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Les dirigeants européens ont tenté jeudi à Budapest d'afficher un front uni face au retour de Donald Trump à la Maison Blanche, mais les interrogations demeurent sur leur capacité à faire bloc face aux coups de boutoir annoncés du milliardaire républicain.
"Nous avons démontré que l'Europe pouvait prendre son destin en main quand elle était unie", a lancé la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.
"C'est un moment de l'Histoire, pour nous, Européens, qui est décisif", a assené de son côté le président français Emmanuel Macron. "Au fond, la question qui nous est posée, voulons-nous lire l'Histoire écrite par d'autres - les guerres lancées par Vladimir Poutine, les élections américaines, les choix faits par les Chinois - ou est ce qu'on veut écrire l'Histoire?"
Hasard des soubresauts de la politique au sein des 27, le président français a fait ces déclarations en l'absence du dirigeant de l'autre poids lourd du bloc européen: l'Allemagne. Confronté à l'éclatement de sa coalition, le chancelier Olaf Scholz n'était pas présent à Budapest pour ce sommet de la Communauté politique européenne (CPE).
Fait notable: le Premier ministre hongrois Viktor Orban, qui avait salué mercredi le "succès éclatant" de son "ami" Trump, a opté pour un ton résolument sobre à l'ouverture de "son" sommet, organisé dans le flamboyant stade Puskas Arena, du nom du légendaire joueur de football Ferenc Puskas.
Au lendemain d'un spectaculaire come-back politique qui a sidéré l'Amérique et le monde, une quarantaine de chefs d'Etat et de gouvernement se sont réunis dans la capitale hongroise pour ce sommet "CPE", avant un conclave plus restreint avec seulement les 27 membres de l'UE vendredi.
Devenir du soutien à l'Ukraine, menace de désengagement militaire, retour en force des droits de douane, enjeux environnementaux: l'arrivée prochaine à Washington de l'imprévisible homme d'affaires, quatre ans après la fin de son premier mandat, place l'UE et les pays qui en sont proches face à des défis vertigineux.
- "Couteau sous la gorge" -
"Les Européens ont vraiment le couteau sous la gorge", résume Sébastien Maillard, de l'Institut Jacques Delors. "Le résultat de cette élection force l'UE à ouvrir les yeux. C'est peut-être dans des situations comme celles-ci que les choses peuvent se faire."
En dépit d'appels répétés ces derniers mois à une plus grande autonomie stratégique européenne, le bloc semble pris de court face à un second mandat qu'il espérait évitable.
"Pour dire les choses clairement, je ne pense pas qu'ils se soient véritablement préparés à un tel scénario", résume Guntram Wolff, du centre de réflexion Bruegel. "Il n'y a pas de plan élaboré sur la marche à suivre, que ce soit au niveau européen ou au niveau franco-allemand."
En matière économique, face au "choc des droits de douane" annoncé, le danger est que chacun aille faire son voyage à Washington.
Donald Trump, qui comparait en campagne l'UE à une "mini-Chine" qui abuse de son allié américain en accumulant des excédents commerciaux massifs, dit vouloir augmenter les droits de douane entre 10 et 20% pour l'ensemble des produits entrant aux Etats-Unis.
A son arrivée à Budapest, le secrétaire général de l'Otan Mark Rutte s'est efforcé d'impliquer Donald Trump dans un front commun face à la menace russe, en soulignant combien le rôle de la Corée du Nord dans la guerre en Ukraine changeait la donne, y compris pour les Etats-Unis.
La Russie et la Corée du Nord se sont considérablement rapprochées depuis que Moscou a lancé son assaut contre l'Ukraine en février 2022. Et le chef de l'Otan sait combien l'ancien - et futur - locataire de la Maison Blanche aime mettre en avant ses rencontres avec le numéro un nord-coréen Kim Jong Un.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, dont le pays redoute une chute de l'aide américaine, s'est exprimé à l'ouverture du sommet.
L'objectif de la CPE, initialement imaginée par Emmanuel Macron, est de rassembler beaucoup plus large que l'Union européenne. Au-delà des 27 membres du bloc, une vingtaine de pays ont été invités, des pays aux trajectoires radicalement différentes vis-à-vis de l'UE: des candidats déclarés (et impatients) à l'adhésion, des pays qui savent que la porte leur est fermée pour longtemps et le Royaume-Uni, qui a choisi de la quitter avec fracas.
H.M.Hernandez--TFWP