AEX
4.0100
De belles couleurs d'été pour oublier deux sombres années de pandémie: Air France-KLM a dégagé 460 millions d'euros de bénéfice net au troisième trimestre, réalisant même un chiffre d'affaires supérieur à celui de la période correspondante de 2019 malgré certains vents contraires.
Fruits d'avions quasi pleins, de tarifs élevés et du succès des classes "affaires" et "premium economy", ces résultats "très solides" permettent au groupe aérien franco-néerlandais de réduire à nouveau son endettement, a-t-il annoncé vendredi.
Il va ainsi rembourser par anticipation le mois prochain un milliard d'euros de prêts garantis par l'Etat français, sur 3,5 milliards encore dus.
Air France-KLM a tiré profit de la cruciale période estivale en transportant 25 millions de passagers, soit une hausse de 47,6% par rapport au troisième trimestre 2021.
Mais son chiffre d'affaires a fait largement mieux, bondissant de 77,6% à 8,11 milliards d'euros, un niveau supérieur de 500 millions d'euros à celui du troisième trimestre 2019, avant l'irruption du Covid.
Air France-KLM n'a pourtant déployé cet été que 89% de sa capacité en sièges de 2019, avec un taux de remplissage de 88%.
Grâce au bénéfice du troisième trimestre - néanmoins plombé de 300 millions d'euros par le dollar fort, selon le directeur financier Steven Zaat -, la société passe de 232 millions d'euros dans le vert sur les neuf premiers mois de l'année. Elle avait perdu 7,1 milliards d'euros en 2020 et 3,3 milliards en 2021.
Sa dette nette a décru de 2,2 milliards d'euros depuis fin 2021, à 5,9 milliards.
Malgré cette amélioration, la Bourse de Paris a mal réagi, l'action Air France chutant de 5% peu après l'ouverture.
Possible élément d'explication, les analystes consultés en amont par Factset et Bloomberg tablaient sur un bénéfice net encore supérieur. Et ceux de Stifel ont pointé des comptes encore fragiles face à une "détérioration des fondamentaux du marché" redoutée l'année prochaine.
Sauvé de la faillite par les interventions des Etats français et néerlandais, et après deux recapitalisations, le groupe est sorti intrinsèquement plus rentable de la crise du Covid-19.
Il a mené un plan de réduction des coûts, se débarrassant de ses avions les moins profitables et réduisant ses effectifs: -16% d'équivalents temps plein chez Air France et -11% chez KLM.
- "Forte demande" malgré l'inflation -
En outre, "en réponse à la hausse des prix du carburant et à l'augmentation d'autres coûts externes, le Groupe a procédé, sur l'ensemble de ses vols long-courriers, à plusieurs augmentations tarifaires au cours du premier semestre de l'année 2022", a souligné l'entreprise, qui a aussi vu sa rentabilité par siège gonflée par le succès de ses classes supérieures en cabine.
Conséquence: des marges opérationnelles à deux chiffres tant pour Air France (11,4%) que KLM (13,4%) sur le trimestre. Les rentables liaisons avec l'Amérique du Nord ont tourné à plein régime mais sur les routes asiatiques, le niveau d'activité a souffert de la fermeture persistante de la Chine.
La "low cost" Transavia, fer de lance de la croissance du groupe, va de son côté atteindre en 2022 une capacité en sièges-kilomètres offerts, un des indices de référence du secteur, de 115% par rapport à 2019, montant même à plus de 140% au quatrième trimestre et au premier trimestre 2023, forte d'une flotte étoffée.
La performance d'Air France-KLM aurait été encore meilleure sans l'explosion des cours du pétrole: la facture de kérosène a atteint 2,3 milliards d'euros rien qu'au troisième trimestre, une hausse de 181% sur un an.
Malgré l'inflation aussi, le groupe "reste confiant dans sa capacité à augmenter encore ses capacités au cours de la saison d'hiver", a affirmé son directeur général, Benjamin Smith, cité dans un communiqué, assurant par ailleurs que des "progrès significatifs" avaient été constatés dans le "hub" de KLM à Amsterdam-Schiphol après des difficultés d'exploitation cet été.
Pour répondre à une "forte demande" de voyage qui ne semble pas fléchir en dépit de l'érosion générale du pouvoir d'achat en Occident, Air France-KLM pense déployer environ 85% de son offre d'avant-crise lors du trimestre en cours et quelque 90% au premier trimestre 2023.
Le groupe estime qu'il terminera l'année sur un bénéfice d'exploitation supérieur à 900 millions d'euros, non loin du 1,14 milliard de 2019.
S.Jones--TFWP