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Des dizaines de fidèles vêtus d'une toge et d'une coiffe violette portent en rythme sur leurs épaules un imposant coffre avec des représentations de Jésus ou de la Vierge. Dans les rues d'Antigua, ils avancent lentement sur des tapis multicolores de fleurs ou de sciure de bois parfumée.
Au Guatemala, comme dans le monde catholique, les processions de la Semaine sainte, qui va du dimanche de Carême au dimanche de Pâques, ont été célébrées avec une ferveur toute particulière depuis leur inscription en novembre au Patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l'Unesco.
"Pour nous, c'est un motif de grande joie de participer et c'est un jour très spécial", a déclaré à l'AFP l'avocat Roberto Matheu, alors qu'il met une dernière touche à un tapis de fleurs qu'il a confectionné en famille dans une rue du centre-ville.
Cet avocat de 45 ans explique qu'il fabrique depuis son enfance ces œuvres d'art éphémères qui sont détruites au passage de la procession.
Dans les rues d'Antigua, ville touristique à 40 km au sud-ouest de la capitale, la procession de Jésus de l'Humilité est l'occasion d'une reconstitution de la Passion du Christ (l’ensemble des événements qui ont précédé et accompagné la mort de Jésus de Nazareth), avec des fidèles habillés en soldats romains.
"Le Jésus de l'Humilité nous a toujours bénis (...) nous ne voulons pas perdre cette tradition qui nous identifie en tant que Guatémaltèques", explique à l'AFP José Pérez, 44 ans, cuisinier dans un restaurant d'Antigua.
Près des églises et dans les rues où avancent les processions, des échoppes et des vendeurs ambulants proposent de la nourriture et des friandises car c'est aussi l'occasion d'une fête populaire et culinaire.
Dans les familles, se cuisinent des plats typiques de l'époque coloniale, mets sucrés, légumes marinés ou poisson séché différemment accommodé.
- "Fusion des cultures" -
Les célébrations de la Semaine Sainte ont été apportées au Guatemala au XVIe siècle par les conquistadors espagnols, mais les indigènes mayas l'ont mélangée à leurs traditions et à leur vision du monde.
Le ministre de la Culture, Felipe Aguilar, souligne que les coutumes du Guatemala, sa musique, sa gastronomie et son art, sont le résultat d'une "fusion des cultures", expression d'un syncrétisme entre le catholicisme espagnol et les croyances ancestrales mayas.
Dans les villages mayas, les processions envahissent également les rues et des milliers d'indigènes vêtus de leurs costumes traditionnels se relaient pour porter les images des saints.
A San Andrés Sajcabaja (nord-ouest), une quinzaine de fidèles parcourent cinq kilomètres à genoux en hommage à la Passion du Christ.
Vêtus d'un simple pagne, couronne d'épines sur la tête, ils traversent ce village à genoux, sur un parcours de tapis de laine.
Les Mayas ont été l'une des principales civilisations préhispaniques en Amérique et leurs descendants représentent aujourd'hui 42% des 17 millions d'habitants du Guatemala.
T.Harrison--TFWP