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Le chancelier allemand Olaf Scholz doit affronter une pression croissante pour quitter le pouvoir sans délai après l'éclatement la veille de sa fragile gouvernementale, qui a plongé la première économie européenne dans une grave crise, et non attendre le printemps prochain.
La coalition entre les sociaux-démocrates (SPD) du chancelier, les Verts et les libéraux du FDP a "échoué", a affirmé jeudi le chef du principal bloc d'opposition, celui des conservateurs CDU-CSU, Friedrich Merz. Selon lui "il n'y a aucune raison de poser la question de confiance en janvier" seulement au Bundestag, la chambre des députés, comme le souhaite Olaf Scholz.
"Nous ne pouvons tout simplement pas nous permettre d'avoir un gouvernement sans majorité pendant plusieurs mois", a martelé M. Merz qui propose la tenue d'élections anticipées dans la seconde quinzaine de janvier 2025.
La fin programmée du gouvernement tombe au plus mauvais moment pour l'Allemagne, aux prises avec une grave crise industrielle, et pour l'Europe qui s'inquiète des répercussions pour son commerce et sa sécurité de l'élection du républicain Donald Trump à la présidentielle américaine.
Lors d'une allocution, le président allemand Frank-Walter Steinmeier a appelé les responsables politiques du pays à "la raison" et à "la responsabilité", soulignant lui aussi que le pays avait "besoin de majorités stables et d'un gouvernement efficace".
Le président, un social-démocrate comme le chancelier, aura la responsabilité de dissoudre le Bundestag si Olaf Scholz perd, comme attendu, la question de confiance qu'il a promis de soumettre à la mi-janvier aux députés, en vue d'élections législatives en mars - soit six mois avant la date normalement prévue.
- Rassurer ses partenaires -
Malgré le séisme provoqué par l'effondrement de sa coalition tripartite au pouvoir depuis fin 2021, Olaf Scholz a prévu de se rendre dans la soirée à des réunions organisées à Budapest pour rencontrer ses homologues européens et le président ukrainien Volodymyr Zelenski. Il tentera d'apaiser leurs inquiétudes.
Le secrétaire général de l'Otan Mark Rutte, également présent dans la capitale hongroise, s'est dit confiant dans la capacité de l'Allemagne à jouer pleinement "son rôle sur la scène mondiale" malgré la crise.
L'hétéroclite coalition gouvernementale allemande a volé en éclats suite au limogeage mercredi soir du ministre des Finances Christian Lindner.
Cause de la rupture: de profonde divergences entre les deux camps sur la politique budgétaire et économique à suivre, les sociaux-démocrates et écologistes étant partisans d'une relance de l'économie nationale en panne par les dépenses, alors que les libéraux prônent des coupes sociales et une stricte discipline budgétaire.
M. Lindner, également chef de file du parti libéral FDP (droite) sera remplacé aux Finances par un des proches conseillers d'Olaf Scholz, Jörg Kukies, un ancien banquier d'affaires de 56 ans.
La plupart des libéraux ont quitté le gouvernement, à l'exception du ministre des Transports Volker Wissing, qui a annoncé vouloir rester dans l'équipe au pouvoir et a quitté son parti avec lequel il est en désaccord.
- Ombre de Trump -
Olaf Scholz dirige désormais un gouvernement minoritaire et espère faire adopter quelques textes de loi jugés prioritaires, en cherchant des majorité au cas par cas, même si l'opposition lui refuse tout soutien.
Quant au budget 2025, dont la préparation est à l'origine de la crise actuelle, c'est l'incertitude. Faute d'adoption au Parlement, une version minimum et réduite pourrait être appliquée à partir de janvier.
Les ruptures de coalition sont très rares en Allemagne. Mais l'équipe gouvernementale était minée depuis des mois par des dissensions sur l'économie et l'immigration, et par des querelles de personnes.
"Heureusement que c'est fini", titre jeudi le magazine Der Spiegel, résumant le sentiment général dans le pays.
Olaf Scholz espérait que l'élection de Donald Trump, adepte du protectionnisme et des confrontations diplomatiques, forcerait sa coalition à serrer les rangs. Mais c'est le contraire qui s'est produit.
Si des élections devaient se tenir demain, l'opposition conservatrice arriverait en tête avec 32% des voix selon un nouveau sondage jeudi de l'institut Ipsos, réalisé début novembre, avant l'éclatement de la coalition.
Et Friedrich Merz ferait figure de favori pour devenir chancelier. Mais il aurait du mal lui aussi à former une coalition majoritaire, avec une extrême droite AfD en embuscade en deuxième position (18%) avec laquelle il rejette toute alliance gouvernementale. Le SPD est lui crédité de 15%, les Verts de 11%, et le FDP de tout juste 5%.
G.Dominguez--TFWP