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Les agents publics sont en grève et manifestent jeudi pour alerter sur la "dégradation" de leurs "conditions de travail et de rémunération", une mobilisation très suivie dans l'éducation qui intervient en pleine crise politique, au lendemain de la chute du gouvernement.
Après les cheminots et les agriculteurs, l'exécutif fait face à un nouvel avis de tempête sociale. En face, les syndicats doivent relever le défi de la mobilisation et réunir leurs troupes opposées aux projets d'un gouvernement désormais démissionnaire.
Le mouvement est très suivi dans l'éducation ou près d'un enseignant sur trois est en grève, selon le ministère, avec 40,07% dans le premier degré (écoles maternelles et élémentaires) et 23,47% dans le second degré (collèges et lycées).
De son côté, le Snes-FSU, premier syndicat du second degré, annonce 54% de professeurs grévistes dans les collèges et lycées à 10h15.
Cette journée doit permettre de lancer une "alerte sur la dégradation des conditions de travail et de rémunération en direction du futur gouvernement et des parlementaires qui auront à construire les prochaines lois de finances pour 2025", a déclaré à l'AFP Mylène Jacquot, secrétaire générale de la CFDT Fonction publique.
Des dizaines de rassemblements ont lieu en France, notamment à Paris, près du ministère de l'Economie et des Finances. Un point presse de l'intersyndicale (CGT, CFDT, UNSA, FSU, CFE-CGC, Solidaires et FA-FP) est prévu sur place à 13H00, en présence notamment des secrétaires générales de la CGT, Sophie Binet, et de la CFDT, Marylise Léon. Un cortège doit ensuite s'élancer vers la place d'Italie.
Les autorités attendent entre 4.000 et 8.000 participants à la manifestation parisienne. Elle sera sous vigilance renforcée au vu du contexte politico-social. Parmi les figures politiques, le secrétaire général du Parti socialiste Olivier Faure a notamment annoncé sa participation.
A Paris, cinq établissements scolaires se sont mobilisés avec des blocages partiel ou total de lycées parisiens, a indiqué le rectorat avec plusieurs centaines de lycéens mobilisés.
Une petite centaine de personnes ont bloqué dans la matinée l'accès au lycée Buffon, à Paris. "On veut être solidaires de nos profs en grève et montrer un minimum de soutien sachant qu'ils sont déjà très peu payés", a lancé Léa, étudiante en terminale.
A Dijon, un incident a été relevé, où un jeune homme a été interpellé après le jet d'un projectile enflammé qui a légèrement blessé le proviseur d'un lycée en marge d'un rassemblement.
- "Casse du service public" -
A Marseille et Lyon, des centaines de personnes étaient rassemblées, ont constaté des journalistes de l'AFP.
"On est là parce qu'on a des gouvernements qui se succèdent et qui cassent le service public par des réformes qui visent à détruire nos métiers, notre statut et les services publics", a lancé Fabien Rengade, agent territorial et membre d'une coordination syndicale dans les Bouches-du-Rhône.
"Le fait que le gouvernement soit tombé, ça ne change pas, car il y a clairement une majorité de droite qui cherche à faire une politique assez dure contre le service public", a déploré Olivier Rubat fonctionnaire de 54 ans dans le cortège lyonnais.
La FSU-Snuipp, syndicat majoritaire dans le primaire, avait annoncé "65% de grévistes" dans les écoles et jusqu'à "78% de grévistes et plus de 300 écoles fermées en Seine-Saint-Denis".
Côté ciel, l'aviation civile a demandé aux compagnies aériennes de réduire leurs programmes de vols pour la journée, mais les perturbations semblaient modérées dans la matinée, la direction générale de l'aviation civile ne faisant pas état de retards notables au décollage où à l'arrivée des principaux aéroports français.
L'annonce fin octobre par le gouvernement démissionnaire d'un plan de lutte contre l'"absentéisme" des fonctionnaires pour dégager 1,2 milliard d'euros d'économies a progressivement tendu les relations entre les syndicats d'agents et le ministre désormais démissionnaire de la Fonction publique, Guillaume Kasbarian, avant d'aboutir à une rupture du dialogue social.
Le gouvernement justifiait ces dispositions par la nécessité de faire des "économies" pour relever des finances publiques en berne et ramener le déficit de 6,1% attendu en 2024 à 5% du PIB en 2025.
Les syndicats exigeaient notamment qu'il renonce à trois mesures qui ont cristallisé la colère des agents: le passage d'un à trois jours de carence pour les fonctionnaires malades, la réduction de 100% à 90% de la rémunération en cas d'arrêt maladie, et la non-reconduction du versement d'une prime en soutien au pouvoir d'achat.
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C.Rojas--TFWP