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Elle a incarné les promesses d'apaisement puis les désillusions de Joe Biden sans fausse note, mais sans réussir pour autant à redresser la popularité du président américain: Jen Psaki cède vendredi sa place de porte-parole.
A 43 ans, elle viendra pour la dernière fois au pupitre de la célèbre salle de presse de la Maison Blanche, se prêter au redoutable exercice de la conférence de presse quotidienne.
Jen Psaki avait toujours dit qu'elle quitterait après un peu plus d'un an sa fonction de porte-parole de l'exécutif américain, disant vouloir passer plus de temps avec ses deux jeunes enfants.
A partir de lundi, son adjointe Karine Jean-Pierre fera face aux mains levées des journalistes. Première femme noire et ouvertement lesbienne à prendre le titre de "Press Secretary", il lui faudra défendre un Joe Biden impopulaire, qui a dû enterrer ses grands espoirs de réformes et de réconciliation politique.
Jen Psaki a assuré qu'elles partageaient une même ambition: "créer un environnement de travail sans coups de théâtre".
- Le calme après les esclandres -
De fait, elle a ramené le calme après les esclandres du mandat de Donald Trump.
Cette ancienne nageuse de bon niveau a évité les écueils, déroulant les éléments de langage avec fluidité sur toutes sortes de sujets, et bottant en touche avec le sourire sur les sujets sensibles.
Là où les porte-parole de Donald Trump invectivaient les journalistes, voire désertaient la salle de presse, Jen Psaki félicitait les reporters pour un anniversaire, un mariage, une promotion.
Le tout sous le regard impitoyable du public: dans une interview, la porte-parole sortante disait avoir reçu des barrettes envoyées par des téléspectatrices agacées de la voir régulièrement remettre en place son carré de cheveux roux.
Diplômée en sociologie et en anglais, elle s'est lancée en politique auprès du parti démocrate après ses études et s'est rodée aux postes de communication pendant l'administration Obama.
Elle a été pendant deux ans porte-parole du département d'Etat, ce qui lui a valu d'être prise pour cible par la presse russe proche du Kremlin.
Jen Psaki, qui depuis le début de la guerre en Ukraine multiplie les déclarations incendiaires contre Vladimir Poutine, n'a sans doute pas oublié que le président russe l'avait décrite en ces termes sexistes en juin 2021: "une jolie jeune femme cultivée" qui "mélange toujours tout".
A la Maison Blanche, ses échanges les plus vifs l'ont opposée au journaliste vedette de Fox News, Peter Doocy.
C'est même devenu une espèce de routine, faisant la joie de deux camps sur les réseaux sociaux: l'un applaudissant les "Psakibombs", les flèches décochées par la porte-parole; l'autre savourant les attaques du journaliste de la chaîne conservatrice.
Lequel a assuré qu'il regretterait le départ de Jen Psaki, saluant une interlocutrice toujours "réglo".
- Amérique divisée -
Derrière ces éloges quasi-unanimes, perce toutefois une certaine lassitude des journalistes qui ont fait face à la communication parfaitement verrouillée de la Maison Blanche.
Dans un récent article du site Politico, un reporter cité sous couvert d'anonymat le résume: "Jen est très bonne dans son boulot, malheureusement. (...) Le métier est donc moins valorisant, parce que tu n'es plus en train de sauver la démocratie face à Sean Spicer", un ancien porte-parole de Donald Trump. "Quand tu t'en prends à Jen, tu passes juste pour un enfoiré."
L'ambiance redevenue feutrée de la "James S. Brady Press Briefing Room" semble souvent à mille lieues d'un monde politique américain qui ne s'est en rien apaisé.
D'où un contraste parfois saisissant entre le message optimiste de Jen Psaki à Washington, et les insultes lancées par les partisans de Donald Trump au passage du convoi de Joe Biden sur les routes de l'Amérique rurale ou ouvrière.
Le changement de porte-parole coïncide d'ailleurs avec un nouveau ton de la Maison Blanche, qui attaque désormais frontalement les républicains acquis aux idées de l'ancien président, après avoir longtemps prôné la coopération par-delà les affiliations partisanes.
Jen Psaki laisse jusqu'ici planer le mystère sur son avenir, mais selon la presse, elle va rejoindre la chaîne MSNBC, d'orientation progressiste.
H.Carroll--TFWP