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La chanteuse et comédienne Régine, ambassadrice de la nuit parisienne dans le monde qui a popularisé la discothèque en France, est décédée dimanche à l'âge 92 ans.
"Régine nous a quittés paisiblement ce 1er mai à 11H00" à Paris, a annoncé à l'AFP sa petite-fille, Daphné Rotcajg.
"La reine de la nuit s'en va: fermeture pour cause de longue et grande carrière", a dit l'humoriste Pierre Palmade, ami proche de Régine depuis de nombreuses années, dans un communiqué écrit à la demande de la famille.
"Partie avec sa boule à facettes et sa gouaille chaude et rassurante", elle "avait fait danser pendant plus de 30 ans dans ses boîtes de nuit les stars du monde entier", poursuit ce texte transmis à l'AFP.
- Le rendez-vous du Tout-Paris -
Icône des années 60, elle a été propriétaire de jusqu'à 22 discothèques qui portaient son prénom dans le monde entier, à commencer par le mythique "Chez Régine" près des Champs-Elysées, devenu rapidement le rendez-vous du Tout-Paris et de la jet-set.
C'est elle qui fait remplacer les "jukebox" (distributeur automatique de chansons enregistrées sur des disques) par des tourne-disques et des disc-jokeys. Elle-même a été DJ en 1955 au Whisky à Gogo, à Saint-Germain-des-Prés.
Son prénom est devenu "l'emblème des nuits folles jusqu'au petit matin, elle-même dansant sur la piste jusqu'à la fermeture", rappelle le texte de Pierre Palmade.
"Quand on ne sait pas danser, on ne sait pas faire l'amour!", affirmait-elle à l'AFP en 2015.
"La Nuit est orpheline, elle a perdu sa Reine", a tweeté la chanteuse Line Renaud, tandis que le chanteur et DJ anglais Boy George, membre du groupe Culture Club, a rendu hommage à "la légendaire diva française".
"Six lettres sur un néon, une voix, quelques notes de musique fredonnées sur toutes les lèvres et puis la nuit: ainsi était Régine", a tweeté le Premier ministre Jean Castex.
"Nous avons traversé le siècle à vos côtés, vos chagrins et vos joies se confondant avec les nôtres" a affirmé la ministre de la Culture, Roselyne Bachelot, tandis que la maire de Paris, Anne Hidalgo, a salué la mémoire de "la reine de nos nuits blanches" qui a "fait vibrer sa ville comme personne".
Le chanteur Renaud, qui lui a écrit plusieurs titres, considérait qu'elle était la dernière représentante historique de la chanson française, connue notamment pour "La grande Zoa", "Azzurro", "Les p'tits papiers" ou encore "Patchouli Chinchilla".
Régina Zylbergerg est née le 26 décembre 1929 à Anderlecht (Belgique), de parents juifs polonais. A Aix-en-Provence, en 1941, elle échappe à la déportation grâce à des Français non juifs.
"+Les petits papiers+ de Gainsbourg ou +La grande Zoa+ de Frédéric Botton, mais aussi Barbara, Sagan, Renaud, Marc Lavoine ou encore Serge Lama, tous ont été inspirés par l'authenticité de cette petite juive cachée pendant la guerre et évitant de peu les rafles de Klaus Barbie", poursuit le communiqué de M. Palmade.
Elle a aussi fait du cinéma, figurant au générique d'une dizaine de films, comme "Jeu de massacres" d'Alain Jessua, "Robert et Robert" de Claude Lelouch ou "Les ripoux" de Claude Zidi.
Dans les années 60, après être passée par l'Olympia, elle chante au Carnegie Hall de New York, devenant - avec notamment Edith Piaf - une des rares Françaises à avoir conquis l'Amérique. Elle s'est également produite à Bobino.
"Ma plus grande joie serait qu'on écoute encore mes chansons dans cinquante ans", confiait-elle à l'AFP en 2020.
"Je suis très fière que certaines soient devenues des classiques de la variété. (...) Mon premier métier, c'était les discothèques. Longtemps, la chanson n'a été qu'un passe-temps. Aujourd'hui, je me rends compte que la scène a été le plus important dans ma vie", déclarait encore la chanteuse et femme d'affaires.
Infatigable, elle avait entamé en 2015, à l'âge de 85 ans, une tournée, sa première depuis 1969.
"La retraite ? Je ne suis absolument pas pressée ! J'ai un futur sympathique jusqu'au jour où je serai mangée par mon boa, comme dans ma chanson, et que la vie s'arrêtera!", assurait-elle à l'AFP.
S.Jones--TFWP