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Nommé dans huit catégories, le film "Les Banshees d'Inisherin" a dominé lundi les nominations des Golden Globes, qui tentent de s'extraire des scandales de racisme, sexisme et de corruption ayant détruit leur prestige.
L'acteur principal de cette comédie irlandaise grinçante, Colin Farrell, et son réalisateur, Martin McDonagh, figurent dans la liste, tandis que le long-métrage va concourir pour le titre de meilleure comédie de l'année lors de la cérémonie le 10 janvier.
Avec six nominations, la comédie surréaliste "Everything Everywhere All At Once", où Michelle Yeoh campe une mère de famille lessivée par la paperasse et les tracas quotidiens, soudainement plongée dans des univers parallèles, sera un sérieux concurrent.
Le long-métrage "Babylon" sur l'âge d'or d'Hollywood et le très intime "The Fabelmans" de Steven Spielberg ont aussi récolté cinq nominations chacun.
Mais plus que les nominés, c'est l'attitude du gratin hollywoodien envers les Golden Globes qui va faire l'objet de toutes les attentions, pour cette 80e cérémonie. Car ces prix, qui ouvrent la saison des récompenses cinématographiques aux Etats-Unis et sont traditionnellement les plus suivis après les Oscars, ont perdu beaucoup de leur lustre à cause de multiples scandales.
- Boycott -
L'Association de la presse étrangère de Hollywood (HFPA), qui constitue leur jury, est dans la tourmente depuis des révélations début 2021 sur ses pratiques douteuses.
Face aux accusations de racisme, sexisme et corruption, le tout Hollywood a pris ses distances lors de la dernière cérémonie en janvier. Les Golden Globes avaient alors été décernés sans public ni télévision, et seulement annoncés sur Twitter.
Mais après des réformes soigneusement mises en avant, la HFPA espère sortir de l'ornière. Son partenaire historique, la chaîne NBC, a accepté de rediffuser la cérémonie 2023.
Reste à savoir si les stars nominées sont prêtes à adouber ce retour en grâce.
Nommé lundi pour son rôle de professeur obèse et reclus chez lui dans "The Whale", l'acteur Brendan Fraser, a prévenu par avance qu'il boycotterait la cérémonie.
"C'est à cause de l'histoire que j'ai avec eux. Et ma mère ne m'a pas élevé en hypocrite", a récemment déclaré au magazine GQ l'acteur, qui accuse l'ex-président de la HFPA de l'avoir agressé sexuellement en 2003.
L'ancien dirigeant en question, Philip Berk, qui rejette l'accusation, a été écarté de l'organisation pour avoir qualifié "Black Lives Matter" de "mouvement raciste haineux".
- Réformes -
Lundi, un autre protestataire, Tom Cruise, qui avait renvoyé ses trois Golden Globes, a lui été snobbé par la HFPA dans ses nominations, malgré sa performance incontournable dans "Top Gun: Maverick", qui a cartonné au box-office.
Le film a toutefois été nommé dans deux catégories, tout comme un autre blockbuster, "Avatar: la voie de l'eau". "Elvis", le biopic extravagant de Baz Luhrmann sur la vie du roi du rock'n'roll Elvis Presley, récolte lui trois nominations.
Face aux polémiques, l'organisation a notamment renouvelé ses membres, en incluant 103 nouveaux entrants.
Le jury des Golden Globes est désormais composé de 52% de femmes et de 51,5% de personnes issues de minorités ethniques. La HFPA a également interdit à ses membres d'accepter des cadeaux luxueux et des séjours tous frais payés à l'hôtel de la part des studios courtisant leur voix.
"Ce n'est vraiment plus l'ancienne HFPA", a assuré au Hollywood Reporter sa présidente Helen Hoehne.
"Je respecte la décision de Brendan Fraser. (...) Et personnellement, j'espère sincèrement qu'il y a un moyen pour nous d'avancer et de regagner la confiance de M. Fraser, ainsi que la confiance de l'ensemble de l'industrie audiovisuelle", a-t-elle ajouté.
Mais à Hollywood, certains restent sceptiques. En juillet, la HFPA, qui est une association à but non lucratif, a annoncé transmettre l'organisation des Golden Globes à une entreprise créée par le milliardaire américain Todd Boehly. Les termes de cet accord prévoient le versement d'un salaire annuel aux membres de la HFPA.
G.Dominguez--TFWP