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Le géant français du jeu vidéo Ubisoft dévoile mercredi ses résultats financiers du premier semestre dans un climat difficile, alors que bruissent des rumeurs de rachat de l'entreprise qui a déjà revu à la baisse ses prévisions.
L'éditeur des franchises Assassin's creed et Just dance, redevenu bénéficiaire en 2023-2024 après avoir basculé dans le rouge l'année précédente, connaît depuis la rentrée une période tendue, dans un marché secoué par des vagues de licenciements.
Un mois après la sortie très attendue du jeu "Star Wars Outlaws" fin août, l'entreprise a fait état de ventes "plus faibles que prévues" et a abaissé en conséquence ses objectifs financiers.
Les différentes éditions du titre s'étaient pourtant classées en France aux trois premières places du classement hebdomadaire des ventes physiques de jeux du Syndicat des éditeurs de logiciels de loisirs. Il avait aussi attiré de bonnes critiques mais a déçu certains joueurs après plusieurs années de préparation.
La sortie d'"Assassin's Creed Shadows", initialement prévue en novembre, a elle été repoussée à février, afin de permettre "à l'opus le plus important de la franchise d'être à la hauteur de ses ambitions". Un signal majeur pour un jeu de cette envergure.
- Chute en bourse -
Mais Ubisoft connaît aussi des dissensions au sein de ses équipes. Une partie de ses effectifs s'est récemment mise en grève pour la deuxième fois de l'année, un phénomène rare dans le secteur.
Plus de 700 salariés, sur les 4.000 que compte l'entreprise en France, ont ainsi protesté mi-octobre contre un retour en présentiel perçu comme une "décision très injuste" par certains.
L'entreprise, qui a connu une forte expansion au début des années 2000 puis au tournant des années 2020, rivalisant avec les géants américains et japonais, a entamé début 2023 un plan de réduction des coûts de 200 millions d'euros. Une perspective confirmée en juillet.
Cela devrait passer par une sélectivité accrue des investissements, une simplification de son organisation, une croissance de la mobilité interne et un contrôle strict du recrutement.
Une mauvaise passe largement sanctionnée sur les marchés financiers: alors que l'action d'Ubisoft s'échangeait à plus de 100 euros il y a dix ans, elle a atteint en septembre son niveau le plus bas, à 9,01 euros, avant de remonter début octobre.
Mardi, à la veille des résultats, le titre terminait en légère hausse à la clôture de la Bourse (+3,88%), à 13,93 euros.
- Rumeurs de rachat -
A ce sujet, l'entreprise a été interpellée à plusieurs reprises par un actionnaire minoritaire, le fonds d'investissement slovaque AJ Investments, qui détient moins de 1% du capital.
Après avoir publié en septembre une lettre ouverte où il exprimait sa "profonde insatisfaction à l'égard de la performance actuelle et de l'orientation stratégique de l'entreprise", celui-ci a réitéré en début de semaine. Lundi, il a appelé Ubisoft à prendre position sur les récentes rumeurs d'un rachat par le groupe chinois Tencent et d'une sortie de la Bourse.
L'intérêt du géant chinois de la tech pour l'entreprise française aux quelques 20.000 salariés est déjà connu: en 2022, le groupe a acquis près de 10% du capital. Il demeure pour l'instant lié par un accord avec la famille Guillemot, à la tête d'Ubisoft, qui l'empêche d'en prendre le contrôle.
Mais les rumeurs d'un appétit plus conséquent ont été relancées début octobre par l'agence Bloomberg, qui a fait état d'un potentiel rachat par le groupe allié à la famille Guillemot.
Ubisoft "examine régulièrement toutes ses options stratégiques" et "informera le marché en temps voulu, si nécessaire", avait réagi l'entreprise, qui n'a depuis fait aucun commentaire.
H.M.Hernandez--TFWP