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En délicatesse avec la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), Caroline Cayeux a démissionné lundi de son poste de ministre déléguée aux Collectivités territoriales, pour une déclaration de patrimoine jugée "sous-évaluée".
"Suite à ma déclaration de patrimoine, la Haute autorité pour la transparence de la vie publique m'a indiqué qu'elle l'estimait sous-évaluée", a-t-elle déclaré dans un communiqué.
Elle y affirme avoir "tenu compte de ses observations" et s'être "alignée" mais, "en dépit de cela, la Haute autorité pour la transparence de la vie publique persiste à mettre en doute ma sincérité".
L'ancienne maire de Beauvais, âgée de 74 ans, explique donc avoir décidé de démissionner "afin de ne pas gêner l'action du gouvernement".
L'Élysée avait annoncé auparavant avoir mis fin aux fonctions de Mme Cayeux "à sa demande", et précisé que ses attributions seraient reprises par sa collègue chargée de la Ruralité, Dominique Faure. Cette dernière passe du rang de secrétaire d'État à celui de ministre déléguée.
La HATVP, contactée par l'AFP, a indiqué qu'elle ne communiquerait pas dans l'immédiat, dans l'attente de la réunion de son collège mardi.
Ex-figure du RPR, de l'UMP puis de LR, cette représentante selon ses dires de la "droite sociale" avait fait l'objet d'une polémique dès son arrivée au gouvernement, en raison de propos datant de 2013. Elle avait alors qualifié le mariage pour tous et l'adoption pour les couples de même sexe, de "réforme de caprice et de dessein qui va contre la nature".
Interrogée sur cette déclaration, Mme Cayeux avait répondu en juillet dernier: "Je maintiens évidemment mes propos. Mais j'ai toujours dit que la loi, si elle était votée, je l'appliquerais". Puis avait ajouté: "Je dois vous dire quand même, j'ai beaucoup d'amis parmi ces gens-là. Franchement, c'est un mauvais procès qu'on me fait et ça m'a beaucoup contrariée".
L'utilisation du terme "ces gens-là", en référence aux couples de même sexe, avait provoqué un tollé. Mme Cayeux avait ensuite déclaré "regretter" des propos passés "stupides et maladroits".
- Soutien de Fillon -
Les oppositions n’ont pas tardé à ironiser sur ces nouveaux déboires du gouvernement.
"Rapide comme l’éclair ce passage au gouvernement! Décidément le fric et la Macronie, c’est une histoire sans fin…", a raillé le vice-président RN de l'Assemblée nationale, Sébastien Chenu.
"Caroline Cayeux démissionne. Non pas pour ses propos LGBT-phobes, qui ne dérangeaient pas Macron, mais suite à un désaccord avec la HATVP sur sa déclaration de patrimoine. Décidément, la Macronie est engluée dans les affaires d'argent, de conflit d'intérêt et d'opacité... ", a déploré le député LFI Bastien Lachaud, tout comme sa collègue Clémence Guetté, pour qui "on ne voit plus la fin des scandales macronistes".
"La vraie question est : qui n’a pas de démêlé avec la justice ou la HATVP dans ce gouvernement?", a tweeté pour sa part le patron du PS Olivier Faure.
Elle devait son portefeuille aux Collectivités à une bonne connaissance de leurs arcanes. A son arrivée au gouvernement en juillet 2022, elle était à la tête de l'Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT), un établissement public voulu par Emmanuel Macron pour assurer la coordination entre l'État et les collectivités territoriales.
Maire de Beauvais depuis 2001, elle présidait depuis 2014 "Villes de France", une association qui regroupe les localités de 20.000 à 100.000 habitants.
Politiquement, Mme Cayeux s'est affichée comme un soutien sans faille de François Fillon lors de la primaire de l'UMP en 2012, puis à la présidentielle de 2017. Elle ne l'a pas lâché, malgré les affaires.
C'est en 2018 qu'elle a claqué la porte des Républicains, en désaccord avec Laurent Wauquiez. Rupture partisane qui ne l'avait pas empêchée d'être réélue dès le premier tour des municipales en 2020 à Beauvais, sous l'étiquette divers droite mais soutenue par la République en Marche. Elle a été une active supportrice d'Emmanuel Macron à la présidentielle de 2022.
D'abord enseignante, puis responsable d'un organisme de formation professionnelle, cette licenciée d'anglais, titulaire d'un diplôme supérieur de droit international privé, est née à Paris le 1er novembre 1948.
T.Gilbert--TFWP