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Entrée à Downing Street, la Première ministre Liz Truss a nommé mardi un gouvernement de fidèles très à droite, marqué par une diversité inédite et chargé de sortir le Royaume-Uni de la "tempête" économique et sociale provoquée par l'envolée des prix de l'énergie.
Après une campagne menée sur la promesse de baisses d'impôts, la troisième femme cheffe de gouvernement britannique, après Margaret Thatcher (1979-1990) et Theresa May (2016-2019), entre en fonction en pleine urgence économique vue la chute historique du pouvoir d'achat provoquée par la hausse des factures d'énergie.
Pour la première fois, aucun des quatre principaux postes de l'exécutif - Premier ministre, Finances, l'Intérieur et Affaires étrangères - n'est ainsi occupé par un homme blanc. Il s'agit de personnalités la plupart très conservatrices, très loyales à Liz Truss, avec cependant le parcours classique des élites britanniques.
Ancien discret secrétaire d'Etat au Foreign Office, James Cleverly, 53 ans, dont la mère est originaire de Sierra Leone, devient chef de la diplomatie. Suella Braverman, ancienne avocate de 42 ans, hérite de l'Intérieur et du dossier des traversées illégales de la Manche.
Surtout, Kwasi Kwarteng, fils d'immigrés du Ghana de 47 ans, est promu au poste de ministre des Finances, en première ligne face à une inflation qui dépasse 10%, la plus élevée des pays du G7, et menace de s'aggraver et de plonger le pays dans sa plus longue récession depuis la crise financière de 2008.
Le premier conseil des ministres se réunira mercredi matin avant que la nouvelle dirigeante n'affronte pour la première fois la chef de l'opposition Keir Starmer au Parlement.
- Des mesures "cette semaine" -
"Nous ne devons pas être intimidés par les défis auxquels nous sommes confrontés", a souligné Liz Truss devant des dizaines de députés réunis devant sa résidence de Downing Street, qui avaient dû s'abriter d'une pluie battante quelques minutes avant son arrivée. "Aussi forte que soit la tempête, je sais que le peuple britannique est plus fort. (...) Je suis convaincue qu'ensemble, nous pouvons surmonter la tempête et reconstruire notre économie."
Elle a réitéré ses promesses d'un "plan audacieux" de baisses d'impôts et d'agir "cette semaine" pour aider les ménages étranglés par les factures d'énergie. Selon les médias britanniques elle doit annoncer jeudi un plan de plusieurs dizaines de milliards de livres pour geler les prix de l'électricité et du gaz, censés augmenter de 80% en octobre.
Celle qui était jusqu'à présent cheffe de la diplomatie, au ton volontiers belliqueux contre la Russie ou la Chine, a dit vouloir "défendre la liberté et démocratie partout dans le monde, avec (les) alliés" du Royaume-Uni.
Liz Truss aura fort à faire pour rassembler un parti conservateur divisé, au pouvoir depuis douze ans, et désormais largement distancé par les travaillistes dans les sondages à deux ans de la date prévue des prochaines élections législatives.
Au lendemain de son élection à la tête du parti conservateur, majoritaire, Liz Truss, élue par 57% des quelque 142.000 membres votants du parti conservateur, contre 43% à son rival Rishi Sunak, a été reçue au château écossais de Balmoral par la reine Elizabeth II qui avait choisi ce cadre inhabituel pour éviter de rentrer à Londres étant donné ses difficultés à se déplacer.
- Johnson promet son soutien -
Les images de l'audience montrent la reine avec une canne, portant jupe en tartan et cardigan, serrant la main de celle qui est devenue le 15e Premier ministre de ses 70 ans de règne.
Deux mois après l'annonce de son départ, Boris Johnson l'avait précédée à Balmoral pour présenter sa démission, que la reine a "gracieusement acceptée".
Dans un bref discours devant Downing Street au petit matin, Boris Johnson a salué son propre bilan devant une foule de soutiens et de collaborateurs. Il s'est comparé à une "fusée ayant accompli sa mission" et rentrant dans l'atmosphère. "J'offrirai à ce gouvernement mon soutien le plus fervent", a-t-il assuré.
Exit le héros du Brexit: après trois ans et 44 jours, à peine plus que Theresa May qu'il avait remplacée en 2019, Boris Johnson a quitté ce qu'il avait qualifié de "meilleur job au monde", après une série de scandales ayant déclenché des dizaines de démissions dans son entourage proche début juillet.
T.Mason--TFWP