AEX
1.8900
Pas de grande pagaille mais des perturbations localisées: la grève de jeudi à la SNCF à l'appel de tous les syndicats du groupe n'est pas massivement suivie, au lendemain d'annonces de hausses de salaires modérées pour 2025.
Les TGV Inoui comme Ouigo circuleront à peu près normalement mais seulement sept TER sur dix et un Intercités sur deux rouleront par rapport à d'habitude.
En région parisienne, les lignes R du Transilien et le RER D, traditionnelles places fortes du syndicat Sud-Rail, seront les plus touchées avec seulement un train sur trois.
Cette mobilisation en demi-teinte est un échec pour les syndicats qui cherchaient à mobiliser fortement après l'annonce du démantèlement de Fret SNCF début novembre.
Ils avaient présenté cette journée comme un "ultimatum" avant un mouvement de grève reconductible à partir du 11 décembre, si aucune réponse n'était apportée à leurs revendications.
La CGT-Cheminots, l'Unsa-Ferroviaire, Sud-Rail et la CFDT-Cheminots réclament notamment un moratoire sur le démantèlement - sans licenciement - de l'opérateur de fret public, leader du transport de marchandise sur rail en France.
- Renégocier -
Ils estiment que l'accord conclu entre le gouvernement français et la Commission européenne début 2023 peut être renégocié avec le nouvel exécutif européen, et notamment Teresa Ribera, future commissaire chargée de la transition écologique et de la concurrence.
Interrogé mercredi sur BFM Business sur les raisons de la faible mobilisation des cheminots, le secrétaire général de la CGT-Cheminots Thierry Nier a reconnu que "le sujet est complexe".
"Se dire +je suis touché par ce qui arrive au fret+, ce n'est pas une évidence", a-t-il reconnu, alors que 5.000 cheminots y travaillent sur 150.000 au sein du groupe SNCF.
Mais "ce qui arrive au fret, c'est exactement ce qui est en train de se passer dans le transport de voyageurs, notamment au TER", a complété M. Nier.
L'intersyndicale s'inquiète en effet de la création de filiales par SNCF Voyageurs pour répondre aux appels d'offre lancés par les régions pour exploiter leur réseau de train express régional (TER).
Mi-décembre, près de 1.200 cheminots vont être transférés pour la première fois dans trois de ces filiales, avec à la clef une organisation du temps de travail moins avantageuse afin de gagner en productivité et compétitivité.
- Salaires -
Mais selon la direction de la SNCF, la mobilisation de jeudi obéit aussi à un mot d'ordre caché qui concernerait les salaires.
"Les Français ne comprendraient pas une grève longue et dure en décembre pour des questions de salaire", avait prévenu dimanche le PDG Jean-Pierre Farandou.
Les négociations annuelles obligatoires se sont tenues mercredi et la direction de la SNCF a proposé 2,2% d'augmentation, nettement moins que les années précédentes, marquées par une forte inflation.
Pour les syndicats, c'est un simple hasard du calendrier. "Si les quatre fédérations syndicales avaient voulu poser la question du salaire comme enjeu de mobilisation (...), on l'aurait fait. Nous ne sommes pas des fourbes, nous sommes clairs et suffisamment lisibles", a insisté Thierry Nier.
"Le président Farandou a adopté la stratégie du détournement car il le sait, dans le préavis de grève, il n'y a pas la question des salaires", a-t-il dénoncé.
Outre le moratoire sur le démantèlement de Fret SNCF et l'arrêt de la "filialisation" dans les TER, l'intersyndicale demande une loi de programmation pluriannuelle pour financer l'entretien du réseau.
Les quatre fédérations syndicales doivent se retrouver dans la soirée pour discuter de la suite du mouvement.
A.Williams--TFWP