliers de personnes vivant près de rivières en crue ont reçu l'ordre samedi d'évacuer leurs habitations. Des hélicoptères et des sauveteurs continuaient toutefois dimanche de mettre à l'abri les retardataires.
"Nous avons dû secourir des enfants et des femmes", a expliqué depuis la vallée de Swatt un secouriste, Umar Rafiq, à l'AFP.
Dans cette destination touristique populaire pour ses montagnes accidentées, de nombreuses rivières sont sorties de leur lit, démolissant à leur passage des dizaines de bâtiments, dont un hôtel de 150 chambres qui s'est effondré dans un torrent déchaîné.
Déjà durement touché par les inondations de 2010, le propriétaire d'une maison d'hôtes, Nasir Khan, a affirmé avoir tout perdu. "La partie du bâtiment épargnée il y a 12 ans a été engloutie par les eaux", a-t-il raconté à l'AFP.
Ces intempéries sont comparables à celles de 2010, année au cours de laquelle 2.000 personnes avaient été tuées et près d'un cinquième du pays submergé par les pluies de mousson qui interviennent chaque année entre juin et septembre, selon les autorités.
- "Catastrophe" -
Vendredi, le gouvernement a déclaré l'état d'urgence et mobilisé l'armée pour faire face à cette "catastrophe d'une rare ampleur", selon les termes de la ministre du Changement climatique, Sherry Rehman.
Le pays est particulièrement vulnérable au dérèglement climatique. Il figure en huitième position des pays les plus menacés par les phénomènes météorologiques extrêmes, selon une étude de l'ONG Germanwatch.
Pourtant, les habitants ont aussi leur part de responsabilité. La corruption et des programmes d'urbanisme mal établis ont conduit à la construction de milliers de bâtiments dans des zones inondables.
Ces inondations surviennent au pire moment pour le Pakistan, dont l’économie s’effondre et qui connaît une profonde crise politique depuis l'éviction du Premier ministre Imran Khan en avril, à la suite d'une motion de censure à l'Assemblée nationale.
Si la capitale Islamabad et la ville voisine de plus de 2 millions d'habitants, Rawalpindi, ont échappé au pire, les premières conséquences se font déjà sentir: "les approvisionnements sont très limités", souligne Muhammad Ismail, un marchand de fruits et légumes à Rawalpindi.
"Les tomates, les petits pois, les oignons et autres légumes ne sont pas disponibles en raison des inondations", explique-t-il à l'AFP, ajoutant que les prix avaient également grimpé en flèche.
M.Delgado--TFWP