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Fédératrice et populaire, la reine Margrethe II, 82 ans et toujours tirée à quatre épingles, a subtilement modernisé l'image de la monarchie danoise lors de ses 50 ans de règne, célébrés en fanfare ce week-end.
Le 14 janvier 1972, à la mort de son père Frederik IX après un règne de 24 ans, elle est alors la première femme à monter sur le trône - Margrethe I ne fut que régente (1375-1412).
A l'époque, seuls 45% des Danois soutiennent encore la monarchie, les autres estimant que la plus ancienne maison royale européenne encore en place n'a pas sa place dans une démocratie moderne.
Aujourd'hui, la part des monarchistes est remontée bien au delà des trois quarts. Et la famille royale danoise compte parmi les plus populaires au monde.
La reine, dont le règne est le deuxième plus long dans l'histoire du royaume, est une institution semblant indéboulonnable.
Reine, Margrethe II aurait pu aussi ne jamais l'être car la Constitution danoise interdisait jusqu'en 1953 que la couronne arrive sur la tête d'une femme.
Au détriment de son oncle Knud et de son fils, la loi est alors changée par référendum, sous la pression des gouvernements danois soucieux de modernité.
Le fondement de sa popularité, c'est que "la reine n'est pas du tout politique, elle unit la nation au lieu de la diviser", explique à l'AFP l'historien Lars Hovebakke Sørensen.
"Elle a réussi à être une reine qui a unifié la nation danoise à travers beaucoup de changements: la mondialisation, l’avènement d'un état multiculturel, des crises économiques (...) et la pandémie de Covid-19", développe-t-il.
Prévues en janvier, les festivités de son jubilé avaient été repoussées à septembre à cause du Covid.
- Inamovible -
Dans un documentaire, Margrethe II a confié avoir appris de son père à s'ouvrir à l'amour de ses sujets. "Tu dois recevoir. Tu ne dois pas seulement faire un signe de la main", lui avait conseillé Frederik IX.
Veuve depuis 2018, la reine, affectueusement surnommée "Daisy" par son peuple, a contribué à moderniser progressivement la monarchie sans pour autant la trivialiser.
"Je resterai sur le trône jusqu'à ce que j'en tombe", a prévenu cette fumeuse invétérée, mère de deux fils dont l'aîné, Frederik, 54 ans, doit lui succéder.
Il n'existe aucune tradition d'abdication dans le pays scandinave de 5,8 millions d'habitants, mais la question ne se pose guère pour une reine en possession de ses moyens.
En mai, son chapeau impeccablement vissé sur la tête, elle avait pris les montagnes russes de Tivoli, le célèbre parc d'attractions de Copenhague.
- Artiste -
Créatrice de costumes et scénographe, la reine, née à Copenhague le 16 avril 1940, aime promener son sourire franc à travers le pays.
Chaque été, elle fait une croisière avec son yacht, le Dannebrog, avant de prendre ses quartiers d'été dans le sud-ouest de la France, au château de Cayx.
La souveraine l'avait acheté en 1975 avec feu son mari le prince Henrik, Henri de Montpezat, un diplomate noble né Français, originaire de la région.
Son érudition - elle a étudié à Cambridge et à la Sorbonne - et ses multiples talents font d'elle un exemple pour les Danois qui suivent religieusement ses interventions télévisées, notamment ses voeux de fin d'année.
Intellectuelle polyglotte, elle s'est essayé à la traduction en élaborant notamment en 1981, sous un pseudonyme et en collaboration avec son mari, une version danoise de l'ouvrage de Simone de Beauvoir "Tous les hommes sont mortels".
Mais c'est surtout dans le dessin et la peinture qu'elle se distingue. Margrethe a illustré de nombreux ouvrages littéraires, comme la réédition en 2002 du "Seigneur des anneaux", de J.R.R Tolkien.
Ses peintures ont été exposées dans de prestigieux musées et galeries - au Danemark et à l'étranger.
N.Patterson--TFWP