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Les agents publics sont en grève et manifestent jeudi pour alerter sur la "dégradation" de leurs "conditions de travail et rémunération", une mobilisation très suivie dans l'éducation qui intervient en pleine crise politique, au lendemain de la chute du gouvernement.
Après les cheminots et les agriculteurs, l'exécutif fait face à un nouvel avis de tempête sociale. En face, les syndicats doivent relever le défi de la mobilisation et réunir leurs troupes opposées aux projets d'un gouvernement désormais démissionnaire.
En dépit de l'inconnue politique, cette journée doit permettre de lancer une "alerte sur la dégradation des conditions de travail et de rémunération en direction du futur gouvernement et des parlementaires qui auront à construire les prochaines lois de finances pour 2025", a déclaré à l'AFP Mylène Jacquot, secrétaire générale de la CFDT Fonction publique.
Des dizaines de rassemblements sont prévus en France à l'appel d'une intersyndicale large, notamment à Paris, près du ministère de l'Economie et des Finances. Un point presse de l'intersyndicale (CGT, CFDT, UNSA, FSU, CFE-CGC, Solidaires et FA-FP) est prévu sur place à 13H00, en présence notamment des secrétaires générales de la CGT, Sophie Binet, et de la CFDT, Marylise Léon. Un cortège doit ensuite s'élancer vers la place d'Italie.
Dans la matinée, une petite centaine de personnes bloquait l'accès au lycée Buffon, à Paris, a constaté une journaliste de l'AFP. "On veut être solidaires de nos profs en grève et montrer un minimum de soutien sachant qu'ils sont déjà très peu payés", a lancé Léa, étudiante en terminale. Un autre établissement parisien, le lycée Voltaire, a également annoncé ne pas être "en capacité d'accueillir les élèves".
- Rupture -
La FSU-Snuipp, syndicat majoritaire dans le primaire, prévoit "65% de grévistes" dans les écoles et jusqu'à "78% de grévistes et plus de 300 écoles fermées en Seine-Saint-Denis", tandis que le Snes-FSU, principal syndicat du secondaire, table sur "au moins 50% de grévistes dans les collèges et lycées".
Côté ciel, l'aviation civile a demandé aux compagnies aériennes de réduire leurs programmes de vols pour la journée, mais les perturbations semblaient modérées dans la matinée, la direction générale de l'aviation civile ne faisant pas état de retards notables au décollage où à l'arrivée des principaux aéroports français.
L'organisme de surveillance du trafic Eurocontrol a néanmoins relevé des "retards importants" pour les avions devant survoler une partie de la région parisienne et des zones aériennes autour de Marseille. A Lille, l'aéroport restera fermé de jeudi soir 20H00 à vendredi 07H00, selon la direction de l'aéroport.
L'annonce fin octobre par le gouvernement démissionnaire d'un plan de lutte contre l'"absentéisme" des fonctionnaires pour dégager 1,2 milliard d'euros d'économies a progressivement tendu les relations entre les syndicats d'agents et le ministre désormais démissionnaire de la Fonction publique, Guillaume Kasbarian, avant d'aboutir à une rupture du dialogue social.
Le gouvernement justifiait ces dispositions par la nécessité de faire des "économies" pour relever des finances publiques en berne et ramener le déficit de 6,1% attendus en 2024 à 5% du PIB en 2025.
Les syndicats exigeaient notamment qu'il renonce à trois mesures qui ont cristallisé la colère des agents: le passage d'un à trois jours de carence pour les fonctionnaires malades, la réduction de 100% à 90% de la rémunération en cas d'arrêt maladie, et la non-reconduction du versement d'une prime en soutien au pouvoir d'achat.
Plus de sept mois après le dernier mouvement social -peu suivi- des fonctionnaires, "on est parti sur quelque chose de bien plus gros jeudi", selon Luc Farré, secrétaire général de l'UNSA fonction publique. Son organisation a décidé mi-novembre de ne plus siéger dans les "instances de dialogue social présidées par le ministre".
S.Palmer--TFWP