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Johnny Depp a été accueilli chaleureusement parmi les mégastars comme Uma Thurman, Michael Douglas ou Catherine Deneuve qui ont fait l'ouverture du Festival de Cannes mardi soir, nonobstant les critiques des féministes sur la réhabilitation d'une personnalité contestée.
Costume foncé, catogan et lunettes de soleil, l'ancien "Pirate des Caraïbes", banni des plateaux de tournage américains depuis les procès qui l'ont opposé à son ex-épouse Amber Heard sur fond d'accusations de violences conjugales, a retrouvé les honneurs du monde du cinéma.
Loin des images du procès et de son grand déballage, ainsi que des accusations de violences qui n'ont pas été jugées sur le fond et qu'il nie, Depp a enchaîné selfies et autographes sur le tapis rouge, avant d'assister à la cérémonie d'ouverture pilotée par l'actrice Chiara Mastroianni, aux côtés de Maïwenn.
Interrogé sur le choix du film, le délégué général du Festival, Thierry Frémaux, a souligné s'intéresser à Depp "comme acteur", auquel rien n'interdisait de tourner, et dont la prestation est "extraordinaire". "Je n'ai qu'une seule conduite dans la vie, la liberté de penser, de parler, d'agir dans le cadre de la loi".
Il assure n'avoir pas suivi la saga judiciaire ultra-médiatisée qui a opposé Depp à son ex-épouse. Johnny Depp a finalement remporté le procès pour diffamation qui s'est tenu aux Etats-Unis, et l'actrice a subi un torrent d'attaques misogynes sur les réseaux sociaux.
- "Sentiment d'impunité" -
Questionnée par l'AFP sur sa décision d'embaucher Johnny Depp, Maïwenn a expliqué avoir tourné "l'été dernier, (alors qu'il) sortait de son deuxième procès. J'avais plein d'inquiétudes, je me disais: qu'est-ce que son image va devenir ?".
Plusieurs organisations féministes ont fait part de leur écoeurement mardi, Osez le Féminisme appelant même au boycott du Festival. "Le sentiment d’impunité qui ressort (du choix de ce film en ouverture) nous glace", ont dénoncé plusieurs collectifs comme 50/50, le Lab Femmes de cinéma ou 1.000 visages.
"Le Festival envoie le message que (...) la violence est acceptable dans les lieux de création", ajoutent-ils dans ce texte également signé par Swann Arlaud (à l'affiche de "Anatomie d'une chute" de Justine Triet, en compétition).
- Uma Thurman et Michael Douglas -
Leur incompréhension est plus générale, six ans après le début du mouvement #MeToo, et alors qu'un lent rééquilibrage entre les sexes semble à l'œuvre dans une industrie dominée depuis toujours par les hommes. Le Festival lui-même présente un jury paritaire (hors président) et, cette année, un nombre record de sept réalisatrices est en lice pour la Palme d'or, sur un total de 21 films en compétition.
Interrogée en conférence de presse sur la présence de Johnny Depp, l'actrice Brie Larson, membre du jury, a esquivé la question. Très engagée dans #MeToo, elle s'était fait remarquer en 2017 sur la scène des Oscars en refusant d'applaudir l'acteur Casey Affleck, accusé de harcèlement sexuel.
Ces questions, lancinantes dans le monde du cinéma, n'ont pas éclipsé l'ouverture du Festival, avec son traditionnel défilé de stars, moins fourni toutefois que l'an dernier, édition anniversaire.
Parmi elles: Helen Mirren, en total look bleu ciel, de la robe aux cheveux, l'actrice chinoise Gong Li, en noir avec une robe ras du cou, Madds Mikkelsen, qui joue dans le nouvel "Indiana Jones", événement du festival, ou encore Pierre Richard, qui a égayé le casting du film de Maïwenn avec son costume bleu marine marié à une large écharpe.
Le Festival a rendu hommage à un monument de Hollywood, l'acteur Michael Douglas, qui a reçu une Palme d'or d'honneur des mains d'Uma Thurman, qui a loué une "star éternelle et un artiste lumineux".
Cette 76e édition a ensuite été déclaré officiellement ouverte par Catherine Deneuve, aux côtés de sa fille Chiara Mastroianni, après qu'elle a déclamé un poème en soutien aux Ukrainiens.
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N.Patterson--TFWP