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Le président iranien Ebrahim Raïssi a promis de punir les auteurs d'un attentat meurtrier contre un sanctuaire chiite, dans un pays toujours sous tension où les forces de sécurité ont tué un manifestant jeudi, selon une ONG.
Près de six semaines après la mort de Mahsa Amini, le mouvement de contestation se poursuit à travers l'Iran malgré une répression meurtrière et des centaines d'arrestations.
Mercredi, un attentat revendiqué par le groupe jihadiste Etat Islamique (EI) a fait 15 morts dans un important sanctuaire musulman chiite de Chiraz, dans le sud de l'Iran.
Le président Raïssi a semblé établir un lien entre les deux, estimant que les "émeutes" déclenchées par la mort de Mahsa Amini ouvraient la voie à des attaques "terroristes".
La jeune Kurde iranienne, âgée de 22 ans, est décédée le 16 septembre trois jours après son arrestation à Téhéran par la police des mœurs qui lui reprochait d'avoir enfreint le code vestimentaire strict de la République islamique, imposant le port du voile pour les femmes dans l'espace public.
Sa mort a déclenché une vague de contestation d'une ampleur sans précédent depuis trois ans en Iran. Tout comme les étudiants, jeunes femmes et écolières sont montées en première ligne, beaucoup tête nue, brûlant leur voile et bravant les forces de sécurité.
Les dirigeants iraniens accusent principalement les Etats-Unis, ennemi juré de l'Iran, d'être derrière ces protestations qu'ils qualifient d'"émeutes".
- "Diviser" la nation -
"L'intention de l'ennemi est de perturber les progrès du pays, et ces émeutes ouvrent la voie à des actes terroristes", a déclaré jeudi M. Raïssi lors d'une visite dans la ville de Zanjan (nord-ouest).
M. Raïssi avait déjà accusé mercredi "les ennemis de l'Iran" qui cherchent "à diviser les rangs unis de la nation (...) par la violence et la terreur", et promis une réponse sévère des forces de sécurité en réaction à l'attaque de Chiraz.
L'EI a déjà revendiqué des attaques en Iran depuis celle du 7 juin 2017, quand des hommes armés et des kamikazes avaient attaqué à Téhéran le Parlement et le mausolée du fondateur de la République islamique, l'ayatollah Khomeiny, faisant 17 morts.
Le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, a appelé jeudi le pays à s'unir pour combattre le "complot" fomenté par les "ennemis de l'Iran".
Dans ce contexte, les manifestations se sont poursuivies dans la nuit puis jeudi.
Les forces de sécurité ont ouvert le feu jeudi à Mahabad, dans l'ouest de l'Iran, tuant un manifestant kurde au moment où une foule s'apprêtait à envahir des bureaux gouvernementaux, a annoncé le groupe de défense des droits humains Hengaw.
Ces incidents ont éclaté après l'enterrement d'un manifestant de 35 ans, Ismaïl Mauludi, tué mercredi soir, alors que la foule se dirigeait vers les bureaux du gouverneur, a ajouté Hengaw.
"Nous ne devrions pas pleurer nos jeunes, nous devrions les venger", criaient les manifestants, selon l'ONG basée en Norvège, qui défend les droits des Kurdes d'Iran.
- Manifestations nocturnes -
Dans la nuit, des explosions avaient été entendues quand les forces de sécurité ont ouvert le feu sur des manifestants à Marivan, une ville de la province du Kurdistan, dans l'ouest du pays, selon une vidéo publiée par Hengaw.
"Mort au dictateur", criaient les manifestants qui avaient allumé des feux dans les rues de la ville voisine de Bukan, selon ce groupe. Des scènes similaires ont été signalées à Ilam, une ville de l'ouest de l'Iran proche de la frontière avec l'Irak.
D'autres manifestants ont encerclé une base de la milice paramilitaire des Bassidj à Sanandaj, une autre ville du Kurdistan, allumant des feux et repoussant les forces de sécurité, selon Hengaw.
Défiant un lourd dispositif de sécurité, criant "Femme, vie, liberté", une foule de plusieurs milliers d'hommes et de femmes s'était réunie mercredi autour de la tombe de Mahsa Amini à Saghez, sa ville d'origine au Kurdistan, pour un hommage à la fin du deuil traditionnel de 40 jours.
"Cette année est l'année du sang, Seyed Ali sera renversé", criait un groupe sur une vidéo authentifiée par l'AFP, en référence au guide suprême iranien.
Après ce rassemblement, des manifestants se sont dirigés vers les bureaux du gouverneur dans le centre de la ville, où, selon des médias iraniens, certains auraient eu l'intention d'attaquer une base militaire.
Selon Hengaw, les forces de sécurité ont alors tiré des gaz lacrymogènes et ouvert le feu sur des manifestants, mais on ignorait si ces tirs avaient fait des morts ou des blessés.
La répression des protestations déclenchées par la mort de Mahsa Amini a fait au moins 141 morts, dont des enfants, selon un bilan révélé mardi par l'ONG Iran Human Rights (IHR), basée à Oslo.
J.M.Ellis--TFWP