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Crise majeure des recrutements, chantier de la revalorisation salariale: le ministre de l'Education Pap Ndiaye présente vendredi sa première rentrée scolaire, confronté aux défis de mettre comme promis "un professeur devant chaque classe" et de redonner de l'attractivité au métier.
La rentrée avait eu lieu l'an dernier sous le sceau de la crise sanitaire. Cette année, c'est sous celui de la crise du recrutement des enseignants.
Le retour à l'école des 12 millions d'élèves, le 1er septembre, "s'annonce dans des conditions assez similaires à l'an dernier alors que les conditions (du recrutement des professeurs) se sont dégradées", a dit jeudi soir le ministre sur France 2, faisant référence à la pénurie d'enseignants qui a conduit à l'embauche de "3.000 contractuels". Les conditions sont "convenables, je ne dirais pas optimales".
Signe de l'importance du sujet, le président Emmanuel Macron est lui-même intervenu jeudi lors de la réunion de rentrée des recteurs d'académie pour détailler sa feuille de route pour l'éducation, à la veille de la conférence de presse de rentrée de Pap Ndiaye.
Sur la question des rémunérations des professeurs, inférieures en France à la moyenne des pays de l'OCDE, le président a de nouveau promis que la revalorisation serait "poursuivie" afin qu'aucun d'entre eux ne débute sa carrière "à moins de 2.000 euros nets" par mois. Le ministre de l'Education a précisé que cette hausse aurait lieu à la rentrée 2023.
A cette revalorisation, s'ajoutera un "pacte pour les enseignants" qui leur permettra, sur une base volontaire, de "s'engager (...) dans des missions supplémentaires", comme le suivi individualisé, des tâches d'encadrement ou "des actions qui ont du sens", et qui seront "rémunérées", a-t-il dit.
La profession connaît en effet une crise d'attractivité sans précédent, avec plus de 4.000 postes non pourvus cette année aux concours enseignants dans le pays (sur 27.300 postes ouverts dans le public et le privé).
Cette pénurie a poussé le gouvernement à recruter dès juin un nombre important de contractuels pour assurer la rentrée lors de controversés "job-dating", entretiens organisés dans plusieurs académies. Les personnes retenues --3.000 selon Pap Ndiaye-- enseigneront dès la rentrée, avec quelques jours de formation seulement.
- Les chantiers de l'année à venir -
Les inquiétudes sont vives du côté des syndicats, qui prévoient une rentrée sous tension.
Le syndicat enseignant SE-Unsa a alerté jeudi sur la "fragilité" du système éducatif, déjà éprouvé par la crise sanitaire et les réformes successives. "Notre système d'éducation se rapproche d'un point de rupture", a déclaré son secrétaire général Stéphane Crochet.
"La rentrée sera difficile" pour l'école publique, a prévenu de son côté le SNUipp-FSU, premier syndicat du primaire.
Face à la crise d'attractivité, Emmanuel Macron souhaite "qu'on reprenne à bras-le-corps le sujet de la formation des enseignants". "Des gens ont le droit de s'engager dès le baccalauréat dans ce beau métier, d'avoir une filière qui est un peu fléchée, un peu accompagnée", a-t-il dit.
Autre chantier à venir pour Pap Ndiaye: la voie professionnelle, qui doit traverser une "transformation profonde", selon Emmanuel Macron. Son premier mandat avait réformé le lycée général (et le bac), c'est donc à présent au tour du lycée professionnel.
Le président veut "réarrimer très en profondeur et en amont le lycée professionnel avec le monde du travail", développer "les temps de stage d'au moins 50%" et mieux les rémunérer, et recruter davantage de professeurs issus du monde professionnel.
Pap Ndiaye devra par ailleurs porter le dispositif de "l'école du futur", qu'Emmanuel Macron a présenté lors de ses déplacements à Marseille avant l'été.
Sur ce sujet, le président a annoncé la création d'un fonds d'innovation pédagogique d'"au moins 500 millions d'euros", dès septembre, pour les établissements souhaitant mettre en place un projet pédagogique spécifique.
T.M.Dan--TFWP