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Les géants des technologies, qui caracolaient sur des sommets pendant la pandémie, ont été rattrapés par l'inflation, les pénuries, la concurrence et les régulateurs, autant de défis qui vont marquer leur année 2022.
Google, Meta et Apple pour la Silicon Valley, Microsoft et Amazon, les voisins de Seattle, ont tous publié leurs résultats trimestriels cette semaine.
Leurs chiffres d'affaires de plusieurs dizaines de milliards de dollars restent impressionnants, et plus ou moins conformes aux attentes du marché.
Mais les pénuries alimentées par la crise sanitaire et la guerre en Ukraine, ainsi que la hausse des coûts, des matières premières à la main d’œuvre, pèsent sur leur croissance et leurs perspectives.
Amazon a ainsi déçu les investisseurs avec des prévisions de vente plus faibles qu'espérées pour le trimestre en cours : entre 116 et 121 milliards de dollars, au lieu des 125 milliards escomptés par le consensus d'analystes FactSet.
"Cela a été un trimestre difficile pour Amazon. Toutes ses activités essentielles vont dans la mauvaise direction", a commenté Andrew Lipsman de eMarketer.
"Je ne serais pas surpris si le groupe organisait un deuxième +Prime Day+ (opération de soldes annuelle, ndlr) en octobre cette année pour générer des recettes supplémentaires", a-t-il ajouté.
L'action du géant de la vente en ligne chutait d'environ 12% lors des échanges électroniques après la fermeture de la Bourse jeudi.
- L'éperon TikTok -
Apple a également vu sa croissance ralentir sur la période de janvier à mars, comme prévu.
Son chiffre d'affaires trimestriel a atteint 97,2 milliards de dollars, en hausse de 9% sur un an. C'est la première fois depuis l'été 2020 qu'Apple affiche une croissance à un seul chiffre.
Le groupe de Cupertino est parvenu jusqu'ici à limiter les problèmes d'approvisionnement qui touchent tout le secteur de l'électronique, en particulier dans l'industrie des semi-conducteurs.
Mais les perturbations engendrées par la résurgence de cas de coronavirus devraient le priver de 4 à 8 milliards de dollars de revenus pour le trimestre en cours, ont annoncé jeudi les dirigeants du groupe.
Pour Alphabet (Google, YouTube) et Meta (Facebook, Instagram), les deux leaders de la publicité en ligne, le contexte économique défavorable signifie que les annonceurs gèrent leur budget avec plus d'attention.
Et nombre d'entre eux sont attirés par l'étoile TikTok, l'application de vidéos courtes, musicales et amusantes, ultra populaire auprès des jeunes.
Les deux entreprises californiennes ont assuré que leurs formats de vidéos courtes, copiés à TikTok, progressaient bien en matière d'audience, et qu'ils travaillaient activement à leur monétisation.
Les "YouTube Shorts" génèrent désormais "plus de 30 milliards de vues quotidiennes, quatre fois plus qu'il y a un an", s'est félicité Sundar Pichai, le patron d'Alphabet.
"Notre transition vers les formats courts ne génère pas encore de revenus substantiels pour l'instant, mais nous sommes optimistes", a assuré Mark Zuckerberg, le fondateur de Meta. "Cela va prendre plusieurs années", a précisé Sheryl Sandberg, sa directrice des opérations.
- Nuage radieux -
On assiste possiblement à une "gueule de bois post-pandémie", d'après l'analyste Paul Verna de eMarketer. Les grandes sociétés technologiques "n'ont certes pas fait la fête, mais la crise sanitaire a énormément dopé leurs affaires", a-t-il expliqué. "Ce genre de croissance ne pouvait pas durer".
La maison mère de Google a réalisé un profit de 16,4 milliards de dollars au premier trimestre, 8% de moins qu'il y a un an.
Meta, de son côté, a publié un bénéfice net meilleur qu'attendu, 7,47 milliards de dollars, mais en baisse de 21% sur un an.
Le géant des réseaux sociaux qui avait plongé en Bourse en début d'année après avoir perdu pour la première fois des utilisateurs sur Facebook, en a légèrement gagné cette fois-ci.
Quelque 3,64 milliards de personnes dans le monde se servent d'au moins une des plateformes du groupe (Facebook, Instagram, Messenger, WhatsApp) tous les mois.
Un secteur d'activité résiste cependant aux contraintes actuelles, porté par les habitudes prises pendant la pandémie, du télétravail, au divertissement et au shopping en ligne: le cloud.
Les recettes d'Azure, la plateforme d'informatique à distance de Microsoft, ont ainsi bondi de 46% sur un an, comme au trimestre précédent.
AWS, le service d'Amazon, a généré 18,4 milliards de dollars de revenus au premier trimestre (+36% sur un an).
C'est le leader du secteur avec 33% des dépenses mondiales dans le cloud fin 2021, devant Microsoft (22%) et Google Cloud (9%), d'après le cabinet d'études Canalys.
A.Nunez--TFWP