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Kamala Harris et Donald Trump quittent vendredi les sentiers de campagne archi-battus des Etats clés pour s'aventurer au Texas, la première pour y parler du droit à l'avortement en compagnie de la superstar Beyoncé, le second pour y évoquer la crise migratoire, dans une élection qui divise comme jamais les hommes et les femmes.
La démocrate de 60 ans sera en meeting à Houston et devrait être rejointe sur scène par "la reine Bey", chanteuse de "Crazy in Love" et icône du féminisme pop.
La vice-présidente n'a aucune chance de l'emporter dans l'Etat conservateur du sud, qui devrait offrir sur un plateau à Donald Trump ses 40 grands électeurs, mais elle l'a choisi pour illustrer une thématique très forte de sa campagne, la défense du droit à l'avortement.
A ses côtés à Houston, des femmes viendront raconter l'impact, jusque dans leur chair, de l'interdiction des interruptions volontaires de grossesse décidée au Texas, après que la Cour suprême a mis fin en 2022 à la protection fédérale de ce droit.
Il a repris vendredi sur son réseau Truth Social l'une de ses accusations mensongères les plus outrancières, en écrivant: "Kamala veut des avortements tardifs à 7, 8, 9 mois et même des exécutions après la naissance. (...) C'est une gauchiste cinglée!"
L'ex-président a prévu jeudi de critiquer encore une fois la porosité de la frontière sud des Etats-Unis, depuis un hangar d'avion à Austin, capitale du Texas.
- "Poubelle" -
"Nous sommes une décharge. Nous sommes comme la poubelle du monde", a lancé jeudi en Arizona (sud-ouest), un autre Etat frontalier, celui qui ne cesse de durcir sa rhétorique sur l'immigration
Le septuagénaire enregistrera aussi au Texas un podcast avec Joe Rogan, un animateur particulièrement populaire chez les hommes.
Selon les sondages, le scrutin du 5 novembre, serré à l'extrême, pourrait révéler une fracture plus béante que jamais entre les électrices, qui penchent traditionnellement du côté démocrate, et les hommes, davantage conservateurs.
"The Joe Rogan Experience" a été en 2023, pour la quatrième année consécutive, le podcast le plus écouté au monde sur la plateforme Spotify, et chaque émission attire des millions d'auditeurs.
En s'y invitant, Donald Trump poursuit son offensive de campagne auprès des hommes, notamment les plus jeunes et ceux des classes populaires, que son discours viriliste attire de plus en plus.
Les dernières enquêtes d'opinion montrent toujours les deux prétendants à la Maison Blanche dans un mouchoir de poche dans les sept Etats pivots qui décideront de la victoire. Ils sont chacun à 48% des intentions de vote, selon un sondage New York Times/Siena College.
- Sénat -
Le 5 novembre sera aussi un jour crucial pour le contrôle du Congrès, et notamment sa chambre haute, le Sénat.
Le Texas est l'un des très rares Etats qui pourraient permettre aux démocrates de gagner un siège au Sénat.
Kamala Harris, profitera donc de son déplacement pour soutenir le candidat Colin Allred, en position de créer une grosse surprise s'il parvenait à déloger de son siège le sénateur Ted Cruz, un ténor républicain.
Le soutien de Beyoncé, qui a déjà donné à la vice-présidente son hymne de campagne avec sa chanson "Freedom", est un exemple de plus de la mobilisation de stars dans la campagne démocrate.
Jeudi, la légende du rock Bruce Springsteen avait livré une féroce critique de Donald Trump aux côtés de Kamala Harris en Géorgie, en le qualifiant de "tyran".
Et mardi, Eminem avait chauffé la salle avant un meeting de soutien à la vice-présidente. Il avait été suivi au micro par l'ancien président Barack Obama, qui s'est mis à scander les premières phrases du titre le plus célèbre du rappeur, "Lose Yourself", une séquence immédiatement devenue virale.
"S'appuyer sur des célébrités, ce n'est pas nouveau pour le parti des élites d'Hollywood. Maintenant que les électeurs se rendent compte de l'incompétence et de l'extrémisme abyssal de Kamala, elle doit trouver des façons de les attirer", a persiflé l'équipe de campagne de Donald Trump.
En 2016, l'appui de Beyoncé n'avait pas suffi à la candidate démocrate Hillary Clinton, défaite par Donald Trump.
L'ancien président achèvera lui sa journée par un meeting de campagne dans le Michigan.
A.Maldonado--TFWP