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Découvrir les secrets de fabrication des scénarios d’Astérix, de Lucky Luke, d’Iznogoud ou du Petit Nicolas: pour la première fois, une exposition, à Angoulême, est consacrée au travail de scénariste de René Goscinny, une profession qu’il a “sortie de l’ombre”.
L'exposition “René Goscinny scénariste, quel métier !”, qui a ouvert mardi au musée de la BD, présente quelque 200 pièces inédites ou rares, venues notamment des archives de l’Institut René Goscinny et de la Bnf (Bibliothèque nationale de France).
Ces planches, lettres ou manuscrits illustrent les méthodes “très rigoureuses” du célèbre scénariste, indique à l'AFP Jean-Pierre Mercier, commissaire de l’exposition avec Romain Brethes.
“Pour chaque album, Goscinny discutait avec son dessinateur, Uderzo, Morris ou Sempé, afin de confronter leurs idées, autour d’une bière ou par échange de lettres", explique le commissaire de l’exposition, “il se mettait ensuite à sa machine à écrire, et écrivait le déroulement de l’histoire. Un paragraphe équivalait à une page”.
Pour preuve, la copie de la planche de la première page d’Astérix le Gaulois - "la planche originale a disparu, personne ne sait où elle se trouve", dit M. Mercier. A côté, des notes de travail, "on peut y voir le scénario pensé par Goscinny. A gauche de la feuille, il y a la description de ce que le dessinateur doit dessiner et à droite, le texte de commentaire et les dialogues”.
Ainsi, comme consigne de commentaire, Goscinny a tapé la phrase "Des chefs tels que Vercingétorix doivent déposer leurs armes aux pieds de César" puis le "Ouap" de douleur du chef romain qui reçoit les armes sur les pieds. "Si on regarde, c’est bien ce que l’on retrouve sur la planche”, dit M. Mercier.
“En 22 ans de métier, Goscinny a réalisé un travail absolument phénoménal. Il a écrit 450 scénarios de BD, ce sont des milliers et des milliers de pages", s’exclame M. Mercier.
- Confiture et sangliers -
Et pour ces scénarios, il se documentait. “Pour Lucky Luke, il lisait les biographies de Billy the Kid, Jesse James, etc. Et il était absolument fou de cinéma. Il ne loupait pas à seul western à la télé. Il disait aussi que sa vraie inspiration, c’était Laurel et Hardy”.
Pour Astérix, au-delà des fameuses pages roses de citations latines du dictionnaire Larousse, “il a lu beaucoup de livres sur l’histoire romaine". Son dictionnaire et certains de ses livres d'histoire sont exposés.
“Nous avons aussi voulu montrer ce qui définit Goscinny. Il était une source infinie de gags, de phrases cultes - +veut être calife à la place du calife+ - de leitmotiv. Chez Goscinny, on mange tout le temps. Alceste, dans Le Petit Nicolas, il a toujours une tartine de confiture à la main. Astérix foisonne de sangliers”.
Le parcours raconte ses débuts en tant que dessinateur, son passage à New York, ses différentes collaborations jusqu’à son poste de rédacteur en chef de l'hebdomadaire de BD Pilote.
L’exposition met en exergue le moment où, en 1956, René Goscinny et les autres grands créateurs de l’époque tels qu’Uderzo, Franquin ou Charlier, ont tenté de créer à Bruxelles un Syndicat autonome des dessinateurs et scénaristes, à une époque où "les dessinateurs n'étaient pas très bien traités et les scénaristes étaient invisibles". De plus, les "millions d'exemplaires vendus d'Astérix ont permis de sortir de l'ombre le métier de scénariste”, ajoute-t-il.
L'exposition est présentée jusqu’au 17 mars puis ira à partir d’avril au Château de Malbrouck à Manderen (Moselle).
A.Maldonado--TFWP