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L'armée russe a étendu vendredi son offensive à une autre grande ville d'Ukraine, Dnipro, et poursuivi ses bombardements qui frappent habitations et infrastructures civiles, au risque de nouvelles "sanctions massives" des Occidentaux.
Le président français Emmanuel Macron a prévenu, à l'issue d'un sommet de l'UE à Versailles, près de Paris, que les Européens étaient prêts "si les choses continuaient sur le plan militaire", à prendre des "sanctions massives" contre la Russie.
Sur le terrain, le conflit déclenché le 24 février poussait toujours plus d'Ukrainiens à fuir vers l'ouest et les Etats européens voisins. Plus de 2,5 millions de personnes se sont déjà réfugiées à l'étranger, majoritairement en Pologne, et environ deux millions ont été déplacées en Ukraine même, selon le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).
Jusqu'ici épargnée par la progression des soldats russes, Dnipro, une cité industrielle d'un million d'habitants sur le Dniepr, le fleuve qui marque la séparation entre l'est en partie prorusse de l'Ukraine et le reste de son territoire, a été tôt vendredi la cible de raids qui ont fait au moins un mort, ont annoncé les autorités locales.
"Il y a eu trois frappes aériennes sur la ville, sur un jardin d'enfants, un immeuble d'habitations et une usine de chaussures (...) où un incendie s'est ensuite déclaré", ont déclaré les services d'urgence ukrainiens.
Dans la matinée, on pouvait voir sur des images vidéo fournies par les secours des sapeurs-pompiers éteindre des flammes dans des ruines fumantes. Certains immeubles n'étaient plus qu'un amas de poutres et de structures métalliques tordues.
Après un hôpital pédiatrique mercredi à Marioupol, sur la mer d'Azov, dans le sud-est, un établissement pour personnes handicapées près de Kharkiv, dans le nord-est, a été atteint vendredi par une frappe, qui n'a toutefois pas fait de victimes.
"C'est un crime de guerre contre des civils, un génocide de la nation ukrainienne !", a fustigé le responsable de l'administration régionale, Oleh Sinegoubov.
D'après lui, 330 personnes - dont 10 sont en fauteuil roulant et 50 à mobilité réduite - étaient sur les lieux au moment de l'attaque. "Les charpentes du bâtiment ont été détruites au niveau des 2e et 3e étages", ont précisé les secours.
- Kiev prise en tenailles -
Quatre soldats ukrainiens ont par ailleurs été tués et six blessés dans le bombardement de l'aéroport militaire de Lutsk, dans le nord-ouest de l'Ukraine, a souligné le maire de la ville. Celui d'Ivano-Frankivsk, dans l'extrême ouest, a aussi été visé.
Ces bases ont été "mises hors service", a affirmé le ministère russe de la Défense.
Des raids aériens nocturnes ont également eu lieu au-dessus des villes de Tchernihiv (nord), Soumy (nord-est) et Kharkiv, endommageant des immeubles d'habitations.
De Kharkiv à Marioupol, en passant par Mykolaïv dans le sud, la situation humanitaire ne cesse de s'aggraver dans les localités assiégées ou menacées par l'offensive russe.
Des corps abandonnés dans les rues, une immense fosse commune comme seule sépulture pour les autres, des civils tentant de partir sous les bombes : les très rares informations émanant du port de Marioupol, avec lequel les communications sont quasiment coupées, racontent le désespoir de ses habitants.
Ils sont sans eau, sans gaz, sans électricité, sans communications, et, ces derniers jours, on voyait des gens se battre pour de la nourriture.
A la morgue de Mykolaïv, une cité des bords de la mer Noire sous le feu russe depuis des jours, les cadavres s'entassent à même le sol et dans la cour de l'établissement, sur laquelle la neige tombe sans discontinuer, a constaté l'AFP.
L'un des hommes tués gît les mains jointes, comme en prière. En réalité, dit l'employé de la morgue, il jetait des cocktails Molotov quand les Russes l'ont attrapé. Ils lui ont attaché les mains et l'ont exécuté.
"Nous avons repoussé l'ennemi hors des limites de notre ville (...) Désormais, ils (les militaires russes) sont presque encerclés. Nous les attaquons. Toutes les nuits, il y a quelques affrontements à l'ouest et au nord, mais pas près" de Mykolaïv, a dit à la presse le gouverneur de la région Vitaly Kim.
"Nous recevons des renforts des régions du centre de l'Ukraine" et, parallèlement aux combats, "nous évacuons tous les jours des civils, des femmes et des enfants", a-t-il ajouté.
Les Russes continuent aussi à prendre Kiev en tenailles. Après avoir atteint ses faubourgs, ils cherchent à éliminer les défenses ukrainiennes dans plusieurs localités à l'ouest et au nord de la capitale pour la "bloquer", a expliqué l'état-major ukrainien.
Près de 20.000 personnes ont déjà évacuées mercredi et jeudi de la région de Kiev et quelque 100.000 au total sur ces deux jours de l'ensemble des zones en proie aux combats, ont signalé les autorités ukrainiennes.
- "Des assassins de Syrie" -
Alors que l'armée russe semble ralentie dans sa progression par la résistance acharnée des Ukrainiens, selon des sources militaires occidentales, le président Vladimir Poutine a donné son feu vert à l'envoi de combattants "volontaires", notamment en provenance de Syrie.
"Si vous voyez que des gens veulent y aller volontairement, qui plus est pas pour de l'argent, et aider ceux qui vivent dans le Donbass (est de l'Ukraine, ndlr), alors il faut aller à leur rencontre et les aider à rejoindre la zone de combat", a-t-il lancé en réponse à une proposition de son ministre de la Défense Sergueï Choïgou.
"C'est une guerre avec un ennemi très têtu (...) qui a décidé d’embaucher des mercenaires contre nos citoyens. Des assassins de Syrie, d’un pays où tout a été détruit par les occupants, comme ils nous le font subir à nous", a réagi le chef de l'Etat ukrainien Volodymyr Zelensky.
Des mercenaires syriens combattent déjà les jihadistes aux côtés des Russes et de l'armée du régime de Damas. D'autres sont en Libye.
Le maître du Kremlin a de plus demandé à son ministre de la Défense de lui proposer des redéploiements militaires à la frontière occidentale de la Russie, en réponse à ceux de l'Otan en Europe orientale.
Vladimir Poutine a cependant affirmé que des "avancées" avaient été obtenues au cours des pourparlers russo-ukrainiens. La dernière session s'est déroulée jeudi en Turquie, pour la première fois au niveau des ministres des Affaires étrangères.
Dans le même temps, la Russie va engager des poursuites contre Meta pour "appel aux meurtres" de Russes, la maison mère de Facebook et d'Instagram ayant assoupli son règlement quant aux messages à caractère violent destinés à l'armée et aux dirigeants russes. L'accès à Instagram y a en outre été restreint.
Cela "soulève des inquiétudes", a aussitôt commenté le Haut-Commissariat aux droits de l'homme (HCR).
- Réunion du Conseil de Sécurité -
Le président américain Joe Biden devait annoncer de son côté vendredi vouloir exclure la Russie du régime normal des relations commerciales mondiales, ce qui ouvrirait la voie à des hausses de droits de douane.
Outre une vague de sanctions qui visent à asphyxier l'économie russe, les Etats-Unis et leurs alliés européens s'efforcent aussi d'aider l'Ukraine militairement tout en évitant l'implication directe des Etats membres de l'Otan.
Le Congrès américain a voté jeudi une enveloppe faramineuse de près de 14 milliards de dollars pour la crise ukrainienne.
Le Royaume-uni a en outre décidé de sanctionner 386 élus russes ayant soutenu l'invasion de l'Ukraine tandis que le Canada a ciblé des oligarques.
Le G7 a toutefois exhorté la communauté internationale à éviter toute mesure limitant les exportations de denrées alimentaires.
Les Vingt-Sept ont pour leur part exclu une adhésion rapide de l'Ukraine à l'UE, tout en ouvrant la porte à des liens plus étroits.
"Il faut aller plus fort. Ce n'est pas ce que nous attendons (...) Il faut que les décisions des hommes politiques coïncident avec l'humeur de leurs peuples, les peuples européens (...). L'Union européenne doit en faire plus pour nous, pour l'Ukraine", s'est exclamé le président Zelensky.
Le Conseil de sécurité de l'ONU se réunira de son côté à 16H00 GMT à la demande de Moscou, pour évoquer la fabrication supposée d'armes biologiques en Ukraine, catégoriquement niée par le chef de l'Etat ukrainien.
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