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Les sociaux-démocrates islandais ont pris dimanche matin l'avantage dans les résultats partiels des élections législatives anticipées, convoquées après l'éclatement en octobre de l'alliance gauche-droite au pouvoir.
Face à une inflation persistante et à des taux d'intérêt élevés, le pouvoir d'achat, le logement et les soins de santé constituaient les principaux centres de préoccupation des 268.000 électeurs, selon les sondages.
Sur la base du dépouillement de plus d'un tiers des suffrages, l'Alliance sociale-démocrate, conduite par Kristrun Frostadottir, émerge en tête avec 21,2% des suffrages, selon le diffuseur RUV.
Si cette tendance se maintient, le parti fera plus que doubler son score du scrutin de 2021, où il n'avait que frôlé les 10%.
"Il y aura des changements dans la gouvernance du pays. C'est clair", a réagi Mme Frostadottir, soulignant toutefois que l'heure était encore au comptage des votes.
La formation du Premier ministre Bjarni Benediktsson, le parti de l'Indépendance (conservateur), talonne pour l'heure les sociaux-démocrates avec 19,9% des voix, devant le parti de la Réforme libérale à 16%.
Les prévisions météorologiques annonçant de fortes chutes de neige et des vents violents font craindre que la livraison des bulletins destinés au comptage ne soit retardée par les conditions difficiles de circulation.
Le Premier ministre avait annoncé mi-octobre la démission du gouvernement composé de son parti, du mouvement Gauche-Verts et du parti du Progrès (centre droit), à la suite de divisions de la coalition sur de multiples sujets, de la politique étrangère aux demandeurs d'asile en passant par la politique énergétique.
Interrogé par l'AFP la veille du scrutin à Reykjavik, Grimar Jonsson, producteur de film de 48 ans, avait dit ressentir "le besoin d'un changement" et l'envie de "se débarrasser des partis politiques démodés".
D'après les résultats partiels, le mouvement Gauche-Verts se dirige vers la perte de tous ses sièges, ne parvenant à réunir que 2,4% des suffrages.
- Coalition "difficile" à prédire -
En Islande, il n'y a pas de "culture" de gouvernement minoritaire, relève Eirikur Bergmann, professeur de politique à l'université de Bifrost, ce qui signifie que les partis vont tenter de constituer une majorité à travers une coalition.
D'après Olafur Hardarson, professeur de sciences politiques à l'université d'Islande, celle-ci pourrait unir les sociaux-démocrates aux libéraux, ainsi qu'un ou deux autres partis, en raison d'une proximité en matière de politiques.
Mais "c'est difficile à prédire parce qu'en Islande le jeu des coalitions est relativement ouvert", a-t-il noté.
Bien qu'à l'origine de la chute du gouvernement, l'immigration n'est pas un sujet central pour la plupart des électeurs, dans un pays où un habitant sur cinq est né à l'étranger.
Selon un sondage Gallup publié au début du mois de novembre, seules 32% des personnes interrogées ont cité l'immigration parmi leurs cinq questions les plus importantes. A contrario, les soins de santé, les questions économiques et le logement constituent une préoccupation majeure pour respectivement 69%, 62% et 61% des personnes interrogées.
En Islande, depuis la crise financière de 2008 qui a frappé de plein fouet les banques islandaises surendettées, peu de partis sortent indemnes de leur passage au pouvoir.
"Au cours des 15 dernières années, les électeurs islandais ont été extrêmement critiques à l'égard de leurs gouvernements et ont voté contre le gouvernement lors de toutes les élections, sauf une", rappelle M. Hardarson.
Les Islandais ont aussi été marqués cette année par les éruptions volcaniques dans la péninsule de Reykjanes, dans le sud-ouest du pays.
La région, qui n'avait pas connu d'éruption en huit siècles avant mars 2021, en a vécu sept depuis 12 mois. Elles ont entraîné de nombreuses évacuations du village de pêcheurs de Grindavik.
T.Dixon--TFWP