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Après la COP28 à Dubaï, direction Bakou: la prochaine conférence climatique, la COP29, se déroulera dans un berceau historique du pétrole, l'Azerbaïdjan, désormais engagé dans une course au gaz.
L'ex-république soviétique de 10 millions d'habitants dopée aux hydrocarbures compte augmenter sa production de gaz de 35% dans les dix prochaines années, à rebours des efforts requis pour contenir le réchauffement de la planète.
Alors que la dernière COP aux Emirats arabes unis s'est achevée sur un appel inédit à "transitionner" hors des énergies fossiles, une analyse de l'ONG Global Witness à partir de données de Rystad Energy montre que le pays hôte de la COP29 prévoit de faire passer sa production gazière de 35 milliards de m3 (bcm) en 2024 à 47 bcm en 2034.
Les prévisions couvrent les chiffres de la production actuelle du pays, les estimations de la production des réserves approuvées pour développement ainsi que des réserves confirmées mais pas encore autorisées pour exploitation. Elles excluent le condensat, une forme liquide de gaz.
"L'Azerbaïdjan augmente sa production de gaz alors que le monde a un besoin urgent de se débarrasser de ses habitudes en matière de combustibles fossiles", a déclaré à l'AFP Patrick Galey, chargé des enquêtes à Global Witness.
Le pays, membre de l'Opep+, a une histoire ancienne avec les hydrocarbures, qui alimentent encore la moitié de son économie. Au XIIIe siècle, le voyageur Marco Polo décrivait déjà l'or noir jaillir du sol. Mais aujourd'hui, le gaz est sur le point de surpasser le pétrole dont les champs déclinent.
Dans la décennie 2030, le gaz devrait représenter plus de la moitié de la production fossile du pays, selon des données communiquées par Rystad Energy à l'AFP.
Ses exportations vers la Turquie, l'Europe, la Géorgie et de l'Iran ont déjà été multipliées par plus de trois depuis 2015.
L'expansion gazière de Bakou se nourrit principalement du projet Shah Deniz, l'un des plus grands champs gaziers du monde, découvert en 1999 en mer Caspienne et opéré par BP, tandis que d'autres projets comme Umid-Babek et Absheron vont monter en puissance.
Entré en production en juillet, le champ d'Absheron est opéré par la Jocap, qui associe la Socar, compagnie nationale pétrolière du pays dont est issue le président de la COP29, le Français TotalEnergies, et Adnoc, la compagnie nationale émiratie qui a tant fait parler à la dernière COP.
- L'Europe compte sur Bakou -
Les Emirats arabes unis, hôtes de la COP28, avaient désigné Sultan Al Jaber, patron d'Adnoc, pour présider la conférence de l'ONU, un choix qui avait irrité des ONG et certains pays. En 2024, scénario similaire à Bakou: la COP sera présidée par un ancien cadre de la Socar, Mukhtar Babayev, ministre de l'Ecologie et des Ressources naturelles.
Le pays est certes un "petit acteur" dans l'ombre des géants américain, russe ou saoudien, mais il va jouer un rôle plus important "au moins pour l'Europe du Sud”, estime Swapnil Babele, analyste à Rystad Energy.
Pour remplacer le gaz russe, l'Europe s'est tourné vers le gaz azerbaïdjanais, dont la part dans ses importations a crû de 2% en 2021 à 4% en 2023, selon Eurostat.
Après l'offensive au Haut-Karabakh, ces approvisionnements ont été critiqués notamment par des eurodéputés, qui ont regretté la réaction timide de l'UE vis-à-vis de l'Azerbaïdjan et demandé l'interruption des négociations sur l'accord gazier signé en 2022. L'objectif de cet accord est ambitieux: doubler les exportations de gaz à 20 milliards de m3 d'ici 2027.
Le potentiel d'exportations du pays est important, "mais le problème réside dans la capacité de ses oléoducs", souligne Swapnil Babele.
Bakou exporte son gaz à travers le corridor gazier sud-européen, un ensemble de gazoducs qui débouche en Europe en passant par la Géorgie et la Turquie, avec notamment le Trans Adriatic Pipeline (TAP) dont la capacité peut être doublée mais au prix de lourds investissements. Cela impliquera "des engagements à long terme" des opérateurs gaziers européens, selon Rystad.
T.Dixon--TFWP