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Parfois décrit comme un manipulateur, un "prédateur" ou même un tueur en série, parfois comme un noceur, charmeur, impulsif ou paumé, Nordahl Lelandais reste un personnage énigmatique, dont la cour d'assises de l'Isère tentera de percer le mystère.
Le profil de cet ancien militaire aujourd’hui âgé de 38 ans a fait couler beaucoup d'encre, depuis la disparition de la petite Maëlys, 8 ans, une nuit d'août 2017 dans une soirée de mariage.
Celui que ses amis surnomment "Nono" doit être jugé à Grenoble à partir du 31 janvier pour le meurtre de la fillette qu'il dit avoir tuée "involontairement" et pour deux affaires d'agression sexuelles sur mineures révélées par l'examen de ses téléphones portables pendant l'enquête.
Il s'agira de son second procès aux assises après sa condamnation en mai 2021 à Chambéry à 20 ans de réclusion criminelle pour le meurtre du chasseur alpin Arthur Noyer.
A l'époque, il affirme avoir causé "involontairement" la mort de ce jeune de 23 ans, sans convaincre les jurés. Ce premier procès n'avait pas vraiment permis de cerner sa personnalité complexe.
Sa mère affirme n'avoir "rien eu à redire sur cet enfant" et n'avoir "pas vu venir" la suite.
Certains de ses partenaires le décrivent comme impulsif, jaloux, "paumé mais pas malsain", "correct" aussi, avec "un besoin énorme de relations sexuelles". Une de ses ex évoque un épisode de violence physique.
Ses propres déclarations, souvent changeantes au fil des preuves collectées par les enquêteurs, les rapports d'experts ou les témoignages éclairent peu. Surtout la période fin 2016-début 2017, à laquelle il déclare s’être "perdu" et semble partir à la dérive.
"Je vagabonde" puis "j'envoie tout valdinguer", déclare-t-il lors du procès de Chambéry. A l’aumônier du centre pénitentiaire où il est actuellement détenu à l'isolement, Lelandais confie "qu’il vivait sans garde-fou".
A l'époque, son client n’est "sans doute pas un homme heureux", mais rien ne laisse deviner la suite, selon son avocat Me Alain Jakubowicz.
En février 2017, il se dispute avec une automobiliste et lui crève un pneu. En avril, il tue Arthur Noyer, selon lui au cours d'une bagarre sans motif sexuel.
A la période, interviennent des agressions sexuelles sur des mineures de son entourage: il reconnaît des attouchements sur deux petites-cousines de 5 et 6 ans mais dément les accusations d'une autre cousine de 14 ans. L'analyse de ses téléphones portables et de son ordinateur révèle, selon les enquêteurs, qu'il consultait des sites pédopornographiques.
- Cocaïne -
Après sa mise en examen pour le meurtre de la petite Maëlys et celui du caporal Noyer, on le soupçonne d'être impliqué dans différentes disparitions restées inexpliquées, ou même d'être un tueur en série.
En janvier 2018, la gendarmerie met sur pied une cellule pour passer au crible 900 affaires non élucidées. Cette cellule sera dissoute moins de trois ans plus tard sans avoir trouvé de nouveaux faits l'incriminant. "Aucun lien" à ce jour avec d'autres dossiers, confirment des sources judiciaires à l'AFP.
Né le 18 février 1983 à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), "Nono" arrive à 7 ans en Savoie, avec sa famille. Il vit une enfance et une adolescence sans difficulté particulière, mais renonce à passer le bac. Un "parcours classique", selon une enquêtrice de personnalité.
En 2001, il intègre l’armée où il reste quatre ans comme maître-chien, sa passion. Cette expérience est interrompue pour infirmité et conflit avec ses supérieurs.
De retour en Savoie, il vit autour de Chambéry, souvent chez ses parents, un foyer modeste, enchaîne les intérims - vendeur, manutentionnaire ou ambulancier-, lance sans succès une activité de dressage canin en 2010 puis reprend des intérims.
Fin avril 2009, il est condamné à 30 mois de prison, dont 12 ferme, pour avoir cambriolé et incendié, avec d'autres, un restaurant du lac de Paladru, en Isère. Il bénéficie d'une libération conditionnelle en octobre 2010.
Ce trentenaire athlétique enchaîne parallèlement, et à un rythme soutenu, relations amoureuses et rencontres d’un soir, avec des femmes mais aussi, parfois, des hommes. Il consomme de la cocaïne, en quantité croissante.
Actuellement incarcéré à Saint-Quentin-Fallavier, Lelandais a repris des études, avec un certificat de formation générale début 2019.
L.Davila--TFWP