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Le courant a été rétabli partout dimanche en Guadeloupe, affectée depuis près de deux jours par une coupure généralisée, provoquée par l'"arrêt illégal" des moteurs de la principale centrale de production d'électricité de l'archipel.
"A minuit (heure locale), les équipes d'EDF ont réalimenté la totalité des clients du territoire de la Guadeloupe (soit 230.000 clients)", a annoncé dimanche l'énergéticien.
"Les équipes d'EDF poursuivent les actions de sécurisation du réseau électrique", est-il précisé dans un communiqué.
Un quart des foyers était encore privé de courant samedi soir.
"La réalimentation électrique des foyers se fait de manière très progressive pour assurer la stabilité du réseau électrique", avait expliqué EDF, appelant les usagers à faire preuve de "sobriété énergétique" pour ne pas surcharger le réseau.
La préfecture avait dit espérer un "retour à la normale (...) durant le weekend".
Un black-out avait affecté la Guadeloupe vendredi à partir de 08H30 locales, "à la suite de l'arrêt illégal", selon EDF, des moteurs de la centrale EDF-PEI de Jarry qui fournit la majorité de l'électricité sur le territoire de près de 380.000 habitants.
Alors qu'un conflit social oppose depuis plusieurs semaines la branche énergie de la CGT et la direction d'EDF Production électrique insulaire (PEI), le préfet Xavier Lefort avait accusé, peu après la coupure, "des salariés grévistes" de la centrale de Jarry qui "se sont introduits dans la salle des commandes" et ont "provoqué l'arrêt d'urgence de l'ensemble des moteurs".
- Réquisitions -
Les gendarmes avaient été envoyés à l'intérieur de la centrale et le préfet avait décidé de réquisitionner les salariés "nécessaires" au fonctionnement de la centrale.
Dans un communiqué publié samedi soir, la fédération de l'Energie de la CGT-Guadeloupe (FE-CGTG) a affirmé que "ses appels à la grève sont toujours dans l'observation du plan croix rouge (fourniture nécessaire à l'alimentation de toutes les lignes prioritaires) en lien avec la préfecture".
EDF, via sa filiale EDF-PEI, a déposé une plainte contre X vendredi, pour "mise en danger d'autrui", au commissariat de Pointe-à-Pitre, a fait savoir l'entreprise.
Le black-out a mis en tension les établissements de santé et les services publics de première nécessité.
Dès la constatation de la coupure, le CHU de la Guadeloupe avait activé ses groupes électrogènes, permettant aux "unités critiques de l'hôpital" de disposer "d'une autonomie de 72 heures". Le CHU a ainsi pu bon an mal an continuer son activité.
La coupure généralisée a également impacté la distribution d'eau et les réseaux de téléphonie mobile.
Des pillards ont profité de la coupure de courant pour attaquer à Pointe-à-Pitre des bijouteries au tractopelle ou arracher des distributeurs de billets, au désespoir des commerçants.
Onze enseignes ont été notamment vandalisées dans la nuit de vendredi à samedi pour la seule ville de Pointe-à-Pitre, malgré le couvre-feu nocturne décrété par le préfet sur l'ensemble du territoire de la Guadeloupe, avait précisé le parquet.
En raison des violences urbaines "inacceptables" et des dégradations commises la première nuit sans électricité, le préfet avait imposé dans la nuit de samedi à dimanche un nouveau couvre-feu, mais partiel. Il était en vigueur jusqu'à 05H00 heure locale dimanche (10H00 à Paris).
Le mouvement social à la centrale de Jarry, qui dure depuis le 15 septembre, porte sur la mise en œuvre d'un accord signé début 2023, après deux mois de grève pour réclamer une mise en conformité des contrats et rémunérations avec le droit du travail.
Il avait depuis provoqué des coupures d'électricité affectant jusqu'à 100.000 foyers.
Lundi, la direction d'EDF-PEI avait proposé la signature d'un accord que la fédération de l'énergie de la CGT-Guadeloupe a refusé, un dernier point d'achoppement portant sur le mode de calcul des congés payés.
L.Coleman--TFWP