AEX
4.0100
En pleine sécheresse historique, plusieurs milliers de manifestants entendent braver samedi l'interdiction de la préfecture des Deux-Sèvres pour crier leur opposition aux "bassines" près du chantier d'une nouvelle réserve d'eau destinée à l'irrigation agricole.
Le collectif "Bassines Non Merci", qui rassemble des associations environnementales, organisations syndicales et groupes anticapitalistes opposés à cet "accaparement de l'eau" destiné à l'"agro-industrie", a annoncé la présence de 10.000 personnes.
La préfète des Deux-Sèvres Emmanuelle Dubée a, elle, évoqué vendredi aux alentours de "5.000" manifestants attendus à partir de 10h00 dans ce village d'environ 350 habitants devenu le nouvel épicentre d'un conflit sur l'usage de cette ressource qui se raréfie avec le réchauffement climatique.
Des heurts entre gendarmes et manifestants avaient émaillé le dernier rassemblement de ce type en mars et des dégradations sur des installations agricoles avaient aussi été enregistrées.
L'arrêté concerne neuf autres communes ainsi que celles de Mauzé-sur-le Mignon, où une première réserve est déjà construite, et de Val-du-Mignon.
A cela s'est ajouté mercredi une interdiction de circuler et de stationner pour les personnes venues de l'extérieur et le déploiement de 1.500 gendarmes sur place, selon Mme Dubée.
Les opposants aux réserves d'eau, qui ont prévu des événements sur place tout le week-end, ont intenté un référé contre ces arrêtés qui a été rejeté vendredi par le tribunal administratif de Poitiers.
Les participants encourent une amende de 135 euros, a rappelé le tribunal.
- 260 piscines olympiques -
Environ 200 élus, avocats ou professeurs ont dénoncé un manquement à "la liberté fondamentale de manifester" dans une tribune publiée jeudi soir par Libération. Parmi les signataires, des élus insoumis ou écologistes comme Mathilde Panot, Clémentine Autain, Alexis Corbière ou Yannick Jadot, annoncé sur les lieux samedi.
La réserve de Sainte-Soline est la deuxième de 16 réserves de substitution, au coeur d'un projet élaboré par un groupement de 400 agriculteurs réunis dans la Coop de l'eau, pour "baisser de 70% les prélèvements en été", dans cette région qui connaît encore des restrictions d'irrigation après une sécheresse estivale hors norme.
Ces cratères à ciel ouvert, recouverts d'une bâche en plastique, sont remplis grâce au pompage de l'eau des nappes phréatiques superficielles l'hiver et peuvent stocker jusqu'à 650.000 m3 (soit 260 piscines olympiques). Cette eau est utilisée pour l'irrigation l'été, quand les précipitations se font plus rares.
Les opposants dénoncent des "mégabassines" réservées à de grandes exploitations céréalières tournées vers l'exportation et défendent la mise en place d'autres mesures pour mieux partager et préserver l'eau - agroécologie, changement de cultures, retour des prairies...
Denis Mousseau, président de la FNSEA 79 qui défend ce projet de stockage, a rappelé jeudi à l'AFP "la forte inquiétude" des agriculteurs locaux face à l'appel d'organisations à "la désobéissance civile".
"Pour éviter toute montée en puissance de ce genre de choses, on appelle à la plus grande vigilance et à la sérénité", a-t-il ajouté.
Les organisateurs du rassemblement se sont installés depuis mardi dans un camp monté sur le champ prêté par un paysan, à proximité du chantier.
G.Dominguez--TFWP