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Pap Ndiaye, de père sénégalais et mère française, nommé vendredi ministre français de l'Education et de la Jeunesse, est un historien respecté, spécialiste de l'histoire sociale des Etats-Unis et des minorités.
Ce chercheur de 56 ans était à la tête depuis l'an dernier à Paris du Musée de l'immigration. Professeur pendant de nombreuses années à Sciences Po Paris, il est apprécié de ses pairs et fait figure de "pointure" sur les questions liées aux minorités.
"Dans le domaine de l'histoire, c'est quelqu'un qui a été innovant, il a su montrer une nouvelle manière d'appréhender le passé. Ses travaux sur la présence noire en France sont fondateurs", dit de lui l'historien Pascal Blanchard, spécialiste de la colonisation.
"C’est un praticien, qui enseigne, qui sait ce que sait que d'être devant une classe d'élèves! C’est bien d'aller chercher un pédagogue au moment où il y a un mal-être chez les enseignants", ajoute-t-il, saluant également "quelqu'un à l'écoute de la diversité" et "connaît les enjeux internationaux".
"Sur tout ce qui touche aux minorités, il incarne des orientations qui ne sont certainement pas celles que Jean-Michel Blanquer (son prédécesseur) a mises en oeuvre", analyse le sociologue Michel Wieviorka. "Il a également la chance de pouvoir nous faire circuler entre différentes cultures", les Etats-Unis, l'Afrique et la France.
- Atout pour la réconciliation? -
Il a étudié aux Etats-Unis de 1991 à 1996 et s'est fait connaître du grand public en publiant en 2008 "La Condition noire, essai sur une minorité française", son ouvrage de référence.
En 2019, toujours avec l'envie de vulgariser ses sujets d'étude, il devient conseiller scientifique de l'exposition "Le modèle noir", au Musée d'Orsay à Paris, sur la représentation des Noirs dans les arts visuels. Plus récemment, il a co-présenté en 2020 un rapport sur la diversité à l'Opéra de Paris.
Lors de son arrivée à la tête du Musée national français de l'histoire de l'immigration en mars 2021, il déclarait à l'AFP que sa nomination était un symbole pour les jeunes "non-blancs", même si elle était "d'abord due" à son travail d'historien et à sa "longue carrière d'universitaire". "Je m'assume tel quel avec ma couleur de peau", ajoutait-il.
Réputé partisan du consensus, sa personnalité pourrait être un atout pour favoriser la réconciliation avec le monde enseignant, très critique à l'égard du ministre sortant, Jean-Michel Blanquer.
- Une nouvelle direction -
"Il est diplomate dans sa façon d’être aux autres. C'est bien car c'est un ministère qui a besoin de diplomatie", estime Pascal Blanchard.
"C'est quelqu'un de très réfléchi, très posé", abonde Michel Wieviorka. "S'il a les moyens d'avoir la politique qu'il peut incarner, comme personnalité intellectuelle, je pense que nous irons dans une direction nouvelle".
Pour Louis-Georges Tin, ex-président du Conseil représentatif des associations noires (CRAN), dont Pap Ndiaye a été vice-président du conseil scientifique, c'est également "quelqu'un qui arrive à pacifier les tensions", qui "crée du consensus par le haut" et "respectueux".
L'arrivée à l'Education nationale de Pap Ndiaye, qui avait signé en 2012 une tribune appelant à voter pour François Hollande, suscite la surprise.
"Je suis stupéfait de cette nouvelle. Pour moi Pap Ndiaye n'était pas du tout là dedans. Ce qui est sûr c’est qu'il fallait +déblanquériser+ l’Education nationale", a réagi auprès de l'AFP le député La France Insoumise (LFI, gauche radicale) Alexis Corbière. Mais "ce coup médiatique, le seul de ce gouvernement terne, ne désamorcera pas la profonde colère dans l'Education nationale", estime-t-il.
Pour le principal syndicat enseignant du second degré, le Snes-FSU, "la nomination de Pap Ndiaye est une rupture avec Jean-Michel Blanquer à plus d’un titre". Mais "l'Education nationale ne se gouverne pas uniquement à coup de symboles", met-il en garde dans un communiqué. "Les urgences sont réelles, des réponses rapides sont attendues, notamment en matière salariale".
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L.Holland--TFWP