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Des milliers d'évacués, des villages menacés, des installations pétrolières à l'arrêt: deux jours après avoir déclaré l'état d'urgence, la province canadienne de l'Alberta s'apprête à demander lundi l'aide du gouvernement fédéral pour lutter contre des feux "sans précédent".
Lundi matin, plus d'une centaine d'incendies dans des forêts ou de broussailles étaient toujours actifs dans la province, dont 28 considérés comme "hors de contrôle" par les autorités.
Les pompiers se concentrent sur ceux qui menacent des habitations. Autour de la principale ville d'Edmonton, de nombreuses routes étaient bloquées.
Plusieurs compagnies pétrolières - Vermilion Energy et Crescent Point Energy... - ont indiqué lundi avoir dû réduire leur production par endroits en raison des feux.
La province a ouvert plusieurs refuges pour les évacués mais nombre d'entre eux ont fui avec leur camping-car ou caravane et se sont regroupés sur des terrains vagues. Certains sont hébergés chez des amis ou de la famille, comme Jerry Greiner, un habitant de Drayton Valley, à 150 km à l'ouest d'Edmonton.
"Vendredi, nous pouvions voir la fumée et il y avait un vent assez fort", raconte-t-il à l'AFP, les larmes aux yeux.
"Dans la soirée, nous avons reçu la première alerte vers 22H puis l'avis final d'évacuation vers 23H. Nous avons rapidement pris nos sacs pour nous rendre chez nos amis", ajoute l'homme de 55 ans aux cheveux gris, qui est évacué pour la première fois.
Autour de cette petite localité de 7.000 habitants entièrement évacuée, la forêt et les champs sont noircis par les flammes même si la plupart des habitations ont été préservées, a constaté une journaliste de l'AFP. La ville est toujours interdite d'accès, prise dans la fumée, le feu étant maitrisé mais pas complètement éteint.
Installée dans un camping de fortune, Dorothy Denis, une autre évacuée, est sous le choc. "C'est effrayant et surréaliste", répète-t-elle. "Chaque fois que l'alerte est donnée, nous sommes sur le qui-vive. On veut regarder mais on a peur qu'ils annoncent que notre ville est en feu".
A Fox Lake, dans le nord de l'Alberta, un violent incendie a ravagé 20 maisons, un magasin et un poste de police. Les habitants ont été évacués par bateau et hélicoptère.
- Soutien militaire -
La province canadienne de l'Alberta, l'une des plus grandes productrices de pétrole au monde, "a connu un printemps chaud et sec et avec autant de petit-bois, il suffit de quelques étincelles pour déclencher des incendies vraiment effrayants", a expliqué ce week-end la Première ministre de la province, Danielle Smith.
Cette dernière, qui est en pleine campagne pour sa réélection, doit s'entretenir lundi avec le Premier ministre canadien Justin Trudeau.
"Nous savons qu'ils peuvent apporter un soutien militaire. Nous allons voir ce qu'ils peuvent apporter comme expertise contre les incendies et en ingénierie", a déclaré Danielle Smith à la presse dimanche soir. La veille, elle avait qualifié ces incendies de "sans précédent".
La province, tout comme dans ses deux voisines, la Colombie-Britannique et la Saskatchewan, connaît actuellement des conditions "anormalement sèches" voire une "sécheresse grave" par endroit, selon les derniers relevés du gouvernement canadien.
Depuis quelques années, l'ouest du Canada est frappé à répétition par des événements météorologiques extrêmes, dont l'intensité et la fréquence sont accrues par le réchauffement climatique, dont un dôme de chaleur "historique", qui a fait des centaines de morts et a été suivi par d'importants incendies.
Les autorités espèrent que l'arrivée de températures plus fraîches et d'un peu de pluie depuis dimanche, au moins dans le sud de la province, va permettre de contenir la situation.
Toutefois, les conditions restent instables et il est difficile de déterminer précisément l'étendue des dégâts.
Deux incendies de forêt sont également hors de contrôle en Colombie-Britannique et les autorités ont prévenu que des vents violents étaient attendus dans les prochains jours.
En mai 2016 dans l'Alberta, Fort McMurray, connu pour être le plus grand complexe industriel de sables bitumineux du monde, a été marqué par un gigantesque incendie, qui reste la plus coûteuse catastrophe de l'histoire du Canada.
F.Carrillo--TFWP