The Fort Worth Press - Dans les cendres et les larmes, l'étrange mission de préservation d'une forêt thaïlandaise brûlée

USD -
AED 3.672995
AFN 71.499143
ALL 89.74485
AMD 391.009804
ANG 1.790208
AOA 916.495795
ARS 1075.754886
AUD 1.685725
AWG 1.80125
AZN 1.673613
BAM 1.787694
BBD 2.01692
BDT 121.35421
BGN 1.784098
BHD 0.376948
BIF 2925.5
BMD 1
BND 1.349349
BOB 6.902572
BRL 6.014497
BSD 0.998862
BTN 86.097134
BWP 14.0993
BYN 3.269024
BYR 19600
BZD 2.006481
CAD 1.426735
CDF 2872.000397
CHF 0.845995
CLF 0.026094
CLP 1001.329764
CNY 7.339302
CNH 7.39964
COP 4424.25
CRC 512.832233
CUC 1
CUP 26.5
CVE 101.000057
CZK 22.951298
DJF 177.719882
DKK 6.80441
DOP 62.787821
DZD 133.541221
EGP 51.273201
ERN 15
ETB 129.949962
EUR 0.911365
FJD 2.35025
FKP 0.785678
GBP 0.782495
GEL 2.755027
GGP 0.785678
GHS 15.497748
GIP 0.785678
GMD 72.17057
GNF 8663.804194
GTQ 7.715806
GYD 209.409415
HKD 7.769405
HNL 25.628127
HRK 6.863498
HTG 131.583485
HUF 373.917226
IDR 16852.692308
ILS 3.79445
IMP 0.785678
INR 85.932969
IQD 1312.060987
IRR 42111.979176
ISK 132.744003
JEP 0.785678
JMD 157.736833
JOD 0.709026
JPY 145.593992
KES 129.511174
KGS 86.805951
KHR 4005.661669
KMF 450.692198
KPW 899.976479
KRW 1470.494017
KWD 0.307863
KYD 0.829268
KZT 521.040525
LAK 21690.770454
LBP 89906.628583
LKR 296.695051
LRD 200.280625
LSL 19.577283
LTL 2.95274
LVL 0.60489
LYD 4.934084
MAD 9.561565
MDL 17.754528
MGA 4633.203922
MKD 56.254848
MMK 2099.38476
MNT 3509.76811
MOP 8.002611
MRU 39.949261
MUR 45.080826
MVR 15.445222
MWK 1736.03677
MXN 20.880805
MYR 4.478796
MZN 63.817034
NAD 19.577283
NGN 1576.150318
NIO 36.838353
NOK 10.951765
NPR 137.557201
NZD 1.820118
OMR 0.384984
PAB 1
PEN 3.681492
PGK 4.055324
PHP 57.330483
PKR 280.729906
PLN 3.930989
PYG 8022.7182
QAR 3.640439
RON 4.560348
RSD 107.305119
RUB 86.162468
RWF 1430.455354
SAR 3.749883
SBD 8.500642
SCR 14.575794
SDG 600.12631
SEK 10.02396
SGD 1.35208
SHP 0.785843
SLE 22.759713
SLL 20969.501083
SOS 574.116425
SRD 36.572442
STD 20697.981008
SVC 8.749976
SYP 13001.558046
SZL 19.577283
THB 34.746653
TJS 10.871664
TMT 3.498288
TND 3.080342
TOP 2.406281
TRY 37.99725
TTD 6.783843
TWD 33.03309
TZS 2681.884327
UAH 41.206967
UGX 3696.64109
UYU 42.556096
UZS 12996.655465
VES 72.084089
VND 25793.538418
VUV 125.059451
WST 2.843211
XAF 600.922931
XAG 0.033717
XAU 0.000335
XCD 2.706586
XDR 0.749413
XOF 600.922931
XPF 109.319941
YER 245.795492
ZAR 19.76401
ZMK 9001.2015
ZMW 27.939123
ZWL 321.999592
  • AEX

    22.6000

    823.89

    +2.82%

  • BEL20

    121.8400

    4052.27

    +3.1%

  • PX1

    173.1800

    7100.42

    +2.5%

  • ISEQ

    346.2500

    9654.13

    +3.72%

  • OSEBX

    11.4000

    1401.52

    +0.82%

  • PSI20

    175.3500

    6437.75

    +2.8%

  • ENTEC

    -5.8300

    1416.23

    -0.41%

  • BIOTK

    117.5200

    2639.37

    +4.66%

  • N150

    78.3600

    3092.39

    +2.6%

Dans les cendres et les larmes, l'étrange mission de préservation d'une forêt thaïlandaise brûlée
Dans les cendres et les larmes, l'étrange mission de préservation d'une forêt thaïlandaise brûlée / Photo: © AFP

Dans les cendres et les larmes, l'étrange mission de préservation d'une forêt thaïlandaise brûlée

La généticienne Inna Birchenko pleure, au milieu de la réserve naturelle thaïlandaise d'Umphang. Il n'était pas prévu que cette forêt, où elle est venue collecter des spécimens d'arbres, brûle. La fumée flotte encore dans l'air.

Taille du texte:

"Cette belle communauté diverse d'arbres et d'animaux est en train d'être détruite sous nos yeux", se lamente-t-elle, choquée de découvrir les ravages du feu.

Inna Birchenko est chercheuse aux célèbres Jardins botaniques royaux de Kew, un organisme public britannique qui gère le projet titanesque de la "Banque de semences du millénaire": près de 2,5 millions de graines de plus de 40.000 espèces de plantes sauvages méticuleusement échantillonnées dans le monde, et conservées pour la postérité.

Avec des scientifiques du Royaume-Uni et de Thaïlande, elle est cette fois venue ici pour collecter des graines et des feuilles d'arbres de cette réserve naturelle, censée être un joyau de préservation. Avec l'objectif d'étudier l'impact de la température et de l'humidité sur la germination des arbres.

Ces connaissances pourraient un jour aider à reboiser avec des arbres plus résistants à l'élévation des températures et aux climats plus secs.

Mais à Umphang, dans cette zone isolée du nord-ouest thaïlandais, les chercheurs sont atterrés de constater les répercussions des activités humaines sur des forêts pourtant théoriquement protégées.

La randonnée sauvage d'Inna Birchenko et de ses collègues s'est transformée en sinistre marche de plusieurs kilomètres sur un sol couvert de cendre noire et grisâtre, à travers des bois parfois encore fumants. Ils ont aussi découvert, sur des parcelles visiblement défrichées, des étendues de champs de maïs.

Aucune trace de la faune sauvage: Inna ne verra pas les calaos (des oiseaux), éléphants, cerfs et tigres qui font la réputation du site.

A la place, l'équipe ramasse une cigale jaune à moitié carbonisée et découvre cinq oeufs aux coquilles roussies par les flammes dans un nid de poule sauvage.

"Cela me fend le coeur", lâche Nattanit Yiamthaisong, doctorante de l'unité de recherche sur la restauration des forêts (Forru) à l'université de Chiang Mai, qui travaille avec Mme Birchenko et son collègue de Kew, Jan Sala.

"Je croyais qu'une réserve ou un parc naturel étaient des zones protégées. Je ne m'attendais pas à voir autant de champs, ni autant de feux".

- Incendies récurrents -

Les feux de forêt sont courants en Thaïlande au printemps, quand les agriculteurs embrasent les restes de la récolte précédente pour faire place nette à de nouveaux semis.

Certaines communautés, qui peuplent les zones protégées de longue date, ont des autorisations spéciales pour y cultiver des parcelles.

Les brûlis agricoles peuvent aider à enrichir le sol. Le feu fait aussi partie intégrante d'écosystèmes forestiers, certaines graines en ayant par exemple besoin pour germer.

Mais, parfois, les feux de champs atteignent les forêts adjacentes, accidentellement ou non. Le risque est accru par le climat plus sec lié au changement climatique et par la pression économique sur les agriculteurs, qui les pousse à semer plus fréquemment et sur de plus grands espaces.

Or des forêts soumises à des incendies récurrents et extrêmes pourraient ne jamais s'en remettre, avertissent des experts.

Vue de satellites de la Nasa, la multiplication des incendies est frappante depuis plusieurs semaines dans de nombreuses zones de Thaïlande pourtant officiellement protégées.

Dans la région touristique de Chiang Mai, les pompiers interviennent et envoient des hélicoptères qui larguent de l'eau sur les forêts en flammes, au prix de milliers de dollars par mission.

Mais la réserve d'Umphang, elle, est loin des regards et délaissée. Des gardes forestiers protègent certes le secteur, mais ils sont mal payés et surmenés, et manquent de moyens, selon des défenseurs de l'environnement.

Le ministère thaïlandais des Parcs nationaux n'a pas répondu aux sollicitations de l'AFP.

- Déforestation rapide -

"La forêt tropicale immaculée que nous nous attendions à voir a disparu", déplore Jan Sala, expert en germination. "Cela montre vraiment l'importance de la préservation de la biodiversité car tout est en train d'être déboisé très, très rapidement".

Le projet de Jan Sala et Inna Birchenko vise à cartographier la structure et la diversité génétiques de trois espèces d'arbres, à prédire leur résistance au changement climatique et, au bout du compte, à délimiter en Thaïlande des zones de plantation selon l'adaptabilité des espèces.

"Nous espérons que certains (arbres) seront plus résistants au changement climatique. Et ensuite (...) nous pourrons mieux faire usage" de tel ou tel type d'arbre pour reboiser, explique M. Sala.

De retour au Royaume-Uni, les chercheurs feront germer les graines collectées, à des températures et des niveaux d'humidité différents afin de connaître leurs limites.

Des analyses génétiques permettront d'identifier les mutations qui rendent les arbres plus résistants au réchauffement.

D'où la mission de collecte de spécimens en Thaïlande, concentrée sur trois espèces d'arbres non menacées: l'albizia odoratissima, le phyllanthus emblica (une sorte de groseiller) et le sapindus rarak. Toutes se développent dans des climats différents et les habitants de la zone savent les repérer.

Malgré leur aide, la tâche s'avère parfois complexe pour l'équipe scientifique, qui scrute la forêt pour repérer les formes de feuilles des arbres en question.

- Capsule "pour l'avenir" -

"Ma Sak?", crie Jan Sala, en prononçant le nom local du sapindus rarak, dont les fruits étaient autrefois utilisés comme détergent naturel.

La confirmation revient au technicien du Forru, Thongyod Chiangkanta, un ancien garde forestier et expert en identification des plantes.

Idéalement, les graines sont prélevées dans les fruits encore attachés à l'arbre. Quand les branches sont trop hautes, l'équipe lance une corde rouge lestée vers les branches pour les secouer et faire pleuvoir les fruits, mais aussi des feuilles qu'analysera Inna Birchenko.

Ces échantillons de branches et de feuilles sont soigneusement pressés comme dans un herbier, et rejoindront plus de sept millions d'autres spécimens en Angleterre, dans l'herbarium de Kew.

Quant aux graines, les chercheurs prévoient d'en collecter des milliers durant l'expédition, en s'assurant au préalable qu'elles ne sont ni gâtées ni infestées.

La mission n'est pas infructueuse. "C'est génial de trouver les arbres, mais en même temps vraiment triste, parce qu'à cinq mètres de l'arbre, il y a un feu de forêt, l'espace est dégradé, et j'imagine que ces arbres ne seront plus là dans quelques années", dit Jan Sala.

Les prélèvements de l'équipe ont lieu dans sept zones de Thaïlande, qui heureusement n'ont pas toutes brûlé.

C'est "une capsule de la diversité génétique que nous préservons pour l'avenir", résume Inna Birchenko, qui n'en reste pas moins anxieuse de l'avenir: "Nous faisons quelque chose, mais nous faisons trop peu et peut-être trop tard."

S.Jones--TFWP